
Avec de la main-d'oeuvre disponible et 280 ha, les associés du Gaec de Tremelin ont investi dans du matériel. Ils cherchent ainsi à réduire les coûts des services extérieurs
LE GAEC DE TREMELIN S'EST CONSTRUIT EN PLUSIEURS ÉTAPES avec une accélération ces trois dernières années. Au départ, Philippe Cadoret s'est installé avec ses parents. Le Gaec a été créé avec sa mère et son épouse Jacqueline en 1995. Il produisait alors 523 000 l de lait sur 110 ha. Yannick Le Jossec a remplacé la mère qui a pris sa retraite en 2004. Depuis trois ans, Dominique Pedronno, Clovis Morvan et Rebecca Capdeville les ont rejoints, apportant chacun du quota, de la surface et des bâtiments. Aujourd'hui, le Gaec produit 1 450 000 l de lait et 2 600 m2 de dindes sur 280 ha.
« ON A FAIT UN MAXIMUM D'AUTOCONSTRUCTION »
Le bâtiment existant était conçu pour abriter à la fois les animaux, les fourrages et les céréales. Il a été aménagé afin d'accueillir 120 vaches.
« La présence d'un bâtiment de grande surface est un avantage. On a fait un maximum d'autoconstruction et on a pu ainsi développer l'élevage à moindre coût », précise Philippe. Aucun bâtiment neuf n'a été nécessaire pour gérer l'agrandissement.
L'exploitation dispose de deux sites principaux. Le deuxième a été mis aux normes en 1999 et n'a pas eu besoin de subir de gros travaux depuis.
L'organisation du travail représente un point clé pour réussir dans une exploitation de ce type. Chacun doit trouver sa place, en fonction de ses aspirations et de ses compétences. Et le volume de travail doit être suffisant pour dégager six revenus. « En conservant deux sites de production, on valorise les bâtiments existants, et on évite de se retrouver les uns sur les autres », précise Philippe.
Les associés ont donc renoncé à regrouper l'ensemble des vaches. Cette option offre aussi l'avantage de ne pas exiger d'autorisation d'exploiter supplémentaire.
Le site principal accueille 120 vaches et un poulailler.
Deux binômes y travaillent et chacun assure la permanence un week-end sur deux. L'autre site, distant de 9 km, héberge un autre poulailler, 40 vaches en production et les taries.
Deux associés y travaillent. L'un d'entre eux s'occupe aussi des génisses logées sur un troisième site situé entre les deux
Dans la répartition des tâches, Philippe est responsable de l'organisation du travail. Et cela prend du temps. « Il faut sans cesse gérer les priorités, et ce n'est pas simple. » Les associés se retrouvent systématiquement chaque matin pour le café.
Chacun a son domaine de responsabilité mais tous peuvent assurer les travaux d'astreinte. L'organisation est calée pour que chacun dispose d'un weekend disponible sur deux, mais aussi avec le souci de valoriser au mieux la main-d'oeuvre.
« On a du temps pour faire les travaux des champs. Il ne serait pas rentable de payer quelqu'un pour ça. » L'exploitation a donc acheté l'ensemble du matériel nécessaire aux cultures, y compris pour les récoltes. Chaque investissement a été réfléchi sur la base d'un calcul de rentabilité. Certains engins ont été achetés d'occasion. Tous sont soigneusement entretenus par les associés. Utilisés sur une surface relativement réduite par rapport à ce que fait une ETA, ils nécessitent moins de réparations.
« ON RÉCOLTE LES FOURRAGES AU MEILLEUR STADE »
Cette stratégie a bien évidemment un coût. Mais elle se justifie pour valoriser la main-d'oeuvre. Et puis, les associés ont l'assurance que les travaux seront faits au bon moment. Philippe prend l'exemple de la luzerne, qu'il a testée cette année pour complémenter la ration des vaches en hiver et réduire les achats de soja. « On a pu la récolter au stade optimal, ce qui est indispensable pour la qualité alimentaire. On n'y arrive plus difficilement quand on n'a pas son propre matériel. »
De la même manière, l'herbe est gérée de façon à la valoriser au mieux. Les vaches sont conduites en lots, selon leur stade de lactation. Durant les trois premiers mois, elles sont alimentées à l'auge. Et les éleveurs leur apportent de l'herbe fauchée au printemps.
Aujourd'hui, Philippe réfléchit à d'autres opportunités de réduction des coûts, toujours dans une optique d'amélioration de la productivité du travail. Il s'agit de mieux résister à la volatilité du prix du lait. « Nos frais d'élevage sont élevés, et je pense pouvoir gagner là-dessus », explique-t-il. Il envisage d'arrêter le Contrôle laitier. La salle de traite est équipée de compteurs à lait qui fournissent des informations quotidiennes. Il manque le suivi des cellules pour lequel Lacteus offre un service compétitif. « En matière de nutrition, le contrôle laitier ne nous apporte plus grand-chose. »
Autre piste étudiée, l'insémination. Au moins deux des associés vont suivre une formation en septembre pour apprendre à inséminer. La bonbonne de paillettes est déjà là. « Notre organisation se cale de mieux en mieux avec le temps. Et de nouvelles pistes se dégagent progressivement. On ne veut pas aller trop vite. » Philippe regrette de ne pas avoir d'autre stratégie que celle de la maîtrise des coûts. Il voudrait se préparer à l'après-quotas. « Je suis allé en Allemagne en juin. Ils se préparent à produire davantage et ils sont accompagnés par l'État. Ici, on est bloqué, on ne sait pas où on va. »
PASCALE LE CANN
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole