UN DOCUMENT POUR PRÉVENIR LES RISQUES D'ACCIDENTS ET MALADIES

Nicolas Jagut, du service prévention de la MSA des Portes de Bretagne : « Le document unique est un moyen d'améliorer les conditions de travail et d'anticiper l'usure professionnelle. »
Nicolas Jagut, du service prévention de la MSA des Portes de Bretagne : « Le document unique est un moyen d'améliorer les conditions de travail et d'anticiper l'usure professionnelle. » (©)

Encore peu présent sur les exploitations laitières, le document unique d'évaluation des risques professionnels est pourtant obligatoire dans bien des situations.

EN 2012, LES CHEFS D'EXPLOITATION ONT ÉTÉ VICTIMES DE 23 342 ACCIDENTS DU TRAVAIL (hors accidents de trajet) et 2 421 maladies professionnelles, les salariés agricoles de 65 342 accidents et 5 579 maladies professionnelles. Une étude de la MSA de décembre 2012 souligne que 46 % des accidents des chefs d'exploitation surviennent en élevage bovin, dont 23 % en élevage laitier.

Au moment de l'accident, les victimes exerçaient principalement des activités en rapport avec la manipulation, la contention ou les soins aux animaux. La deuxième cause est liée à l'utilisation de machines, outils et véhicules. Les maladies professionnelles les plus fréquemment reconnues dans ce secteur sont les affections périarticulaires dues à des gestes et postures (75 %), et notamment les troubles musculo-squelettiques (TMS) des poignets, épaules et coudes. On trouve aussi des affections du rachis lombaire dues aux vibrations (7 %) et à la manipulation de charges lourdes (6 %). Alors, comment prévenir ces risques ? En réalisant un document unique d'évaluation des risques professionnels encore appelé DUER.

La réglementation impose aux employeurs de réaliser ce document. Son objectif est de recenser tous les risques présents dans l'exploitation, d'évaluer leur gravité et d'identifier les moyens de prévention existants et ceux à mettre en oeuvre. L'idée est d'assurer la sécurité et la santé au travail des salariés et, par la même occasion, des chefs d'exploitation. Ce document est obligatoire depuis 2001 (décret du 5 novembre 2001).

L'obligation s'applique à tous les employeurs qui font appel à de la main-d'oeuvre, qu'elle soit permanente ou saisonnière : salarié, apprenti, salarié de remplacement, aide familial ou encore stagiaire.

Le document unique doit être mis à la disposition des salariés, de l'inspection du travail, et de la médecine du travail. Comme il doit être accessible, il est conseillé de le mettre dans le bureau de l'exploitation ou d'indiquer sur une affichette dans la laiterie où il est possible de le consulter.

Comment réaliser son document unique ? Pas facile pour les agriculteurs de savoir par quel bout prendre les choses. En Ille-et-Vilaine, à la demande des chefs d'exploitation, la MSA des Portes de Bretagne, avec l'aide de l'inspection du travail, a réalisé un guide d'aide à l'évaluation des risques. « Nous avons élaboré une méthode en cinq points afin d'aider les agriculteurs à réaliser ce document », explique Nicolas Jagut, du service prévention de la MSA des Portes de Bretagne.

1 IDENTIFIER LES ACTIVITÉS ET LES TÂCHES À RÉALISER

Traite, alimentation, soins aux animaux, travaux de préparation du sol, de semis, de récolte, ensilage, maintenance du matériel, traitements phytosanitaires… Pour chaque catégorie : énumérer les tâches à réaliser : quoi ? Avec quoi ? (matériels, produits…) Comment ? Qui réalise ces tâches ? Dans quelles conditions ?

2 DÉTERMINER LES RISQUES AUXQUELS ON S'EXPOSE

Chutes, coups de pieds, TMS. C'est le moment de faire un point sur les accidents déjà arrivés sur l'exploitation, de repenser aux situations dangereuses, où « on l'a échappé belle ».

3 MESURER L'IMPORTANCE DU RISQUE

Le législateur demande de classer les risques selon leur gravité et leur fréquence. Il faut se poser les bonnes questions : Est-ce que cela risque d'arriver souvent ? Donner un degré de gravité sur une échelle de 1 à 3, du dommage corporel au décès. Qu'en pensent les personnes concernées ?

4 LISTER LES ACTIONS DEJÀ MISES EN APPLICATION

Décrochage automatique des griffes en salle de traite pour limiter les TMS, installation d'un lactoduc pour diminuer le port de charge… Souvent, des mesures sont déjà prises sur les exploitations. Il est important de faire un état des lieux.

5 ÉTABLIR UN PLAN D'ACTION

Lister des nouvelles mesures à mettre en application si celles déjà en vigueur ne sont pas suffisantes pour éviter l'accident.

Des tableaux avec des exemples de risques selon les tâches effectuées, par secteur d'activité, sont disponibles sur le site internet de la Mutualité sociale agricole. Il s'agit ensuite de les personnaliser pour être au plus proche des réalités de son exploitation. Les MSA proposent des formations ou du conseil personnalisé.

Pour de nombreux agriculteurs, le document unique est perçu comme une contrainte administrative supplémentaire. « Il faut plutôt le voir comme un moyen d'améliorer les conditions de travail et d'anticiper l'usure professionnelle », affirme Nicolas Jagut.

ISABELLE LEJAS

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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