
Grâce à des lactations longues, Damien Lartillier met à profit la génétique de son troupeau. Chaque vache produit en moyenne 11,48 kg de lait par jour de vie(1).
DES LACTATIONS LONGUES SONT SOUVENT LA CONSÉQUENCE de problèmes de reproduction. C'était le cas au lycée agricole de Sainte-Maure quand Damien Lartillier est devenu responsable de l'atelier lait en 2012. « Nous avions de gros problèmes d'alimentation qui engendraient de nombreux problèmes de délivrance, acidoses, métrites et kystes folliculaires, se souvient-il. 10 à 15 % des vaches ne remplissaient pas et nous devions énormément réformer.L'intervalle vêlage-vêlage montait à 450 jours, mais avec certaines vaches ne produisant plus que 15 litres de lait. La moyenne du troupeau se situait autour de 8 000 litres de lait par vache. Avant, il nous fallait 30 vaches de plus pour produire le volume de lait actuel. »
Depuis que l'alimentation a été intégralement revue, le potentiel laitier s'exprime.
« Nous avons gagné 3 000 litres par vache avec le même troupeau, s'enthousiasme Damien. La moyenne de l'étable est désormais de 10 298 litres bruts. Si je devais inséminer 3 mois après vêlage, je devrais tarir des vaches produisant encore 35 litres. » Les lactations longues sont maintenant devenues un moyen de mettre à profit ce potentiel génétique de production laitière. « J'applique un raisonnement à la vache : tant que le TP ne remonte pas et qu'il n'est pas au-dessus de 28, je reporte la mise à la reproduction, détaille Damien. En parallèle, je multiplie le pic de lactation en kilo par 2,5 pour connaître l'intervalle vêlage-première insémination. De plus, 90 % des inséminations sont réalisées après une chaleur de référence. En tant qu'ancien inséminateur, je suis regardant sur la régularité des cycles. Il faut qu'ils soient de moins de 22 jours - sauf s'il s'agit d'une génisse - sinon cela ne remplira pas. J'évite aussi les inséminations pendant les périodes de mise à l'herbe ou de sécheresse, comme l'été dernier. Pourtant, avec la prime sur le lait de mai à octobre de 20 €/1 000 litres, il aurait été bénéfique de plus inséminer à cette saison. À terme, je voudrais éviter de faire vêler en décembre et janvier pour le bien des veaux et aussi pour réaliser un vide sanitaire dans la nurserie. »
« IL VAUT MIEUX TROP GRASSE QUE TROP MAIGRE »
Sur le terrain, la mise à la reproduction a lieu en moyenne à 123 jours pour une IA fécondante à 138 jours. Au final, l'intervalle vêlage-vêlage moyen est de 450 jours (quinze mois). « Certaines ne sont mises à la reproduction qu'au bout de six mois mais c'est le maximum avant que je m'affole. »
A contrario, d'autres vaches sont mises à la reproduction à 60 jours. « Mais souvent, c'est trop tôt », signale Damien. Les taux de réussite à l'IA se sont nettement améliorés avec 54 % de première insémination fécondante (contre 45 % en 2012) et 1,9 insémination par insémination fécondante (contre 2,3 en 2012).
La prise d'état trop importante est l'un des principaux risques à l'allongement des lactations. « Si une vache est en état mais qu'elle n'a pas été vue en chaleur, je la fouille, fait observer Damien Lartillier. Je tarie parfois des bêtes trop en état mais c'est plus facile à gérer que des vaches trop maigres. » La distribution de concentré de production aux robots de traite participe également au non-engraissement des vaches.
« Le principal avantage d'avoir mis en place des lactations longues est la mise à profit du potentiel laitier du troupeau, souligne Damien. Je connaissais la génétique du troupeau pour l'avoir inséminé pendant des années. Je savais ce qu'on pouvait en attendre. Par exemple, Danseuse, l'une de nos meilleures vaches, a vêlé il y a seize mois. Aujourd'hui, elle produit encore 36 kg. À 482 jours de lactation, elle a produit 21 000 kg de lait. Elle n'a été inséminée que le mois dernier. Si elle devait descendre à 20 kg quatre mois avant vêlage, je la tarirai. » Les pics de lactation se situent en moyenne à 50,8 kg pour les multipares et 35,2 kg pour les primipares. « J'ai constaté des courbes de lactation plus régulières, les pics sont un peu écrêtés, même si certains montent jusqu'à 82 kg sur une journée. »
Pour Damien, la préparation au vêlage est aussi l'une des explications à cette haute production laitière.
« LAISSER LES VACHES SE REPOSER »
« Avec une bonne préparation au vêlage, la lactation décolle tout de suite. Je fais un tarissement de minimum deux mois, en dessous, je ne maîtrise pas. En même temps, des vaches qui ont fait plus de 15 000 litres de lait ont le droit de se reposer deux mois ! » Les génisses pleines rejoignent les taries deux mois en hiver et un mois en été. « J'ai l'impression que plus elles restent avec elles et plus la lactation est bonne derrière », constate Damien.
« Grâce aux lactations longues, sur la carrière d'une vache, nous évitons un tarissement, précise-t-il. Il y a donc plus de lait par jour de vie et aussi moins de début de lactation, période sensible notamment au niveau métabolique. Mais il faut être plus technique. Si les lactations étaient plus courtes, il faudrait que je réduise la durée de tarissement et j'ai peur que les vaches vieillissent moins bien. » Le moindre nombre de veaux est compensé par le lait produit. Pour assurer le renouvellement des femelles, toutes les vêles sont élevées. « Si je dois vendre des animaux, c'est après un premier vêlage, explique Damien. Les taureaux choisis pour les inséminations viennent pour les trois quarts des USA et un quart du Canada car je recherche des grosses capacités d'ingestion. En plus, je vends plus facilement mes femelles quand elles sont pleines de ces taureaux. » Dans la pratique, l'élevage donne naissance à suffisamment de femelles pour assurer le renouvellement. En effet, l'été dernier, 25 femelles ont été vendues. Désormais, via le choix des taureaux d'insémination, Damien souhaite améliorer les taux de troupeau (30,1 de TP et 34,6 de TB). « Cela reflète les priorités de l'exploitation dans le passé. »
ÉMILIE AUVRAY
(1) Contre 10,9 en moyenne pour le groupe robot du secteur.
Toutes les femelles sont élevées et vêlent sur l'exploitation pour assurer le renouvellement.
L'augmentation du nombre moyen de vaches à traire quotidiennement est absorbée par l'une des deux stalles de traite dans lesquelles chaque vache passe au minimum 2,6 fois par jour.
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