SUSPECTER LA FIÈVRE Q EN CAS D'AVORTEMENTS TARDIFS

LE 6 MAI 2011, M. D., ÉLEVEUR DANS LA SOMME, découvre que la vache 3 487, gestante de sept mois et demi, a avorté. À la mi-avril, la vache 3 645 l'avait également surpris en vêlant prématurément à huit mois et demi. Ces avortements, sans être alarmants, sont suffisamment inquiétants pour qu'il demande l'intervention de son vétérinaire afin d'entreprendre des recherches sur leur origine. L'éleveur précise que la réussite à l'insémination s'est dégradée depuis quelques semaines. De plus, l'inséminateur lui a signalé la présence de flammèches purulentes au retrait du pistolet sur deux vaches qu'il croyait saines. Le GDS propose un protocole de recherches « avortement » qui consiste à effectuer des sérologies BVD, néosporose, brucellose et fièvre Q. Les analyses sont effectuées sur les deux vaches concernées.

Il faut savoir que la plupart des avortements BVD ont lieu avant six mois de gestation. Les avortements consécutifs à la néosporose ont lieu entre quatre et sept mois. La fièvre Q, une maladie bactérienne due à Coxiella burnettei, provoque des avortements tardifs, voire des vêlages prématurés. Ici, les résultats des analyses sérologiques indiquent une forte positivité à la fièvre Q sur la vache 3 645 et une positivité moyenne sur la vache 3 487. Toutes les autres recherches se sont révélées négatives.

DES TROUBLES GRAVES CHEZ L'HOMME

La clinique et les analyses sérologiques sont des éléments qui permettent d'avoir une forte suspicion de la fièvre Q, mais pas suffisants pour poser un diagnostic formel. Seule la mise en évidence de coxielles dans le placenta ou dans l'avorton apportera cette certitude. Sur l'avortement suivant, qui n'a pas tardé à survenir, la présence de la bactérie a été confirmée par une analyse PCR réalisée sur le placenta.

En élevage bovin, la fièvre Q est surtout une maladie de la reproduction avec des avortements tardifs, des métrites et des vaches infertiles. Mais elle constitue une zoonose à l'origine de troubles qui peuvent être très graves chez l'homme : syndrome grippal qui peut se transformer en pneumonie, endocardite et avortement suivi de stérilité chez la femme enceinte.

La vache contaminée excrète des coxielles dans le placenta au moment du vêlage et des lochies, lors de l'oestrus, dans les sécrétions vaginales, et dans le lait pendant toute sa lactation. Ainsi, la contamination peut avoir lieu par contact, ce qui expose l'éleveur lors de manipulations obstétricales sur une vache contaminée. Mais elle est le plus souvent aérienne, ce qui soumet tout l'environnement de l'élevage contaminé et elle sera particulièrement importante lors du curage de la litière. Ce mode de contamination explique pourquoi les élevages concernés sont souvent regroupés dans une même zone géographique.

DES MESURES D'HYGIÈNE ET MÉDICALES

En premier lieu, lors d'avortements, l'éleveur fera enlever les avortons et les enveloppes par l'équarrissage. Les placentas de toutes les vaches seront retirés de la litière. Le fumier ne sera pas entreposé près de zones habitées ni manipulé lors de vent fort. Une vaccination de toutes les reproductrices avant la mise à la reproduction est préconisée. En effet, si comme toute vaccination, elle ne permet pas la guérison des vaches contaminées, elle contribue à protéger les animaux encore sains de l'élevage et à réduire fortement l'excrétion de la bactérie par les malades.