
La simple perfusion de calcium ne suffit plus pour relever une vache frappée de décubitus. Le fait est que les causes peuvent être multiples.
RICHE D'ENSEIGNEMENT, CE CAS CLINIQUE TOUT RÉCENT AUQUEL J'AI ÉTÉ CONFRONTÉE… À huit jours d'intervalle, un client m'appelle pour deux vaches laitières couchées présentant des mammites. La première, prête à être tarie, présente une grosse mammite avec une fièvre modérée. L'inflammation mammaire de la seconde, vêlée il y a juste trois mois, apparaît moins grave à l'examen clinique (quartier non induré et apparence du lait peu modifié). Mais l'état de la vache est très préoccupant. Elle est en hypothermie (37,8°C) et réagit peu aux stimulations. Le prélèvement de lait effectué révélera la présence d'un colibacille. J'ai l'explication du pourquoi de la gravité de son état clinique : les méfaits des toxines fabriquées par cette bactérie.
Le traitement tenté pour relever les vaches (perfusion de calcium avec plusieurs litres de NaCl, et fluidothérapie avec plus de 10 l de chlorure de sodium et du Ringer Lactate) reste vain. Les deux animaux sont en hyperglycémie avec un pH urinaire acide de, respectivement, 6,5 et 7,7.
C'est grâce à la pince à relever que la première se remet sur ses quatre pattes, restant debout et réussissant à se relever seule pendant plusieurs jours. Mais elle reste cependant chancelante et retombe sur le caillebotis… pour ne plus se relever malgré de nombreux soins. Sur le conseil du laboratoire NBVC, des hormones thyroïdiennes (12 mg) sont administrés dès le premier jour à la seconde vache couchée ainsi que du sélénium, en plus du traitement traditionnel des mammites toxinogènes (fluidothérapie, fluidixine, enrofloxacine.). Elle se relèvera le lendemain et recommencera à produire du lait de façon progressive quelques jours plus tard après avoir reçu un traitement complémentaire par de l'iode.
DES ORIGINES MÉCANIQUES, INFECTIEUSES OU MÉTABOLIQUES
Ce cas clinique pointe du doigt une réalité devenue fréquente : dans les élevages laitiers à haut niveau de production, les « vaches couchées » sont de plus en plus difficiles à relever et la simple perfusion de calcium ne suffit plus. Un examen clinique approfondi est devenu nécessaire pour orienter les causes de décubitus qui sont multiples. Elles peuvent être d'origine infectieuse (mammites ou métrites aiguës) et à elles seules provoquer le décubitus. Mais elles peuvent également se compliquer de causes métaboliques. Il devient alors plus difficile de sauver ces vaches. Les causes mécaniques (fractures, rupture du ligament rond…) sont fatales pour la vache, mais il n'est pas toujours facile de les détecter sur un animal couché. C'est pourquoi un examen clinique sur la vache relevée par une pince est nécessaire.
Si plusieurs animaux souffrent des mêmes symptômes dans une exploitation, il est impératif de mettre en place des moyens de prévention, même s'ils se soignent facilement, par exemple à la suite de fièvres de lait classiques. Ainsi, celles-ci peuvent être résolues en adaptant la ration des vaches taries, des carences traitées…
LA PRÉVENTION AVANT TOUT
Pour le cas décrit ci-dessus, les mammites toxinogènes sont souvent le fruit de bactéries se développant dans l'environnement (colibacilles, pseudomonas…) et on observe un pic de ces mammites quand la litière s'échauffe de trop ou quand on vient de curer. Il faut bien sûr éviter que les vaches se couchent quand le sphincter du trayon n'est pas refermé, c'est-à-dire dans l'heure qui suit la traite. Des produits de trempage « barrière » peuvent également aider… Si le nombre de mammites à colibacilles est trop important dans une exploitation, il est aussi possible d'envisager une vaccination.
Un décubitus prolongé entraîne des lésions musculaires. Plus une vache est couchée longtemps, moins elle a de chance de se relever, même si elle est guérie de la cause primaire du décubitus. Il est aussi essentiel de ne pas la laisser toujours couchée sur le même côté. © CLAUDIUS THIRIET
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