CORPS ÉTRANGERS : ATTENTION DANGER

UNE VACHE À L'AUGE N'EST MALHEUREUSEMENT PAS UNE CHÈVRE : elle ne trie pas les éventuels corps étrangers qui, accidentellement, se retrouvent au milieu de sa ration. Ce comportement peut lui être fatal. Notamment s'il s'agit d'un clou, de plusieurs morceaux de fils de fer ou de trames métalliques de pneus, comme on en retrouve parfois à la sortie de la mélangeuse si l'aimant en place n'est pas assez ou plus efficace.

Témoin, les observations du service d'autopsie (à la disposition des vétérinaires et des éleveurs) du Centre d'application de l'école nationale vétérinaire à Champignelles (Yonne) : sur dix vaches autopsiées, sept présentent des lésions de réticulo-péritonite traumatique (RPT) consécutives à un corps étranger perforant. Cinq d'entre elles sont mortes.

DES CONSÉQUENCES PLUS OU MOINS GRAVES SELON LES CAS

Une fois ingéré, le corps étranger tombe dans le réseau situé devant le rumen, premier réservoir. Pendant la rumination, cet organe se contracte complètement jusqu'à ce que ses parois opposées se touchent. C'est alors qu'un corps étranger traumatisant peut percer sa paroi. Les symptômes sont différents selon l'orientation du corps étranger. Ce dernier peut simplement traverser le réseau et rester dans le péritoine en y déposant des bactéries. Une péritonite crâniale, avec un abcès en avant du réseau et des adhérences, se met alors en place. Conséquence pour l'animal : un peu de fièvre, une perte d'appétit et une chute de production. Un traitement à base d'antibiotique et d'anti inflammatoire peut stabiliser la situation. Quelquefois, une chirurgie est nécessaire.

Si le corps étranger pique le foie, on a alors des abcès hépatiques qui peuvent évoluer vers un abcès dans la veine cave caudale (veine qui va du foie au coeur). Le jour où cet abcès part dans la circulation sanguine, il peut entraîner des soucis cardiaques, voire une embolie pulmonaire avec une vache qui se met à saigner du nez de façon importante. Elle est alors condamnée et mieux vaut l'envoyer rapidement à l'abattoir plutôt que de tenter un traitement.

Si le corps étranger traverse le diaphragme et se pique dans le poumon, la vache présentera des signes de pneumonie associée à une pleurésie.

S'il se pique dans le péricarde (enveloppe qui entoure le coeur) ou dans le coeur, la vache souffrira d'une péricardite et d'une insuffisance cardiaque. Elle va alors dépérir et ses veines jugulaires seront visibles sans compression. Inutile de la faire abattre car elle sera saisie.

Les chances de survie à la suite d'une réticulo-péritonite traumatique sont fonction de l'organe touché, de la quantité de bactéries véhiculées par le corps étranger et du stade physiologique de la vache. Très souvent, les symptômes apparaissent autour du vêlage en raison de l'importance du poids et du volume du veau.

UN AIMANT PUISSANT, UNE PRÉVENTION… NON GARANTIE

La meilleure prévention des réticulo-péritonites traumatiques est d'éviter la présence de corps étrangers à l'auge. Les plus fréquemment rencontrés en autopsie sont métalliques et la mise en place d'aimants puissants sur les mélangeuses et distributrices est la meilleure prévention. Mais ce n'est pas une garantie absolue : un grand nombre de vaches autopsiées pour réticulo-péritonite traumatique ont ingéré des aimants !