
Les pneus usagés sont la première source de corps étrangers, dont l'ingestion par les bovins peut être fatale.
AU DÉTOUR D'UNE CONVERSATION DANS UN ÉLEVAGE, le client aborde le cas d'une vache, une holstein vêlée depuis quatre mois environ, non gestante, qui semble aller parfaitement bien si ce n'est sa production laitière qui diminue progressivement et n'est plus à la hauteur de son potentiel. L'animal est jeune (deuxième veau), son appétit est bon et l'éleveur la voit régulièrement ruminer mais le pis n'est pas rempli. Un petit examen clinique s'impose donc. La température rectale est normale, ainsi que les auscultations cardiaque, pulmonaire et digestive. L'aspect des bouses est correct et la palpation transrectale ne révèle pas d'anomalie. L'analyse d'urine est elle aussi dans les normes et les corps cétoniques sanguins sont à 0,4 mml/l (norme 1).
D'ABORD UNE BAISSE DE L'INGESTION ET DE LA RUMINATION
En résumé, cette vache semble être, à ce stade, en bonne santé. Aurait-elle un petit « coup de mou » en cette fin d'hiver ?
Une cure de propylène glycol et d'hépato-protecteurs est prescrite et un aimant est administré car dans ce cheptel, cette précaution n'est pas systématique. Quinze jours plus tard, l'éleveur appelle pour une autre vache du troupeau et j'en profite pour demander des nouvelles de notre patiente. Son état s'est dégradé : elle mange moins et rumine moins souvent. Malgré l'absence de fièvre constatée lors de ce nouvel examen, je commence à suspecter qu'un corps étranger se cache derrière ce tableau clinique préoccupant. Une antibiothérapie est donc mise en place. Une semaine plus tard, l'état de la vache n'est pas encourageant : elle a beaucoup maigri, ne mange plus du tout et présente depuis deux jours un flanc gauche bien tendu qui révèle la présence de gaz à l'auscultation (météorisation due à la fermentation des aliments dans la panse du fait d'un transit ralenti). Par contre, la température est toujours normale. Le pronostic étant franchement sombre à ce stade, la décision est prise d'euthanasier l'animal et de procéder à son autopsie pour tenter de comprendre ce qui lui est arrivé.
L'UTILISATION DE PNEUS SUR LES SILOS À L'ORIGINE DU DÉCÈS
La réponse se trouve dans le foie de notre patiente : à l'ouverture de la cavité abdominale, il semble déborder de toutes parts. Il est de taille bien trop volumineuse, alors que la panse est, elle, toute petite et présente une large plage décolorée et rebondie à sa surface.
La section à ce niveau révèle la présence d'un énorme abcès d'environ 30 cm de diamètre dans lequel l'arme du crime est restée piégée ! Comme dans la plupart des cas, il s'agit d'un corps étranger métallique de type fil de fer long et fin, que l'on retrouve dans l'armature des pneus hors d'usage utilisés pour lester les bâches sur les silos et qui, avec l'usure du temps, finit par semer quelques morceaux certes petits mais ô combien dangereux dans la ration de nos bovins.
Après ingestion, ce corps étranger a donc gentiment traversé le réseau (où il aurait pu avoir la chance d'être immobilisé par un aimant si celui-ci s'y était trouvé au bon moment), pour se retrouver planté dans le foie, générant une infection locale (abcès rempli de pus) qui s'est développée et a entraîné la dégradation de l'état de l'animal.
UN AIMANT EN PRÉVENTION
Notre éleveur va donc recommencer à administrer des aimants à ses génisses en première saison de pâture et va tenter de trouver une alternative acceptable pour remplacer les pneus sur ses tas d'ensilage.
Si les pneus restent de mise, que les pâtures et les parcelles de fauche se trouvent à proximité de zones urbaines ou que des cas avérés ont déjà été déclarés sur une exploitation, il est recommandé d'administrer un aimant de façon préventive à l'occasion de la première mise à l'herbe.
Après autopsie, « l'arme du crime », un morceau de fil de fer issu d'un pneu usagé, utilisé sur les tas d'ensilage, a été retrouvé planté dans le foie, ce qui a provoqué une infection dont la gravité a conduit à euthanasier l'animal. © C.J.
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