
Même si traiter est possible, mieux vaut gérer en amont ce souci de plus en plus fréquent chez les vaches à haut potentiel.
UN TROUPEAU DE CINQUANTE- CINQ BRUNES à haut niveau (9 300 kg de moyenne économique à 37 de TP et 44 de TB en laiterie). Parmi elles, six vaches à moins de quatre mois postpartum qui, sur une période de dix-huit mois, présentent des hémorragies intestinales (bouses noires avec uniquement du sang digéré). Avec, en plus, un arrêt de production, des signes d'abattement et de douleurs abdominales… Tous ces symptômes font naturellement penser à des cas d'ulcères de la caillette ou de l'intestin grêle. Erreur. La mort du premier animal anémié et amaigri, touché dans l'élevage, faute d'avoir reçu un traitement spécifique, nous mettra sur une autre piste. Celle du syndrome hémorragique jéjunal, pathologie apparemment émergente dans les troupeaux à haut potentiel. Son autopsie révélera une grande quantité de sang dans le jéjunum (partie de l'intestin) sans qu'un véritable site d'ulcère soit trouvé. En tout cas, aucun ulcère de la caillette. Ce constat sera mis à profit pour sauver les autres animaux touchés. Quand, quelques mois plus tard, les mêmes symptômes apparaissent sur la seconde vache, un traitement non décrit dans le syndrome hémorragique jéjunal est testé.
ESSAI DE TRAITEMENT CONCLUANT AVEC LA RANITIDINE
En plus des perfusions, cinq ampoules de Ranitidine(1), médicament utilisé chez l'humain pour traiter les ulcères digestifs, lui sont injectées (par voie intramusculaire ou intraveineuse) par jour.
Cette primipare, après une semaine de convalescence à 0 l de lait, reprend doucement son appétit. Elle reviendra de façon inespérée à 25 l/j et débutera sa lactation suivante à 45 l sans soucis apparents. Les quatre animaux suivants souffrant des mêmes symptômes ne seront traités qu'avec la Ranitidine et un apport de propylène glycol. Le résultat sera probant, mis à part pour les vieilles vaches qui auront plus de mal à revenir parfaitement au lait.
REVOIR LA RATION
Malgré ces graves problèmes digestifs, le troupeau ne présentait pas de soucis particuliers, si ce n'est des boiteries chroniques avec abcès aux pattes. Les résultats du contrôle laitier ne faisaient pas apparaître d'inversions de taux ou des chutes de TB, évocateurs d'acidose. Les pH urinaires des animaux en lactation aux environs de 8,1 et un bilan acido-basique urinaire n'ont pas révélé non plus un état net d'acidose ruminale.
Certes, la Ranitidine a permis de sauver des vaches, mais sur un tel cas, mieux valait revoir la ration pour éviter de nouveaux problèmes.
Tous les cas actuellement décrits par des vétérinaires sont apparus dans des troupeaux à haut niveau avec des rations très riches en amidon et en sucres solubles. Plusieurs sont le fait d'animaux de race brune, mais également prim'holstein. Plus qu'un problème d'acidose ruminale, on peut penser à un défaut d'utilisation et de digestion des sucres solubles et de l'amidon, dont une trop grande quantité continue sa digestion dans l'intestin. La solution n'est pas encore trouvée, mais l'ajout d'un complément alimentaire pour tamponner la ration, à base de malate, de bicarbonate et de levures, a permis, dans cet élevage, une amélioration clinique. Une partie de l'amidon a aussi été remplacée par des hémicelluloses (pulpe de betteraves). Mais il est encore bien trop tôt pour savoir si cette mesure suffira.
(1) Médicament soumis à prescription vétérinaire.
Un souci d'utilisation et de digestion des sucres solubles et de l'amidon peut être la cause d'hémorragies intestinales. © CLAUDIUS THIRIET
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