NE PAS VERMIFUGER À L'AUTOMNE DEMANDE UN SUIVI ADAPTÉ À LA MISE À L'HERBE

PHILIPPE CAMUSET, VÉTÉRINAIRE EN SEINE-MARIT.
PHILIPPE CAMUSET, VÉTÉRINAIRE EN SEINE-MARIT. (©)

L'absence de traitement à l'automne n'est pas synonyme de catastrophe. À condition d'être vigilant au printemps.

NOUS SOMMES AU PRINTEMPS, LES ANIMAUX VONT RESSORTIR. Pour des raisons économiques, par négligence ou par appréciation objective du risque parasitaire, vos bovins n'ont pas été vermifugés en fin d'automne. Or, l'absence de traitement d'automne n'est pas toujours une catastrophe. Selon les parasites et le niveau d'infestation, il est d'utilité très variable. La non-vermifugation doit être décidée la plupart du temps après des analyses adaptées (sérologie douve, dosage du pepsinogène sérique). Seulement, quelle attitude adopter à la prochaine mise à l'herbe ? Deux paramètres vont diriger vos décisions : d'une part, l'état de santé des animaux et, d'autre part, les parasites potentiellement concernés.

État des animaux .Vermifuger si l'hiver les a fragilisés

En phase hivernale, les animaux hébergés en stabulation sont confrontés non seulement à la charge parasitaire qu'ils ont acquise la saison de pâturage précédente, mais surtout à la concentration microbienne due à la claustration. Or, il est difficile pour leur système immunitaire de lutter efficacement et conjointement contre les parasites et les microbes. Ainsi, des animaux notablement parasités sont moins résistants aux maladies respiratoires, passages viraux (RSV, BVD…) et agressions bactériennes diverses. De même, l'impact métabolique de la grande douve, des paramphistomes et des strongles gastro-intestinaux s'ajoute aux déséquilibres générés par l'alimentation hivernale.

- LE CONSEIL : pour toutes ces raisons, si l'état général de vos animaux laisse à désirer ou s'ils sont confrontés de manière récurrente à des infections microbiennes, il n'est jamais trop tard pour vermifuger. Encore faut-il savoir contre quoi.

Éliminer les parasites. Deux objectifs sont visés en priorité

La grande douve, les paramphistomes, les strongles respiratoires et gastro-intestinaux sont principalement en ligne de mire. Outre le fait d'éliminer une population pénalisante pour la santé et le bien-être des animaux, pour les trois premières familles, il s'agit plus, en vermifugeant, de limiter la contamination du milieu. Pour les strongles gastro-intestinaux, il faut bien gérer l'immunité constituée ou à venir.

Grande douve et paramphistomes. Limiter la contamination

Ces deux parasites ont un cycle extérieur passant par un hôte intermédiaire obligatoire qui est un mollusque de milieu humide. Celui-ci a non seulement un rôle d'accomplissement et de pérennité du cycle, mais il permet aussi l'amplification de celui-ci. À partir d'un seul oeuf éclos, jusqu'à 300 formes parasitaires infestantes pour les bovins peuvent être relarguées dans le milieu extérieur.

Ainsi, le fait de mettre à l'herbe des animaux infestés et contaminants pour l'environnement va accroître et surtout optimiser, en déposant des « oeufs frais », la contamination des mollusques au printemps. Ceci aura pour effet, de façon mécanique, d'amplifier l'infestation des animaux en fin d'été, automne puis début d'hiver.

- LE CONSEIL : même si c'est un peu tard pour la santé des animaux, dans ces cas de figure, faire un traitement avant la mise à l'herbe est un investissement pour la fin de saison de pâturage et l'hiver futur !

Dictyocaulose. Attention aux porteurs latents

Si la genèse des épisodes cliniques en cours d'été est connue depuis longtemps, les mécanismes du début de la contamination des troupeaux étaient mal perçus. On sait maintenant que d'une part, la dictyocaulose s'achète en introduisant des animaux infestés chroniquement, appelés porteurs latents, et que d'autre part, ces porteurs latents peuvent représenter une partie non négligeable du troupeau (jusqu'à 30 % des animaux).

Au printemps, les porteurs latents déposent sur les pâturages de nouvelles larves de parasites en quantité parfois considérable. Ces larves fraîches s'ajoutent aux larves qui ont passé l'hiver si celui-ci a été clément. Ensuite, ce sont les conditions d'élevage et climatiques qui président à l'avènement d'un épisode clinique.

- LE CONSEIL : dans les élevages où sévit régulièrement la dictyocaulose, traiter le troupeau adulte trois semaines après la mise à l'herbe est un investissement gagnant dans quasiment 100 % des cas.

Ostertagiose. Une lutte selon l'immunité acquise ou à venir

C'est le cas le plus complexe et le moins intuitif. Les conseils sont adaptés à l'état des animaux.

- LES CONSEILS

- Si les animaux sont en bonne santé après la phase hivernale sans avoir été vermifugés, en l'absence de risque de bronchite vermineuse, surtout ne touchez à rien. En effet, l'immunité contre les strongles est une immunité de prémunition. Elle ne se constitue et ne s'entretient qu'en présence de parasites. Ainsi, lorsque l'on traite lors de la rentrée à l'étable, on met à mal l'immunité acquise et à la mise à l'herbe suivante, presque tout est à recommencer.

- À l'inverse, si à la fin de la première année de pâturage, les animaux n'ont pas été ou ont été vermifugés partiellement (après l'avoir objectivement réfléchi en dosant le pepsinogène), l'immunité a continué à se parfaire au cours de l'hiver. Dans ce cas, hormis des cas extrêmes de conduite de pâturage intensive, à la mise à l'herbe en seconde année de pâture, l'immunité est suffisamment forte pour rendre inutile un traitement. Le prochain traitement antiparasitaire se situera alors idéalement à la période de vêlage.

- Dans le meilleur des cas et dans un but d'optimisation de la santé des animaux, on n'aura plus qu'à vermifuger de manière raisonnée en début ou en cours de première année de pâture puis au vêlage.

La vermifugation adaptée est une opération gagnante. L'animal a une bonne croissance et une bonne santé, l'éleveur est gagnant financièrement et l'environnement reçoit moins de résidus et moins de sélection de parasites résistants.

© THIERRY PASQUET

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