VACHES À CELLULES : TENTER L'HOMÉOPATHIE

Les comptages cellulaires sont un indicateur de l'état infectieux de l'animal, son comportement aussi.© SEBASTIEN CHAMPION
Les comptages cellulaires sont un indicateur de l'état infectieux de l'animal, son comportement aussi.© SEBASTIEN CHAMPION (©)

Quand les antibiotiques montrent leurs limites, l'homéopathie peut parfois sortir les récidivistes de l'impasse… et leur éviter la réforme.

LA GESTION DES « RÉCIDIVISTES », ces vaches à taux cellulaires élevés de façon récurrente, est un vrai casse-tête de l'élevage laitier moderne. Les traitements antibiotiques, même raisonnés, montrent de plus en plus leurs limites. Il existe pourtant d'autres façons de s'en sortir parfois. Témoin, ce cas récent vécu dans ma clientèle.

En juin dernier, appel classique d'un éleveur dont une vache présente un comptage à 800 000 cellules. Incompréhension de ce dernier, car la mamelle reste souple.

Je passe et lui demande de me raconter le vécu de cet animal vêlé le 24 septembre 2011.

« Son vêlage s'est déroulé sans problème. Elle a fait une mammite dans le quartier avant gauche le 2 décembre, puis le 15 janvier dans le quartier arrière gauche, suivi d'une récidive dans le quartier avant gauche le 22 février et dans l'arrière gauche le 23 », m'explique-t-il.

À chaque fois, elle a reçu un médicament intramammaire identique. À l'occasion d'une nouvelle rechute dans l'arrière gauche, le 14 mars, elle est traitée en fonction de l'historique bactériologique de l'élevage, avec, en plus de l'intramammaire habituel, un macrolide par voie injectable. Mais rien n'y fait. Elle rechute le 31 mai dans le quartier arrière gauche.

À ce stade, un nouveau traitement antibiotique est illusoire. Deux choix s'offrent à moi : réformer cette vache ou tenter un traitement d'une autre nature. Traduisez : l'homéopathie. Mais pour le prescrire, il me faut d'autres informations.

UN QUESTIONNAIRE TRÈS DÉTAILLÉ

Je demande à l'éleveur de me préciser ce qui différencie sa vache des autres du troupeau. « Elle perd son lait facilement et sa vitesse de traite est plus rapide que la moyenne. En salle de traite, elle n'est jamais en tête, souvent en seconde position, toujours dans le premier lot. » Elle est non gestante après plusieurs inséminations. J'en profite pour faire préciser son comportement pendant ses chaleurs : « Plutôt vive ! ».

C'est une deuxième naissance, d'un bon niveau de production. Et son caractère ? « Pas sauvage. Indifférente même, si on passe à proximité. Et elle se laisserait caresser. » Et isolée dans le box ? « Elle serait du genre à se tracasser, à tourner en rond, voire à s'énerver. » Au cornadis ? « Si on passe devant, elle recule et s'affole, même si on s'occupe de sa voisine ! Si une autre vache veut prendre sa place, elle se défend. Elle est dominante dans sa génération, mais pas avec les plus vieilles. »

Pouvez-vous préciser les symptômes de sa première mammite en décembre ? « Signes de type colibacillaire, avec diarrhée et abattement. » Il insiste sur le fait qu'elle est facilement abattue lorsqu'elle est malade. Comment exploiter toutes ces observations en vue d'un traitement homéopathique ? Quatre symptômes caractérisent sa façon d'être et sa manière d'exprimer sa pathologie : son anxiété et sa « peur à sa peau », son niveau de production, sa facilité à perdre son lait, et sa stérilité. Ces symptômes n'ont aucun lien entre eux mais caractérisent cette vache parmi les autres du troupeau.

Les symptômes correspondant à ces observations me conduisent à trois remèdes homéopathiques. L'un des trois caractérise un comportement avec une expression forte des signes de chaleur, une expression de symptômes plutôt du côté gauche. Ces singularités confirment le choix du remède.

DES RÉSULTATS ENCOURAGEANTS EN MOINS DE DEUX MOIS

L'éleveur l'administre sous forme de 5 granules matin et soir pendant trois jours et poursuit ses observations.

Un mois après, de 800 000 cellules/ ml, le taux cellulaire est tombé à 500 000 (mi-août).

Cinq granules sont à nouveau administrées en une seule prise. Le comportement de l'animal confirme la pertinence de la première prescription et m'autorise à la renouveler : la vache est plus excitée, comme si elle était en chaleur alors que l'intervalle ne correspond pas à la précédente. Elle est plus calme durant la traite et on n'observe plus de caille dans son lait. L'éleveur continue à le mettre dans le tank car le comptage moyen du troupeau est sous les 200 000. Quels sont les résultats? La situation s'améliore nettement au comptage du 7 septembre : 223 000 cellules.

La guérison est en bonne voie, mais il faut rester prudent. Elle doit durer dans le temps. En cas de rechute, il faudra redonner le même remède pour une amélioration en douze ou vingt-quatre heures.

Sinon, il faudra revoir les observations du moment et en prescrire un autre.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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