Le bilan des inséminations illustre les différences entre les races

Les jeunes taureaux ont détrôné les confirmés et sont placés en priorité sur les meilleures vaches, en vue de maximiser le progrès génétique.
Les jeunes taureaux ont détrôné les confirmés et sont placés en priorité sur les meilleures vaches, en vue de maximiser le progrès génétique. (© CFAIMALI/GFA)

L’analyse des statistiques des inséminations artificielles montre que le progrès génétique se poursuit et que le croisement augmente. Sur bien des critères, les races marquent leurs différences.

Le tableau de bord des inséminations est publié chaque année par l’Institut de l’élevage (Idele). Il dresse un état des lieux des inséminations réalisées en décortiquant, pour chaque race, les types de taureaux choisis par les éleveurs. Le dernier se base sur les mises en place effectuées entre le 1er octobre 2021 et le 30 septembre 2022.

Premier constat, les jeunes taureaux, diffusés sans testage sur descendance, ont clairement détrôné les plus anciens dans la plupart des races. La montbéliarde fait exception avec toujours un nombre significatif d’inséminations effectuées avec des taureaux confirmés. L’abondance et la tarentaise restent également sur cette ligne. En revanche, les races qui dépendent des importations (brune, simmental et pie rouge) ont opté majoritairement pour les jeunes taureaux.

En ce qui concerne le choix des supports, on voit que les jeunes taureaux sont en priorité destinés aux meilleures vaches prim’holsteins (Inel, lait, mamelle, fonctionnels). Les taureaux confirmés viennent sur des femelles à potentiel plus faible. C’est notamment le cas chez les éleveurs normands et montbéliards. Cette tendance à placer les jeunes taureaux sur les meilleures vaches n’était pas si nette l’an dernier. Elle va dans le sens de l’accélération du progrès génétique.

Le nombre des IA décline

Ces statistiques servent aussi à réaliser le bilan génétique des inséminations artificielles (IA), publié chaque année. Celui de 2022 n’est pas encore sorti. En 2021, cette analyse montre une baisse de 2,8 % du nombre d’inséminations bovines. Ce déclin est enclenché depuis 2014, en lien avec une réduction du cheptel. Les inséminations sur femelles laitières restent très majoritaires au sein de l’activité bovine (89 %).

Sur les génisses, l’insémination en race pure demeure la règle puisque 89 % des inséminations premières (IAP) se font ainsi. Ce qui confirme leur rôle majeur dans le renouvellement des troupeaux afin d’accélérer le progrès génétique. En revanche, 30 % des vaches laitières reçoivent une dose d’une autre race, laitière ou bouchère. D’ailleurs, le croisement viande représente 24 % des inséminations totales (IAT) en 2021, soit dix points de plus qu’en 2015.

En 2021, 19 % des IAP sur femelle laitière sont réalisées avec un taureau de race bouchère, soit 2 % de plus que l’année précédente. Cette hausse concerne toutes les races laitières, mais certaines recourent nettement plus au croisement que d’autres. Ainsi, le taux d’IAP en croisement viande frise les 30 % pour la montbéliarde ou l’abondance quand la normande, la tarentaise ou la jersiaise sont à 11 %. La holstein se situe à un niveau intermédiaire, à 16 %.

6 % des IAT en croisement laitier

Quant au croisement laitier, il s’est stabilisé à 6 % des IAT depuis 2018. Il concerne aussi bien les génisses que les vaches. Jusqu’en 2015, ces IA étaient surtout réalisées en retour, après l’échec d’une première insémination. Depuis, la tendance s’est inversée, les éleveurs choisissent le croisement laitier d’abord pour une première insémination. Il s’agit donc d’un choix assumé de produire des femelles laitières croisées.

Sur les 52 260 élevages analysés, 38 571 ont choisi un taureau laitier de race différente pour au moins 10 IAP, soit presque les trois quarts d’entre eux. Mais seulement 3 % des troupeaux utilisent le croisement pour au moins 75 % des IAP. L’Idele estime que cela traduit une certaine curiosité des éleveurs vis-à-vis de cette pratique. Ils sont nombreux à l’essayer sur quelques animaux, mais rares sont ceux qui généralisent le croisement laitier. Ceux qui sautent le pas sont plutôt de petite taille puisque la plupart ne font qu’entre 20 et 40 IAP par an. Peut-être ont-ils aussi, plus que d’autres, recours à la monte naturelle.

Reprise de l’usage des doses sexées

67 % des IA de croisement laitier concernent des femelles elles-mêmes issues de croisement. Les holsteins représentent 23 % des femelles inséminées en croisement laitier et les montbéliardes, 5 %. Cette part est stable pour ces dernières alors qu’elle a doublé en holstein depuis dix ans. C’est la seule race qui reste sur une tendance à la hausse du croisement laitier. Sur les femelles croisées, la hausse se poursuit, mais de manière atténuée. Cette pratique a plutôt reculé dans les troupeaux normands.

Du côté des taureaux, on constate que les rouges scandinaves, dont la population femelle est anecdotique en France, ne sont quasiment utilisés qu’en croisement. Plus de la moitié des IA en race pie rouge (54 %) s’effectue en croisement laitier. 34 % des IA croisées concernent des taureaux holsteins, une part qui tend à se réduire depuis 2015. 25 % des IA croisées lait concernent des femelles holsteins ou croisées inséminées avec des taureaux montbéliards ou normands.

Par ailleurs, l’utilisation de doses sexées a progressé de 1 % en 2021 et représente 8,7 % des IAT. On revient ainsi quasiment au niveau de 2015 (8,5 %) après un déclin continu jusqu’en 2019 (7,4 %), suivi d’un rebond qui semble se confirmer. Ces inséminations s’effectuent à 75 % en première intention mais leur utilisation en retour tend à augmenter. 51 % des troupeaux laitiers ont utilisé au moins une dose sexée en 2021. Cette pratique séduit davantage dans les élevages de grande taille : 80 % des troupeaux de plus de 200 vaches, contre 47 % des troupeaux de 21 à 50 vaches.

Hausse quasi générale des index des taureaux

Au total, 32 % des génisses et 7 % des vaches reçoivent une dose sexée, mais il existe d’importants écarts entre les races. Sans surprise, la jersiaise est la plus coutumière de cette pratique qui concerne 60 % des génisses et 43 % des vaches. La brune suit avec respectivement 44 et 19 %. La holstein se distingue avec une part élevée chez les génisses (34 %) mais réduite pour les vaches (4 %). Le sexage a aussi ses adeptes dans les troupeaux montbéliards (31 % des IA sur génisses et 19 % sur les vaches), mais moins chez les normands (respectivement 22 et 9 %). Ces différences sont à apprécier au regard des niveaux de fertilité (plus bas en holstein) et des taux de vêlages difficiles sur génisses (plus élevés en montbéliarde).

Les choix génétiques des éleveurs sont aussi évalués en prenant en compte les index des taureaux en avril 2022 et le nombre d’IAP réalisées par chacun d’eux en 2021. Sont étudiés les caractères de production, de morphologie et fonctionnels. L’analyse révèle que les index progressent dans tous les domaines pour presque toutes les races. Cependant, l’abondance et la tarentaise stagnent en fonctionnels. Sur ces critères, la holstein se distingue avec des index nettement plus élevés que les autres (1,5 en STMA et en repro, 1,9 en longévité) et toujours en croissance.

Enfin, l’observation des taux de non-retour à 90 jours révèle des écarts importants selon les races. L’abondance et les croisées se montrent les plus fertiles avec des taux à 72 % sur les génisses. Sur les vaches, la vosgienne se place en tête à 67 %. La holstein décroche à 55 %. L’écart du taux de non-retour entre les doses sexées et conventionnelles s’élève en moyenne à 10 %, avec là encore, des variations selon les races. Relativement faible en jersiaise, il est plus marqué en holstein. On observe aussi que, pour toutes les races, le taux de naissances faciles augmente avec les doses sexées femelles.

D’après les statistiques et les bilans de l’Idele et Eliance.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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