50 000 m3 de stockage d’eau pour sécuriser sa production fourragère

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Plutôt que de regarder ses parcelles faner au fil des sécheresses, Christian Bos, éleveur dans le Cantal, a misé sur une retenue d’eau pour irriguer ses cultures fourragères en période estivale. Le bassin de 50 000 m3 lui permet d’irriguer un sixième de sa ferme. Une manière d’assurer un repas à ses belles Aubracs, même les années sèches.

Dans le Cantal, près de Pierrefort, Christian Bos fait l’inventaire des sécheresses traversées par son exploitation. « Mes parents ont eu celle de 52. J’ai connu celle de 76… À chaque génération, son lot d’intempéries ». Mais depuis quelques années, les sécheresses se suivent et se ressemblent. « Depuis 2003, le problème devient récurrent », constate l’éleveur.

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Pas question d’arrêter l’élevage pour autant. Avec 160 mères Aubracs et des garçons passionnés par la ferme, l’agriculteur à a cœur de transmettre un modèle durable. Et faute de pouvoir contrôler la météo, Christian veut se donner les moyens de composer avec elle. Sa solution : la mise en place d’un bassin de rétention des eaux de ruissellement pour irriguer les cultures fourragères. « Il y a beaucoup d’eau qui passe sur la ferme, mais pas forcément au bon moment », résume-t-il.

Un bassin de rétention de 50 000 m3

Initié en 2018, le projet de bassin de rétention a été mis en service en 2021. Au total, 50 000 m3 de stockage sont remplis grâce aux eaux de ruissellement. « La réserve est uniquement remplie par les eaux pluviales. » Si les bassines de Sainte-Soline alimentent régulièrement le débat de la gestion de l’eau, l’installation de la ferme Bos est d’une tout autre ampleur. La structure est dix fois plus petite que celle prévue dans les Deux-Sèvres, et ne compte pas sur les eaux souterraines pour se remplir. « On ne puise ni dans la nappe, ni dans les cours d’eau », résume Christian « et vu tout ce qu’il a plu cet hiver, on aurait pu la remplir plusieurs fois ».

Le dimensionnement de la retenue ne doit rien au hasard. 50 000 m3, c’est ce qu’il faut pour mettre 10 cm d’eau sur 50 ha. « Sur 300 ha de parcellaire, j’ai 50 ha accessibles par le réseau d’irrigation. Ça permet de sécuriser mes rendements en cultures fourragères, luzernes ou maïs par exemple, et éventuellement d’envisager d’autres cultures à l’avenir ».

Bassin de rétention d eaux pluviales
Le bassin d'une profondeur de 7 m permet d'irriguer 50 ha sur une saison. (© Antom production)

Un chantier à 400 000 €

Mais la réalisation d’une retenue d’eau reste un chantier d’ampleur. Pas moins de 60 000 m3 de matériaux ont été bougés pour réaliser la retenue et la digue de rétention. Côté coût : compter dans les 400 000 € pour construire le bassin. Le projet a été subventionné à hauteur de 50 % par la région. « C’est onéreux, mais ce sont des investissements à raisonner à très long terme », estime l’éleveur. « Il faut prévoir un amortissement sur 20 ou 25 ans, voire plus. La bâche d’étanchéité a une durée de vie de 50 ans. »

En 2022, les deux tiers de la réserve ont été mobilisés. « Nous avons utilisé 28 000 m3 pour l’irrigation ». L’été pluvieux de 2023 a moins sollicité la retenue. « Seuls 5 000 m3 ont servi à l’irrigation des semis d’automne », détaille Christian. « Depuis 2021, la retenue n’a été vraiment nécessaire qu’un été, mais elle nous a permis de garantir un rendement de 17 t MS/ha en maïs cette année-là. »

Mais l’éleveur ne regrette pas son choix. « Tant qu’il y a de l’eau, il y a de la vie, de la photosynthèse… Si tout est au stade de paillasson, la nature est tout bonnement morte et il n’y a plus grand-chose à en tirer. »

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