Les semences fourragères poursuivent leur irrésistible croissance, et cela ne semble pas prêt de s’arrêter. Elle est de 35 % sur les cinq dernières années (+ 55 % sur dix ans), et concerne toutes les espèces. C’est ce qui ressort des chiffres de l’interprofession des semences (Semae, ex-Gnis) présentés le 9 juin dernier à Vivy (Maine-et-Loire). Cela s’explique par l’intérêt croissant porté par les éleveurs vers des systèmes plus économiques et plus résilients. Les agriculteurs sont en quête d’autonomie protéique et implantent de plus en plus de couverts végétaux.
Légumineuses et graminées
En ce qui concerne les graminées, le marché est plutôt favorable au ray-grass italien (RGI) en années favorables aux fourrages. Les ventes de ray-grass anglais, en mélange ou en pur, en revanche restent stables. La fétuque et le dactyle sont de plus en plus demandées, appréciées pour leur meilleure tolérance à la sécheresse.
En légumineuses, les trèfles violet et d’Alexandrie ainsi que la vesce commune sont en croissance grâce notamment aux plans protéines de ces dernières années, contrairement au trèfle incarnat. Les semences de luzerne, portées par la recherche d’autonomie protéique, sont également de plus en plus vendues, mais le marché reste plus cyclique.
Diminution de 10 % des surfaces de semences fourragères
Cette hausse globale de la demande en semences fourragères s’inscrit dans un contexte mondial tendu de flambée des cours des céréales. « Parallèlement à la hausse de la demande, il y a une production qui diminue » résume Denis David, président de la section fourragères de l’union française des semenciers.
Les rendements diminuent : « Les semences fourragères sont des cultures fragiles face aux aléas climatiques, pointe Dorothée Pye, secrétaire générale de la section semences fourragères à Semae. Et avec certaines interdictions de molécules, les rendements en baisse ces dernières années définissent de nouveaux standards. » Et puis surtout, les surfaces de semences fourragères (hors bio) sont elles aussi en chute : -10 % sur la campagne 2021-2022 selon la fédération des agriculteurs multiplicateurs (Fnams). « Notre difficulté c’est de placer des contrats auprès des agriculteurs multiplicateurs, souffle Dorothée Pye. Ce sont des espèces peu rémunératrices, ils préfèrent produire des cultures plus rentables telles que le blé, le maïs, le colza ou le tournesol. »
Les prix payés aux multiplicateurs ont un peu augmenté l’an dernier sur certaines espèces et plus significativement cette année. Des prix qui seront inévitablement répercutés sur les prix des semences en 2023. Ce marché contraint concerne en réalité l’ensemble de l'Europe.
« Une augmentation des prix inéluctable »
Ce « marché globalement tendu » s’observe déjà sur quelques semences de légumineuses fourragères et quelques graminées, et « cela va s’aggraver », avertit Denis David. « On a moins de production que de demande, les importations progressent parce que l’on est moins autosuffisants, les stocks de report commencent à diminuer et on va arriver à des tensions voire des pénuries sur certaines espèces comme la luzerne ou le trèfle violet. »
Certaines graminées pérennes comme la fétuque ou le dactyle pourraient aussi être concernées. « Ce sont les variétés d’élite qui devraient être affectées, au profit de variétés plus anciennes, d’importation, met en garde Denis David. Il y aura moins de soucis avec les ray-grass. » Tout cela dépendra de la récolte 2022, dont les rendements « pourraient bien être inférieurs à la normale ».
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