La FNPL doute du bon respect de la loi Égalim 2

Alors que les négociations commerciales entre industriels et grande distribution s’achèvent aujourd’hui, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) s’inquiète du manque de transparence des entreprises sur le prix du lait. Dans un contexte de flambée des charges, alourdi par la crise ukrainienne, le syndicat rappelle l’importance de garantir des prix rémunérateurs aux éleveurs, notamment pour être en capacité de renouveler les générations.

Yohann Barbe, Thierry Roquefeuil et Ghislain de Viron lors d'une conférence de presse de la FNPL, le 1er mars au salon de l'agriculture.
Yohann Barbe, Thierry Roquefeuil et Ghislain de Viron lors d'une conférence de presse de la FNPL, le 1er mars au salon de l'agriculture. (©Terre-net Média)

Les négociations commerciales annuelles avec la grande distribution s’achèvent ce 1er mars, avec une nouveauté cette année, l’application des dispositifs de la loi Égalim 2 qui instaure la non négociabilité de la matière première agricole. Pour autant, « il y a encore une grosse part d’ombre », a déploré Yohann Barbe, trésorier de la FNPL, lors d’une conférence de presse le 1er mars. Son syndicat constate qu’à quelques heures de la fin des négociations, plusieurs laiteries n’ont pas communiqué sur le prix payé aux éleveurs.

« La loi doit partir du coût de production des éleveurs, or trop souvent on part encore de ce qui est négocié au consommateur et on donne ce qui reste à l’éleveur. On donne une rémunération en fonction de la valorisation », commente Ghislain de Viron, premier vice-président de la FNPL. Le syndicat compte sur la DGCCRF pour vérifier que la loi a bien été respectée, et que le prix payé aux éleveurs n’a pas été négocié. Sans compter « qu’avec la hausse des charges, il faudrait déjà rouvrir les négociations commerciales », ajoute Yohann Barbe.

La FNPL va parallèlement appuyer les OP qui souhaiteraient solliciter le comité de règlement des différends instauré par la loi. Néanmoins, la volonté de transparence est là, reconnait la FNPL, consciente que les dispositifs d’Égalim 2 sont arrivés tard par rapport au calendrier des négociations commerciales. Pour cette année, l’objectif sera de formaliser les demandes de prix, pour toutes les OP, en octobre ou novembre.

Un enjeu de renouvellement des générations

Car si le prix est à la hausse en 2021, tiré aussi par l’export, il faudrait que cette tendance se prolonge, et plus durablement que la hausse des charges, pour inciter davantage de jeunes à s’installer. Aujourd’hui, 50 000 exploitations à deux UTH produisent 24 milliards de litres de lait en France, soit la même production qu’en 1983, mais pour un nombre d’exploitants divisé par six, explique Thierry Roquefeuil, président de la FNPL. Et si les distributeurs aiment brandir l’argument du pouvoir d’achat du consommateur pour limiter la hausse du prix payé à leurs fournisseurs, ce n’est pas la filière laitière qui participe à l’inflation puisque, rappelle-t-il, la brique de lait était à 55 centimes d’euros en 2002, et l’on trouve encore aujourd’hui des promotions autour de 56 centimes le litre.

Alors que la moitié des producteurs de lait vont partir à la retraite dans les 10 ans, le sujet du renouvellement des générations doit être au cœur des enjeux politiques. La FNPL met en avant des propositions pour favoriser la compétitivité des exploitations, comme la TVA sociale, et rappelle l’importance de revaloriser les retraites agricoles pour faciliter les transmissions.

En parallèle, le sujet de la rémunération du carbone, suivi par la FNPL depuis une dizaine d’années, ouvre des perspectives, d’autant que la présidence française de l’Union européenne a choisi de mettre en avant cette question. L’objectif est de faire référencer la méthodologie française auprès des autres États membres, explique Marie-Thérèse Bonneau, ancienne vice-présidente de la FNPL et présidente de France Carbon Agri Association. Mais pour que le sujet reste porteur, il est important de valoriser l’entrée « territoire » et non « produit » et surtout, de ne pas faire du stockage de carbone une réglementation qui annihilerait la capacité des producteurs à créer de la valeur à partir du carbone, explique-t-elle. L’agriculture est, avec la forêt, l’un des deux secteurs capables de stocker du carbone et de le valoriser auprès des autres secteurs économiques, pour augmenter la valeur ajoutée dans l’ensemble de la filière, rappelle-t-elle.

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...