La maîtrise de l’âge au premier vêlage est depuis longtemps mise en avant comme un levier d’action pour améliorer les résultats technico-économiques. Pourtant, il n’évolue que très peu et de nombreuses questions demeurent concernant le lien entre précocité de vêlage, le coût de production des génisses et les impacts sur la carrière de l’animal.
En dix ans, l’âge moyen au premier vêlage a diminué de 0,3 mois sur le périmètre Innoval Bretagne, pour se situer actuellement à 28,2 mois, toutes races confondues. Une moyenne qui masque une forte variabilité avec des stratégies réussies de vêlages précoces dans plusieurs élevages.
En race prim’holstein, 28 % des élevages font vêler avant 26 mois. En revanche, 13 % dépassent les 30 mois (cf. graphique ci-contre). L’évolution de la charge de travail des éleveurs peut expliquer ces résultats, avec des difficultés pour assurer la surveillance et le suivi des génisses.
Une meilleure carrière avec des vêlages précoces
Légèrement pénalisées en première lactation, les génisses ayant vêlé précocement (24-26 mois) produisent néanmoins davantage de lait sur leur carrière, car elles réalisent un nombre de lactations plus élevé en moyenne. En Belgique, l’analyse des données de contrôle de performances montre que les génisses ayant vêlé entre 22 et 26 mois ont produit en moyenne 4 800 kg de lait en plus sur leur carrière que celles ayant vêlé après 34 mois (source : Froidmont et al, 2013).

Au-delà de l’impact sur les performances laitières de l’animal, c’est aussi la question du coût de production des génisses qui est régulièrement soulevée lorsque l’on parle de l’âge au premier vêlage. Bien qu’en moyenne le coût d’élevage d’une génisse vêlant tardivement est supérieur à celui d’une génisse ayant vêlé avant 26 mois, c’est avant tout la conduite alimentaire qui influence le coût de production.
LE COMMENTAIRE DE L’EXPERT : « On n’améliore que ce que l’on mesure »
Les deux élevages conduisent la phase lactée avec du lait entier en deux repas par jour sur environ dix semaines. Au-delà de la durée, c’est avant tout le poids du veau qu’il faut mesurer ou estimer via le tour de poitrine (ruban) pour savoir quand sevrer. L’animal doit avoir doublé son poids de naissance et pouvoir ingérer 2-2,5 kg d’aliment par jour pour être sevré. Pour faciliter le travail, l’EARL Vitechère a adopté la ration sèche jusqu’à environ 8 mois. Cette stratégie, bien que coûteuse, lui permet d’assurer de bonnes performances de croissance (900 g GMQ). Au Gaec Précosse, les génisses sont mises à l’herbe dès 5-6 mois puis après avoir été confirmées gestantes. Au total, l’herbe pâturée représente les deux tiers des fourrages consommés. Avec de l’herbe de très bonne qualité, le Gaec Précosse mise sur la croissance compensatrice des génisses pour économiser un peu de concentrés en hiver. À chaque sortie et rentrée en bâtiment, les génisses sont pesées afin de vérifier que les niveaux de croissance sont suffisamment bons pour atteindre un poids au vêlage égal à 85-90 % du poids vif adulte.
LE COMMENTAIRE DE L’EXPERT : « Vêlage précoce n’est pas toujours synonyme d’économie »
Avec un coût de production par génisse produite proche de 2 000 €, la stratégie de vêlages précoces de l’EARL Vitechère peut sembler onéreuse. Quand cela est possible (accessibilité, clôtures, etc.), la conduite des génisses avec de l’herbe pâturée est une option gagnante, à condition d’avoir une qualité d’herbe suffisante pour assurer un bon GMQ.
On estime que le coût d’élevage journalier d’une génisse entre 22-26 mois se situe autour de 1,40-1,70 €. Dans certains élevages, il peut être plus intéressant de viser un vêlage plus tardif (26-28 mois) pour valoriser des prairies naturelles qui ne présentent pas de très bonnes valeurs alimentaires mais qui ont l’avantage d’être économiques. Dans ce cas, l’âge moyen au premier vêlage sera bien choisi et non subi.
Au-delà du coût, le temps et l’organisation du travail sont également des facteurs à prendre en considération. Certains éleveurs peuvent faire le choix de faire vêler rapidement avec des conduites alimentaires onéreuses (ration sèche), dans une optique de rationaliser le temps et l’organisation du travail.
LA CONCLUSION DE L’EXPERT : « Adopter une stratégie en cohérence avec son système »
Le choix de la conduite alimentaire des génisses a plus d’impact économique que l’âge au premier vêlage en tant que tel. Il est essentiel d’adopter une stratégie cohérente vis-à-vis de son système fourrager. Un vêlage entre 26 et 28 mois peut être très compétitif lorsque la conduite alimentaire est économe. Attention cependant à ne pas dépasser ce stade, car des vêlages tardifs vont peser sur les besoins fourragers, le temps de travail et l’empreinte carbone de l’élevage en augmentant le nombre d’animaux improductifs.
Réduire l’âge au premier vêlage passe aussi par une très bonne maîtrise sanitaire (prise de colostrum, gestion du parasitisme) et de la reproduction. Investir dans des moyens (outils, monitoring, etc.) pour améliorer les performances de reproduction des génisses pourra s’avérer très rentable si cela permet de réduire le nombre de jours improductifs de l’animal.
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