La production laitière est sans aucun doute l’indicateur de pilotage quotidien le plus suivi par les éleveurs laitiers. À la recherche de performances techniques et économiques, de plus en plus d’éleveurs souhaitent atteindre des niveaux de production proches de 40 kg/VL/jour. Quelle rentabilité se cache derrière cette stratégie ?
En dix ans, la moyenne d’étable a très peu évolué. Elle était de 8 220 kg/VL en 2023, contre 8 070 kg en 2013, sur la zone Bretagne (données Innoval). Cette moyenne masque une variabilité accrue avec de plus en plus d’éleveurs en quête de productivité par vache. La proportion d’élevages à plus de 11 000 kg/VL/an, correspondant à une production journalière d’environ 35 kg par VL traite, était de 2 % en 2023, contre moins de 0,5 % en 2013.
En moyenne, peu d’écarts de résultats selon le niveau de production
L’analyse pluriannuelle des résultats économiques des élevages laitiers conventionnels, qui ont un suivi conseil à Innoval, montre qu’il y a peu d’écarts de résultats selon le niveau de production par vache. Sur les sept dernières années, les élevages laitiers entre « 8 000-10 000 kg/VL » et « > 10 000 kg/VL » dégagent un EBE d’environ 75 000 €/UMO/an, contre 65 000 €/UMO/an pour les élevages moins productifs (< 8 000 kg). Malgré un volume de lait vendu plus important dans les élevages intensifs à l’animal (> 10 000 kg), le niveau élevé de charges opérationnelles et de structures peut pénaliser leur efficacité économique. Ces exploitations davantage robotisées ont également un montant d’annuités plus important en moyenne.
LE COMMENTAIRE DE L’EXPERT : « Un niveau de production pénalisé par un manque de technicité »
L’élevage de M. Duvent atteint difficilement les 35 kg au robot tandis que l’EARL Formulin est à 38 kg en moyenne, avec une meilleure efficacité des concentrés (180 g/kg de lait). À l’EARL Formulin, sur les 2,1 tonnes de concentrés distribués par VL/an, 1,5 tonne correspond au correcteur azoté à base de soja. Avec plus de 7 kg d’aliment par jour et par vache, dont en moyenne 3,5 kg d’aliment de production, la complémentation de M. Duvent coûte cher. De plus, cette complémentation est mal valorisée compte tenu du mois moyen de lactation élevé (+ 28 jours d’IVV). Pour viser un niveau de production supérieur à 35 kg, il faut contenir l’IVV afin de maximiser l’efficacité alimentaire des vaches. Les problèmes de reproduction et de santé (cellules, boiteries, etc.) obligent M. Duvent à beaucoup réformer ce qui pénalise également le niveau de production moyen du troupeau. Avec 40 % de primipares, le potentiel laitier ne peut pas s’exprimer entièrement. Au final, on observe un écart de 2,2 kg de lait par jour de vie entre les deux exploitations.
LE COMMENTAIRE DE LA SIMULATION : « Attention aux dérapages sur les charges opérationnelles ! »
L’exemple de M. Duvent illustre parfaitement la stratégie de plusieurs éleveurs à la recherche d’une dilution des charges de structures, qui coûte extrêmement cher en charges opérationnelles. Le haut niveau de productivité laitière est permis par une complémentation importante qui fait grimper le coût alimentaire (156 €/1 000 l, dont 121 € de coût concentrés). De plus, le coût de production élevé des génisses (1 950 €/génisse) couplé à un taux de réforme important (40 %) a un fort impact sur le coût de renouvellement de l’élevage. Pour M. Duvent, l’axe prioritaire de travail concerne la conduite technique et la maîtrise de charges opérationnelles de l’atelier lait. Dans un second temps, il pourrait être intéressant de saturer davantage les deux robots pour diluer les charges de structures. La forte productivité par ha (13 700 l/ha SFP) permet à l’EARL Formulin de diluer le coût fourrager. Ainsi, le montant des charges opérationnelles est très cohérent vis-à-vis du niveau d’intensification à l’animal et à la surface. Le coût de production global est relativement haut en raison d’un montant élevé d’amortissements.
LA CONCLUSION DE L’EXPERT : « Viser un objectif de production par vache en cohérence avec son système d’élevage »
Niveau de production par vache et revenus sont peu liés. On observe des écarts de rentabilité bien plus élevés entre élevages d’un même « système », qu’entre les types de systèmes en tant que tels.
Dans les exploitations avec une SFP limitée ou à bon potentiel pédoclimatique, l’intensification à l’animal peut s’avérer pertinente économiquement afin de libérer des surfaces fourragères au profit de cultures de ventes rémunératrices. L’objectif de production par vache doit encore une fois être en cohérence avec le système d’exploitation dans sa globalité.
Enfin, les gains de productivité par vache sont rentables s’ils sont avant tout synonymes de gains d’efficacité technique ! Produire davantage avec autant d’intrants (ou produire autant avec moins d’intrants), c’est la clé de réussite pour garantir l’amélioration des résultats économiques et environnementaux. Cela passe évidemment par une maîtrise de l’alimentation, de la reproduction et du sanitaire.
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