L’association Air Pays de la Loire, qui assure la surveillance de la qualité de l’air dans la région et l’information du public, a mené, de 2021 à 2023, une étude pilote d’investigation de la qualité de l’air pour la filière méthanisation (projet Epique-FM) (1). Ses objectifs étaient : consolider les connaissances sur les odeurs et la qualité de l’air au niveau des unités de méthanisation à partir d’une évaluation normalisée ; répondre aux questionnements des acteurs de la filière et du grand public afin de contribuer à objectiver le débat sur la méthanisation ; enfin, apporter des conseils techniques aux exploitants pour améliorer la gestion des odeurs au sein de leurs installations. Cinq unités de méthanisation volontaires et représentatives du parc régional ont été sélectionnée (2). Elles sont équipées ou non de bâtiments avec ventilation et bio filtre. Les auteurs de l’étude soulignent que, si les enseignements du projet Epique-FM ne peuvent être extrapolés à l’ensemble de la filière, ils sont toutefois largement communs aux cinq unités étudiées.
Un mois de mesures
Le suivi des polluants a concerné les molécules de méthane (CH4), mais aussi l’hydrogène sulfuré (H2S) et l’ammoniac (NH3). Les mesures ont été réalisées durant un mois (deux semaines pour l’ammoniac), au niveau des habitations les plus proches, situées selon les unités entre 100 et 1 800 mètres – avec une moyenne de 450 m. Résultat : les concentrations relevées ne présentent pas de risque pour la santé des populations riveraines.
Plus précisément, pour le méthane, la concentration mesurée est équivalente au « bruit de fond mondial », soit 1 400 microgrammes par mètre cube d’air (µg/m3), avec des élévations dans la soirée et la nuit où l’atmosphère est moins dispersive. Des pics ont été observés lors d’un dysfonctionnement d’une unité (arrêt temporaire du système de traitement de l’air).
Concernant l’hydrogène sulfuré, le seuil de gêne olfactive de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à savoir 7 µg/m3 pendant trente minutes, a été dépassé à douze reprises, pour une durée totale de six heures sur les cinq mois de mesures cumulés (un mois par unité). Toutefois, la valeur guide pour prévenir les effets sur la santé de l’OMS (150 µg/m3 sur 24 heures) est respectée (avec un maximum mesuré de 6 µg/m3).
Langage des nez
Côté ammoniac enfin, les concentrations plus élevées au niveau des méthaniseurs (22 µg/m3 en moyenne) décroissent rapidement avec la distance jusqu’aux premières habitations (7 µg/m3 en moyenne). La valeur toxicologique de référence de l’Anses (500 µg/m3) est respectée avec un maximum mesuré à 40 µg/m3.
Un dispositif a par ailleurs été mis en place pour le suivi des odeurs en utilisant la méthode standardisée du « langage des nez ». Des experts des odeurs d’Air Pays de la Loire ont été mobilisés sur chaque site pendant deux jours afin d’effectuer un parcours de vingt à trente points d’olfaction à l’intérieur et à l’extérieur de chaque unité de méthanisation. Les odeurs relevées sont issues des phénomènes de fermentation et de dégradation organiques (acide volatil, scatol, ammoniac, notes soufrées). Les secteurs où l’intensité des odeurs est de moyenne à forte sont les zones de stockage et de manipulation d’intrants, les fosses à lisier, fosses à graisse, cuves à boue et trémie. Les secteurs où l’intensité des odeurs est faible sont les digesteurs et post-digesteurs, ainsi que les fosses à digestat. À l’extérieur des unités de méthanisation, où 75 olfactions ont été réalisées sous les vents, l’intensité des odeurs baisse rapidement avec la distance : elle est nulle ou faible au-delà de 200 mètres environ.
Enfin, concernant les trois unités dotées d’un bio filtre opérationnel, les olfactions réalisées montrent un abattement des odeurs proche de 100 %.
(1) Le comité de suivi rassemble l’Ademe, la région, GRDF, GRTgaz, France Nature Environnement, la chambre d’agriculture, l’association AILE et Méthatlantique.
(2) Agribiométhane en Vendée, Derval AgriMéthane en Loire-Atlantique, Rivergaz en Maine-et-Loire, Fertiwatt dans la Mayenne, Centrale biogaz des Terres de Montaigu en Vendée.
Retrouvez l’ensemble des résultats et l’investigation détaillée pour chaque unité sur www.airpl.org, rubrique Rapports, date du 13 juillet 2023.
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