« LE BIPÉDILUVE GARDE LES BAINS EFFICACES PLUS LONGTEMPS »

A LA TÊTE D'UN TROUPEAU DE PRÈS DE 200 VACHES, Jean-Noël Drouet, éleveur dans la Manche, s'est équipé pour la première fois d'un pédiluve en novembre dernier. Pas un bac classique qui se transforme en « merdiluve » après le passage de dix vaches. Son choix s'est arrêté sur le nouveau bipédiluve, commercialisé par la société Multi Service Bovin. Sa particularité est qu'il est divisé en deux pour éviter que les animaux bousent à l'intérieur. Sa conception est relativement simple. Il s'agit de deux bacs en plastique de 2,33 m de long et 32,5 cm de large, l'un pour les pattes de droite, l'autre pour celles de gauche. Ils sont espacés de 25 cm et reliés par une grille en Inox.

Durant deux mois, l'éleveur a testé ce produit et semble satisfait. L'équipement est installé dans le couloir de sortie de la salle de traite rotative. « Je le mets en place chaque semaine, durant deux à trois traites de suite, déclare Jean-Noël. Au début, j'ai dû pousser les vaches car elles hésitaient à marcher à l'intérieur. Mais rapidement, elles se sont habituées. » Il estime qu'environ 80 % des bousats et pissats atterrissent en dehors des pédiluves. Malgré tout, l'éleveur doit prendre soin de changer l'eau du bain après chaque traite. « Une seule fois, je n'ai pas vidangé les bacs durant trois traites. Quelques jours plus tard, certaines vaches ont développé des panaris. » La vidange de l'installation est assez simple. Chaque bac pèse 13 kg et la grille séparatrice 23 kg.

À terme, Jean-Noël compte laisser l'équipement en place en permanence. « J'aimerais nettoyer les pattes des animaux avec de l'eau entre chaque traitement. Mais je me demande si les bacs en plastique ne vont pas se dégrader au fil du temps.

Selon la société Multi Service Bovin, les vaches passent avec plus d'attention dans ce pédiluve, ce qui permet un temps d'application plus long du produit sur les pattes des animaux. « J'ai remarqué que certaines vaches ne posent la deuxième patte arrière qu'une seule fois dans le bain. Je pense qu'il est possible de résoudre ce problème en décalant les bacs, c'est-à-dire en disposant l'un des pédiluves plus en avant que l'autre », déclare-t-il. Les associés du Gaec ont dû s'équiper d'un pédiluve car, depuis la mise en service de sa nouvelle stabulation à logettes, en mars 2008, le troupeau est confronté à une nouvelle pathologie : la dermatite digitée. Également appelée maladie de Mortellaro, elle se caractérise par une ulcération superficielle de la peau située le plus souvent à l'arrière du pied de l'animal, juste au-dessus de la corne. Cette lésion peut également se situer à l'avant du pied ou, plus rarement, entre les deux onglons.

Cette pathologie se manifeste par des boiteries. En plus de soigner individuellement chaque vache touchée, les membres de la société ont décidé de traiter de manière préventive l'ensemble du troupeau en le faisant passer dans un bain désinfectant. Jean-Noël pense que cette maladie a plusieurs origines : « Le rainurage des bétons a été réalisé de manière trop profonde et a tendance à abîmer les onglons des vaches. De plus, notre bâtiment est équipé d'un système de nettoyage des couloirs par hydrocurage, ce qui accentue le problème car les bétons sont très bien lavés. » Cette pathologie serait également due à l'élevage des génisses sur les dunes d'Hatainville, situées sur le littoral ouest du Cotentin. Durant toute leur période de croissance, elles se déplacent sur des sols constitués de sables blancs et de mousse. Leurs sabots ne sont pas habitués au béton.