
EN JANVIER 2006, LE GAEC DE LA HAINAIS S'EST ÉQUIPÉ D'UN CERCLE DE CONTENTION. DEPUIS, LA PRISE DE RISQUE EST MINIMALE QUAND IL S'AGIT DE PESER OU D'EXPÉDIER LES LOTS DE TAURILLONS. LE TRAVAIL EST AUSSI BIEN PLUS EFFICACE.
LES BOVINS N'AIMENT PAS LES LIGNES DROITES. Les faire entrer ou sortir d'un parc est toujours plus facile quand ils le font dans une courbe. De ce constat est né, en Amérique du Nord, il y a plus de dix ans, l'idée d'aménager en bout de ligne droite un parc en demi-cercle, doté d'une porte-barrière pleine, fonctionnant comme l'aiguille d'une montre. En poussant cette paroi dotée d'un système antirecul, l'opérateur peut, en toute sécurité, canaliser un lot d'animaux pour l'envoyer dans un parc.
L'idée reprise et adaptée en France par la société Mazeron a donné le cercle complet de contention, objet d'un brevet en 2005. En réalité, un décagone avec dix parois pleines (fixes ou mobiles, dotées ou non d'une porte). Avantage sur le concept « made in USA », il n'y a pas une, mais deux parois fonctionnant, à l'intérieur du cercle, comme les aiguilles d'une montre. Elles ne viennent plus en butée après un 180°, mais peuvent réaliser une révolution complète de 360° dans les deux sens. Autre subtilité : une seconde paroi est accolée sur une partie extérieure du cercle pour former un couloir de contention.
Les associés du Gaec de la Hainais ont vite compris le bénéfice, en terme de sécurité, à travailler avec un tel dispositif.
Les manipulations d'animaux ne manquent pas sur cette exploitation qui mène de front un troupeau laitier et allaitant, engraisse tous ses veaux mâles et achète trente broutards par an. Séduit par ce concept de contention, le Gaec décide d'investir dans un cercle de 7 m de diamètre avec un couloir de 10,5 m de long, associé à deux parcs d'attente et un quai d'embarquement. Coût total de l'installation avec quatorze barrières mobiles (1 300 €) pour canaliser les animaux jusqu'au cercle : 11 500 € (8 500 € pour le cercle et son couloir).
Ce cercle est installé au coeur des bâtiments où se regroupent les allaitantes et leurs veaux, les génisses charolaises et les taurillons. Logique, ce sont eux qui nécessitent le plus de manipulation (pesée, tri, soins, expédition).
La présence d'anciennes remises a permis d'utiliser des murs existants pour délimiter des parcs d'attente avec un minimum de barrières supplémentaires (voir plan ci-dessus).
« AVANT, LA PRISE DE RISQUE ÉTAIT MAXIMALE »
Le cercle sert aussi pour certaines interventions sur le troupeau laitier mené sur un second site à 700 m en stabulation à logettes (laitières) et aire paillée (génisses) avec une contention plus classique au cornadis. Ainsi, quand il s'agit de contrôler la croissance des génisses et, en même temps, de les vermifuger ou de les vacciner, elles sont ramenées de leurs pâtures sur le site allaitant. L'expédition des réformes laitières s'y opère aussi. « Les animaux sont conduits la veille au soir pour être parqués à trois ou quatre maximum dans l'un des deux parcs d'attente attenants au cercle de contention. C'est le chauffeur qui, dans la nuit, les passe dans le cercle et les embarque, sans notre intervention », explique Patrick Grandierre. C'est aussi pour cela qu'un halogène a été installé.
« La sécurité a été notre principale motivation au départ. Puis, on s'est vite rendu compte du gain de temps procuré », notent les associés. C'est notamment vrai sur les taurillons où la prise de risque était maximale lors des pesées, tous les trois mois, ou des expéditions. « On reculait le camion-bascule dans le couloir de raclage et une personne allait dans la case pour les pousser un à un. Idem pour les expédier : un camion en bout de couloir et, derrière, quelqu'un pour les pousser. Parfois, c'était très risqué. »
DES BARRIÈRES MOBILES POUR CANALISER LES ANIMAUX
Depuis janvier 2006, les pesées se font en toute sécurité et beaucoup plus vite.
« Aujourd'hui, on compte 1 h 30 à trois pour peser 120 taurillons et jeunes veaux. Avant, c'était au moins le double, une matinée à chaque fois… sachant que les veaux étaient regroupés dans une bétaillère installée derrière le camion-bascule. » Pour peser 120 animaux en 1 h 30, à chacun sa tâche.
Au premier d'aller chercher (et ramener) les taurillons dans leur box et les pousser jusqu'au premier parc d'attente. Cela grâce aux barrières de contention mobiles de 3 m installées pour les canaliser jusqu'au cercle. À lui aussi de faire entrer le lot dans le cercle. Au deuxième, installé au milieu des aiguilles, d'envoyer dans le couloir deux à trois bestiaux du lot à la fois. Au troisième, situé à l'extérieur, de pousser les taurillons un à un dans la bascule disposée en bout du couloir. La pesée effectuée, à lui également de les repousser dans le second parc d'attente où le premier opérateur les reprend en main. L'organisation est la même pour les veaux, à la différence qu'il s'agit de gérer non pas des lots de dix jeunes bovins, mais trois de vingt-cinq, quatorze et treize animaux. Le cercle est aussi précieux quand arrive un lot de broutards. Ils y passent directement pour être vaccinés et vermifugés. Pour cela, le camion est reculé jusqu'au quai d'embarquement, comme il le fait maintenant pour chaque expédition de jeunes bovins ou de réformes. « Une quinzaine de minutes suffisent à une personne entre le débarquement d'un lot, les soins et son arrivée en case, remarque Patrick. Avant, c'était au moins trente minutes à deux quand ça allait bien. Tout se passait dans la case en essayant tant bien que mal de coincer les broutards le long d'une barrière. »
Le cercle sert aussi pour les veaux conduits avec leurs mères dans le bâtiment contigu à l'installation. Ainsi, pour les vacciner, le travail s'organise à deux. L'un va chercher les lots un par un et les pousse dans le cercle, l'autre vaccine. « Mais on essaye toujours de vacciner au moment des pesées. »
Même organisation pour brûler les cornes des génisses… une cage à veaux en plus au bout du couloir.
Le cercle est mis à contribution à bien d'autres occasions. Par exemple, lors du nettoyage de l'aire paillée, une fois durant l'hiver. Les mères (d'un des trois lots) sont alors bloquées au cornadis et leurs veaux regroupés dans le cercle où ils ne risquent pas d'être blessés. Puis les mères sont à leur tour rassemblées dans le parc d'attente le temps que le télescopique travaille. Il en est de même pour l'insémination artificielle des génisses allaitantes menées en aire paillée sans cornadis pour leur contention. Le jour J, elles sont regroupées dans le cercle. Ainsi, l'inséminateur, s'il est seul, n'a qu'à les pousser dans le couloir jusqu'à la tête de contention pour opérer.
JEAN-MICHEL VOCORET
(1) Mazeron, tél. : 03.86.33.17.70
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