« LE CHIEN DE TROUPEAU EST UN COMPAGNON DE TRAVAIL PERFORMANT »

Marie-France Durand a suivi un stage de dressage avec sa chienne A'Romy.© D.L.
Marie-France Durand a suivi un stage de dressage avec sa chienne A'Romy.© D.L. (©)

UTILISER UN CHIEN DE TROUPEAU REND BIEN DES SERVICES POUR DÉPLACER LES BOVINS EN TOUTE SÉCURITÉ. MAIS POUR EXPRIMER SES CAPACITÉS, L'ANIMAL MÉRITE UN DRESSAGE RIGOUREUX.

J'AI EU MON PREMIER CHIEN DE TROUPEAU EN 1987, se souvient Marie-France Durand, éleveuse à Fleury dans la Manche. C'était déjà un border collie. À l'époque, je ne l'avais pas vraiment dressé. Il m'aidait surtout à aller chercher les vaches aux prés avant la traite. Ce n'est qu'en 2000, après avoir vu travailler un chien dressé lors d'une démonstration, que j'ai acheté une nouvelle chienne, R'Carla, avec laquelle j'ai suivi mon premier stage de dressage. Cela n'avait plus rien à voir. J'ai appris à faire beaucoup plus de choses : ne ramener qu'une seule vache pour l'isoler ou bien déplacer des génisses d'un pré à l'autre. Le chien apporte un vrai confort de travail et aussi de la sécurité. À l'époque, j'ai même regretté de ne pas avoir suivi ce stage plus tôt. »

« COMMENCER LE DRESSAGE VERS 7 MOIS »

Car créer une vraie complicité entre le maître et l'animal réclame du temps et de l'attention. Vers 2 ou 3 mois commence l'apprentissage de son nom. Régulièrement, il faut le sortir en promenade, mais toujours en laisse dans les premiers temps. Pour être efficace, le chien doit comprendre et respecter plusieurs ordres : « Non », « Stop », « Retour au pied ». Le dressage au contact des bêtes est un travail quotidien qui peut débuter quand le chien a 6 ou 7 mois, à condition que l'animal soit prêt.

Plus jeune, il risque d'être effrayé. Il suffit de l'approcher de temps en temps du troupeau pour observer si le jeune chien est naturellement attiré par les vaches ou si, au contraire, il en a encore peur. Marie-France Durand fait partie de l'Association bas-normande d'utilisateurs de chiens de troupeaux (Abnuct) avec laquelle elle a suivi sa première formation. Cette association, comme il en existe plusieurs en France, travaille avec les chambres d'agriculture et l'Institut de l'élevage. Les stages proposés se déroulent sur quatre à six demi-journées échelonnées sur plusieurs mois. Chaque éleveur vient avec son chien et le formateur les fait travailler au contact du bétail. Un exercice courant consiste à placer un petit lot de génisses à l'intérieur d'un enclos circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre.

Cet enclos est délimité par des piquets et un filet qui empêche le chien de pénétrer à l'intérieur. Dans un premier temps, le maître se positionne à un endroit et le chien doit aller se placer à l'opposé. Certains peuvent se placer correctement d'instinct. Pour d'autres, il faut passer par une phase d'apprentissage. Le maître lui enseigne comment se déplacer en fonction des ordres ou des gestes. Avec le filet, le chien prend l'habitude de toujours contourner le troupeau en maintenant les animaux en groupe. Cet exercice doit être répété quotidiennement jusqu'à ce que le chien maîtrise bien les ordres. Petit à petit, il comprendra s'il doit contourner l'enclos par la droite ou bien par la gauche. Ensuite, il faut continuer en remplaçant le filet par un simple fil de clôture. Si le chien est bien dressé, il doit toujours encercler les animaux sans passer au travers du parc. Quand il obéit suffisamment, le travail en conditions réelles peut débuter, mais de préférence dans un pré clos. Il est généralement recommandé d'attendre que l'animal ait au moins 2 ans et maîtrise bien tous les ordres avant d'aller sur la route.

« J'ai refait le stage en 2005, quand j'ai eu une nouvelle chienne, A'Romy, ajoute Marie-France. Je voulais améliorer mes connaissances. C'est avec les génisses que le chien est vraiment intéressant. Quand nous les changeons de parcelles, nous devons emprunter la route, passer par des carrefours et longer des champs. Je passe devant pour montrer le chemin. Derrière, A'Romy s'occupe de tout : elle guide les bêtes et évite qu'il y en ait une qui s'échappe. Cette chienne m'aide aussi à la traite en allant chercher les vaches qui restent au fond de l'aire d'attente. Tous les soirs, c'est elle aussi qui rentre les volailles. »

« IL FAUT DES EXERCICES QUOTIDIENS JUSQU'À 4 ANS »

La complicité entre la chienne et sa propriétaire est réelle. Elles ont participé déjà à plusieurs concours amicaux ainsi qu'à une épreuve de qualification aux championnats de France. Quand elle a accompli sa mission, A'Romy est récompensée par des caresses : « Je la félicite, je l'encourage en lui disant que c'est bien, mais je ne lui donne jamais de sucres par exemple, c'est une bien mauvaise habitude, précise sa maîtresse. Pas question non plus de la battre si elle commet des fautes, un « Non ! » suffit. Il faut être patient et renouveler l'exercice pour qu'elle comprenne. » Même rigueur aussi pour son cadre de vie. Il faut prévoir un vrai logement pour le chien, comme un chenil ou un garage fermé. En effet, quand il n'accompagne pas son maître, le chien doit être parqué ou au moins attaché. Il ne faut surtout pas le laisser divaguer, car il peut courir après des animaux sauvages, des volailles ou des voitures. Cela permet également de contrôler les phases de contact avec les bovins et ainsi d'éviter que le chien ne devienne un vecteur de maladies (voir encadré page précédente). Le chenil ne doit pas se trouver à proximité des vaches. Il doit mesurer au moins 5 m2 et comporter une niche ou un abri isolé pour les périodes les plus froides. Mieux vaut privilégier un lieu protégé du vent et du soleil direct, et prévoir de l'eau à volonté.

« PRÉPARER LA RELÈVE À PARTIR DE 6 ANS »

Le dressage d'un chien se termine généralement à l'âge de 4 ans, quand il a définitivement forgé son caractère. Sachant que son espérance de vie se situe le plus souvent autour d'une dizaine d'années, il est recommandé de préparer sa succession à partir de 6 ans. Cela laisse le temps au deuxième chien de se former et d'être totalement opérationnel quand le premier est trop vieux pour courir après les vaches.

En 2012, A'Romy a eu une portée dans laquelle Marie-France a gardé un mâle : H'Diégo. Bien qu'elle soit prochainement à la retraite, sa maîtresse l'a tout de même dressé à travailler avec les vaches. « Par passion d'abord, confie-t-elle. Quand je n'aurai plus de vaches, il merestera toujours les volailles et quelques moutons. Aujourd'hui, j'ai deux chiens qui travaillent bien, c'est un vrai plaisir. »

DENIS LEHÉ

Pour déplacer les génisses, l'éleveuse passe devant et la chienne guide les animaux.

© D.L.

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