
Un outil d’aide à la décision récemment lancé par Eilyps analyse les données de chaque parcelle afin de prévoir la date de récolte, le rendement et la teneur en matière sèche. Antoine Sauvée, éleveur en Ille-et-Vilaine, l’a testé et adopté.
«Le maïs, c’est l’énergie qui me permet de produire du lait. Je mets toutes les chances de mon côté pour le réussir », lance Antoine Sauvée, éleveur à Noyal-sur-Vilaine. Aussi, quand Eilyps lui a proposé de tester un nouvel outil d’aide à la décision pour déterminer la date de récolte optimale, il a accepté. C’était en 2022 et, comme lui, une cinquantaine d’éleveurs ont expérimenté Pilote maïs. Ce sont ainsi 13 000 ha de maïs qui ont été suivis.
Concepteur de ce projet chez Eilyps, Laurent Mériaux explique qu’il s’agit à la fois de prévoir la date de récolte, le rendement et la valeur alimentaire du fourrage. «Nous avons travaillé avec un partenaire pour établir ces prévisions sur la base de nombreuses données », explique-t-il.
Les éleveurs participant ont choisi chacun 4 parcelles d’au moins 3 ha et ont renseigné la date de semis, la densité, la variété, son indice de précocité et, le cas échéant, le recours à l’irrigation. Ces parcelles ont été géolocalisées afin d’obtenir leurs images satellites, tous les deux à cinq jours selon les zones. Bien évidemment, ces photos ne sont pas disponibles quand le temps est nuageux. Les données météo de la station la plus proche ont été recueillies tous les jours. Il s’agit de la température, sur une base 6-30 °C, et de la pluviométrie. En moyenne, le territoire est bien quadrillé avec une station pour 25 km2.
Un rapport toutes les semaines
Un algorithme analyse les photos et évalue la biomasse par zone sur chaque parcelle. Un deuxième valorise l’ensemble des autres données pour calculer l’avancée de la culture. Les analystes confrontent les conclusions des deux et étudient leur cohérence.
Un premier rapport est envoyé aux agriculteurs trois semaines après le semis. Les autres suivent au rythme d’un par semaine. On y trouve les données météo enregistrées depuis le semis (pluviométrie, nombre de degrés/jours) pour chaque parcelle (voir ci-contre) et en moyenne sur l’exploitation. Les mesures de l’année précédente et la moyenne sur dix ans sont aussi indiquées.
«J’ai l’habitude de surveiller la levée en allant directement dans mes champs tous les deux jours et j’ai continué avec Pilote maïs», précise Antoine. Il n’a donc pas beaucoup utilisé les premiers rapports, mais il a quand même regardé les images satellites. « Au début, si l’on voit des zones très vertes, on peut supposer que le désherbage n’a pas bien fonctionné partout. C’est localisé et donc, c’est quelque chose que je ne vois pas forcément par moi-même. »



Premières prévisions mi-juillet
À partir de mi-juillet, le rapport donne des estimations de la teneur en matière sèche et du rendement, pour chaque parcelle, ainsi qu’une prévision de la date de récolte pour un fourrage à 32 % de MS. « Même si les orages et coups de chaleur éventuels à venir peuvent modifier ces prévisions, elles donnent déjà une première idée »,souligne Franck Roussière, manager de territoire chez Eilyps.
À ce stade, Antoine examine les rapports dès leur arrivée. « Même si je continue à observer les parcelles, les apparences sont parfois trompeuses. Les plantes peuvent paraître sèches en bordure de parcelle alors qu’elles sont beaucoup plus vertes à l’intérieur», constate-t-il. Les photos montrent bien ces écarts intra- parcellaires et pour l’éleveur, cette vision globale est rassurante.
Il remarque que ces informations apportent bien plus de précisions que les analyses de matière sèche réalisées sur quelques plants en fin d’été. « On choisit quelques pieds et je pense qu’on a tendance à prendre les plus beaux. On ne peut pas avoir d’informations représentatives de la parcelle avec cette méthode », estime-t-il.
Reste ensuite à réaliser le chantier de récolte au bon moment. Les éleveurs disposant de Pilote maïs sont souvent les premiers à réserver une date auprès de leur Cuma ou ETA. Antoine n’a pas strictement suivi les préconisations. « Pour mon maïs denté farineux, je vise plutôt 35-36 % de MS. Pour le maïs grain, j’apprécie de suivre l’évolution de la teneur en MS, ça permet de réduire le temps de séchage.» La présentation des rapports donne les dates de récolte pour différents taux de MS, à l’éleveur de décider.
Une bonne fiabilité
L’ensemble des résultats est disponible sur une plateforme accessible aux conseillers Eilyps, un outil supplémentaire pour eux. L’an dernier, sur 530 parcelles suivies, l’écart moyen entre les prévisions et la réalité du rendement se limitait à 0,1 t de MS. Les prévisions se révèlent un peu plus difficiles dans les situations extrêmes, quand les rendements sont très bas ou très élevés. Chez Antoine, le rendement réel est au niveau des prévisions. Le service de suivi continu du maïs se poursuit après la récolte. Le fourrage est analysé et l’éleveur est conseillé pour établir la ration.
En 2023, ce sont 530 éleveurs qui ont adopté l’outil. Le forfait à 390 € comprend le suivi de 4 parcelles d’une surface minimale de 3 ha et la réalisation de deux analyses de qualité nutritionnelle du fourrage. Il est possible d’ajouter une parcelle pour 40 €. Antoine l’a adopté. Il estime le coût d’un silo entre 45 000 et 50 000 €. Ensiler trop tard coûte très cher en perte de lait mais aussi en charges supplémentaires.
Franck Roussière observe que 20 % des adhérents d’Eilyps ensilent trop tard et dépassent les 38 % de MS : « C’est le cas régulièrement, on retrouve ce chiffre en 2022, puis en 2023, des années climatiques très différentes. » Tous ces éleveurs rentabiliseraient facilement Pilote maïs.
Mieux connaître ses parcelles
Comme d’autres agriculteurs ayant utilisé ce service, Antoine y trouve des intérêts qui vont au-delà des prévisions. « J’ai des parcelles dans lesquelles je vois des zones où ça pousse mal. Sur les photos, on repère très bien les endroits où il y a eu des talus, du stockage de fumier, des passages de tracteurs, etc. », raconte-t-il. Mais il ne parvient pas toujours à comprendre ce qui explique ces écarts de productivité. Il souhaite repérer ces endroits et envisage d’y effectuer des analyses de terre. Cette meilleure connaissance des potentiels de rendement par zone lui permettra d’adapter ses pratiques, pour l’épandage des effluents par exemple. Il repère aussi les zones affectées par le manque d’eau et suppose que l’outil peut être utile pour optimiser l’irrigation.
« Je pense continuer à utiliser ce service dans les prochaines années. J’aimerais le faire sur la totalité de mes parcelles.» Ce suivi continu lui serait également bénéfique pour d’autres cultures. Et il trouverait intéressant de pouvoir prévoir les dates de récolte d’herbe. A minima, les données météo seraient utiles, même si, dans le cas de l’herbe, la date de fauche reste très liée à la météo.
L’outil est susceptible d’évoluer avec le temps. Les analyses de sol, la fertilisation et le précédent cultural pourraient être intégrés. Certains éleveurs voudraient un repérage des zones attaquées par les mouches. Cependant, dans l’immédiat, Eilyps souhaite consolider ce service avant d’en multiplier les fonctionnalités.
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