Engraisser ou vendre du maigre ? Pour se décider, les instituts techniques ont fourni tout une matrice de données permettant d’estimer l’intérêt de la finition selon les différents niveaux de prix du broutard et du jeune bovin. Des exemples de coûts alimentaires permettent également d’affiner l’analyse de la rentabilité d’un potentiel projet.
« La seule catégorie de bovin dont les abattages progressent en France, c’est le JB », explique Maximin Bonnet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage. Depuis 2023, les mises en place de jeunes bovins progressent dans l’Hexagone. Motivés par la hausse des prix de la viande, certains éleveurs se lancent dans l’engraissement porté par des abatteurs avides de minerai pour maintenir leurs outils de production. Si bien qu’en 2024, entre relocalisation de l’engraissement et baisse des cheptels, « l’export de maigre a reculé d’environ 6 % ».
Le jeu en vaut-il la chandelle ? Qui dit hausse du prix du bovin fini… dit hausse du prix du maigre ! « En janvier 2025, on a eu une forte hausse du cours du broutard, et l’on ne sait pas si l’on aura la même hausse sur le prix du JB dans un an », commente l’économiste. Avec la fin du ramadan, la demande en viande bovine pourrait sensiblement se restreindre. Mais le marché reste porté par la compaction du cheptel. « Nous avons une baisse des naissances allant de 5 à 9 % selon les mois ».
Si l’on regarde les résultats comptables des exploitations, l’engraissement est rentable. « Sur la période 2019-2023, les naisseurs engraisseurs dégagent en moyenne 1,6 Smic/UMO, là où les naisseurs sont autour de 1,3 », lance Stéphane Passerieux, du service production de viande à l’Idele. Finir ses animaux reste une manière de capter de la valeur ajoutée. Mais pour piloter son atelier d’engraissement, mieux vaut avoir quelques données chiffrées en tête.
Trouver un équilibre entre durée d’engraissement et coût de la ration
« La maîtrise technique est essentielle pour optimiser la rentabilité », explique Joël Martin, conseiller bovin viande pour la Chambre d’agriculture des Ardennes. Les GMQ à l’engraissement peuvent aller de 1 400 g, avec une ration à base d’ensilage de maïs peu complémentée, jusqu’à 1 600 g en Charolais grâce à des mélanges avec davantage de céréales. Tout l’enjeu est donc de trouver un compromis entre l’efficacité de la ration et son coût. Pour ce faire : regarder le coût total de l’engraissement sur la durée plutôt que le coût journalier.
Avec un blé à 190 €/t, une ration céréales avec un GMQ de 1 600 g revient à 561 € par JB. C’est, au total, 15 € de plus qu’une ration à base d’ensilage de maïs à 1 400 g de GMQ. Mais la ration céréales a également l’avantage de libérer la place plus vite, avec un delta de 40 jours sur les durées d’engraissement entre les deux groupes. Attention toutefois, certaines rations sont plus techniques à conduire que d’autres. « S’il y a beaucoup de céréales, on risque l’acidose. Il faut être sûr de bien maîtriser le système pour éviter d’avoir des pertes par ailleurs », poursuit le conseiller.
Au-delà de la gestion du coût alimentaire, tout l’enjeu est de ne pas se faire rattraper par la hausse du cours du maigre, le jeune bovin étant traditionnellement moins cher en France qu’en Italie. Pour ce faire, l’Institut de l’élevage a calculé des seuils de rentabilités.
Avec un coût alimentaire fixé à 530 €/JB, et en intégrant les frais annexes (soins, paillage…) pour un total de 683 € par animal, les conseillers proposent un prix minimum pour le JB, fonction du prix d’achat du broutard.
À coût alimentaire fixe, un broutard acheté 1 400 € devra être vendu autour de 5 € fini pour assurer la rémunération de l’éleveur à hauteur de 2 Smic. Pour intégrer en plus le remboursement d’une annuité (bâtiment par exemple), il doit approcher les 5,35 €. Ces estimations valent pour un broutard charolais de 340 kg avec un poids de sortie de 450 kg carcasse.
Si le prix du broutard continuait sa hausse, admettons 1 550 € l’animal, le JB devrait être valorisé dans les 5,70 € le kilo pour intégrer la rémunération à hauteur de deux Smic, ainsi que le remboursement d’annuités.
Intégrer les fluctuations des coûts alimentaires
Reste ensuite à faire vivre ce modèle selon la conjoncture et les performances de son exploitation. « Si le coût de la ration journalière augmente de 10 centimes, il doit être compensé par une hausse de 6 centimes sur le prix du JB fini », détaille Joël Martin. Compter également un delta de 10 centimes sur le prix de revient du JB par tranche d’évolution du GMQ de 100 grammes.
« L’essentiel est de comprendre la méthode pour ensuite la transposer à son contexte et suivre la rentabilité de son atelier »
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