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Image, revenu…Malgré leurs inquiétudes, ces jeunes passionnés croient en l’élevage

jeunes éleveurs bovins dans l'Oise
Six des huit jeunes filmés travaillent dans la filière bovine lait ou viande. (©JA Oise)

Jeunes éleveurs, salariés agricoles, agents de remplacement, étudiants… tous vouent une même passion à l’élevage, non sans lucidité ni craintes par rapport aux difficultés économiques et aux critiques qui remettent son avenir en cause. Voilà ce qui transparaît de la mini-série vidéo, diffusée par Jeunes Agriculteurs de l’Oise sur les réseaux sociaux de fin mai à fin août.

Camille, étudiante : « On aime nos animaux, les gens n’en ont pas conscience »

Camille Letouvet, à Saint-Quentin-des-Près, étudiante en première année de Bac pro CGEA, a ouvert le bal de la mini-série vidéo « L’élevage, on y croit » de Jeunes Agriculteurs de l’Oise, diffusée depuis fin mai sur les réseaux sociaux, sur la chaîne Youtube @JeunesAgriculteursdelOise notamment.

Par la suite, la jeune fille souhaite poursuivre sa formation en BTS Acse pour « reprendre l’exploitation familiale », qui compte 75 vaches laitières Prim’holstein et une quarantaine de mères allaitantes charolaises. Passionnée, elle n’en est pas moins lucide sur les difficultés de l’élevage et sa mauvaise image.

« Les gens pensent qu’on s’occupe mal de nos animaux. Ils ne se rendent pas compte de l’amour qu’on a pour eux et de tout le travail qu’on abat autour. En plus, les éleveurs ne sont pas bien payés alors beaucoup baissent les bras », regrette-t-elle.

Ce qu’elle apprécie, en particulier, dans son futur métier : les vêlages, « émouvants, dans les deux races », mais aussi les concours. D’ailleurs, elle a gagné cette année le concours régional de pointage charolais qui lui a permis de participer au CJAJ (Concours de jugement d’animaux par les jeunes) au salon de l’agriculture.

Vincent, jeune installé : « L’élevage critiqué pour l’environnement, qui en a besoin »

Mêmes constats et inquiétudes du côté de Vincent Smessaert, qui élève depuis un an 160 vaches laitières à Pisseleu, avec deux associés et deux salariés.

« On est critiqué de partout », sur le plan environnemental en particulier, « mais nous avons besoin de l’élevage pour limiter les émissions de carbone, via l’entretien des prairies, ce qui contribue aussi à préserver les paysages », fait-il remarquer. Avant d’ajouter : à l’avenir, « on consommera peut-être moins de viande et de lait mais on en consommera toujours ».

Il insiste sur « la passion et motivation » qu’il faut pour être éleveur, ainsi que sur l’importance d’avoir les yeux rivés sur les résultats économiques. Avec la hausse des charges, alimentaires entre autres, et le prix du lait qui fluctue, il faut être de plus en plus « un bon gestionnaire », conseille-t-il.

Alors pour « avoir des vaches toujours au top et se démarquer », il mise sur la génétique, dont il est féru. « Aujourd’hui, il y a beaucoup moins d’élevages, alors il va falloir qu’on se serre les coudes pour renouveler les générations d’éleveurs, sinon ça va être compliqué dans les années futures », exhorte le jeune producteur.

Alexandre, jeune éleveur : « En travaillant en élevage, j’y ai pris goût »

Alexandre Migeon, éleveur laitier bio à Pierrefitte-en-Beauvaisis, est lui aussi préoccupé par les critiques de la société. « Face à cela, on ne peut pas faire mieux, plus naturel, que des vaches dans les prairies », juge-t-il. C’est pourquoi le jeune homme mise sur l’herbe et le pâturage : sur 110 ha de SAU, 90 ha sont des pâtures. Pas étonnant que la période qu’il préfère soit celle où les animaux sont dehors et la récolte des fourrages.

« S’ils sont de bonne qualité, les bêtes le redonnent l’hiver en produisant du lait de bonne qualité également », estime Alexandre. Pour « des vaches plus autonomes au pré », il croise des Rouges flamandes avec des Jersiaises. Car on l’a compris, la production laitière est sa « priorité : inséminations, vêlages, traite et surveillance des bêtes, le tout avec le maximum de bien-être animal », précise-t-il.

Avant son installation, lorsqu’il s’est inscrit au service de remplacement, il ne voulait pas travailler avec des animaux. Employé malgré tout chez un producteur laitier bio, il y a « pris goût ». « Cette personne m’a vraiment donné l’envie du bio et de revenir à l’élevage », insiste-t-il.

Son autre crainte cependant, outre le regard négatif du grand public : « les grandes surfaces, qui font tout pour couler les éleveurs et sont prêtes à aller chercher des produits laitiers, ne respectant pas les mêmes normes, à l’étranger. » Il conclut malgré tout : « Si on a la passion et l’envie, faut y aller ! Pas tête baissée bien sûr… Faut en vouloir et y aller quand même. »

Fabien, salarié : « Je m’attache aux animaux comme si c’étaient les miens »

Fabien Frebourg, salarié agricole sur deux exploitations bovines, laitière à la Neuville-Vault et allaitante (50 mères) à Milly-sur-Thérain, mais aussi exploitant à côté depuis trois ans, n’est pas du milieu mais celui-ci l’a toujours intéressé, surtout le contact avec les animaux. La polyvalence du salariat lui convient parfaitement. « Je fais de tout, des travaux de plaine comme d’élevage », appuie-t-il.

Il déplore qu’une profession aussi « indispensable » soit « montrée du doigt ». « Si elles étaient maltraitées, nos bêtes ne seraient pas si dociles. Elles sont mieux soignées et considérées que certains humains dans le monde », enchaîne-t-il. « Je suis salarié, je ne suis pas chez moi mais je m’attache aux animaux comme si c’étaient les miens. » Sans surprise, il affectionne particulièrement la mise à l’herbe, « les voir courir dans tous les sens, se défouler ».

La paperasse, pas du tout ! « Des fois, on doit passer la journée entière au bureau ! Au lieu de la simplification de la nouvelle Pac, ce sont des contraintes en plus ! Toutes ces évolutions incessantes sont pesantes. »

Il ne s’en cache pas, il est inquiet quant à « l’avenir de la filière avec la conjoncture difficile, le prix du lait payé par les laiteries », trop bas par rapport à la charge de travail et aux charges qui augmentent (aliment, mécanisation). Si bien que de nombreux enfants d’éleveurs ne veulent pas reprendre le flambeau. « Cette partie de l’Oise, proche de la Normandie, était une région d’élevage mais ça va se perdre », redoute-t-il, avant de résumer. « Malgré ce que j’ai dit, faut y croire, ne pas baisser les bras, même si des fois on veut tout arrêter. Il faudra toujours des éleveurs et des agriculteurs ! »

Maya, agent de remplacement : « Apporter mon soutien aux éleveurs et à l'élevage »

Titulaire d'un Bac pro CGEA et d'un CS lait, Maya Ansel est agent de remplacement depuis six mois. « J'aime être au milieu des animaux, c'est venu comme ça », indique-t-elle. Un quotidien dans lequel elle « apprend plein de choses » en « plein d'élevages, de producteurs, de bêtes, d'équipements, de modes de travail différents ». Soucieuse de la mauvaise image du secteur, « j'essaie d'apporter mon soutien aux éleveurs et à l'élevage, en leur permettant de prendre un peu de repos ».

Hugo : « 

Hugo Lavisse, en production allaitante (système naisseur), est à la fois salarié de la ferme familiale à Catillon-Fumechon (80 mères charolaises et une vingtaine de bœufs de Kobé ou Wagyu) et installé à son compte à Bailleul-le-Soc. Au départ plus intéressé par les cultures, il s'est impliqué de plus en plus dans l'élevage suite à la diversification en 2019 dans la race japonaise, plus persillée et plus chère, et au lancement dans la transplantation embryonnaire. « C'est dommage d'acheter de la viande à l'étranger, de ne pas consommer local alors qu'il y a de la viande produite en France. D'ailleurs, on aura toujours besoin de viande en France, alors si vous voulez vous lancer... » 

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