L’étude du réchauffement climatique sur les exploitations laitières bretonnes par le centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture laisse entrevoir trois options d’adaptation pour ce type d’exploitation. Extrait du rapport AFClim.
La production laitière de l’exploitation étudiée repose en grande partie sur une alimentation par de l’ensilage de maïs. Or, cette culture pourrait être pénalisée par le changement climatique. Son impact réel sur la production de maïs reste toutefois incertain. Plusieurs situations contrastées, de la plus favorable à la plus défavorable, sont donc prises en compte dans le jeu d’options d’adaptation de l’exploitation présenté ci-dessous.
Option 1 : Valoriser le surplus hivernal d’herbe et ensiler une partie des céréales pour compléter la ressource fourragère
Tout en continuant de bénéficier d’apports fourragers en maïs importants, dans le cas où les besoins en eau de cette culture peuvent être satisfaits, il s’agirait d’adapter les modes d’exploitation de la ressource herbagère au décalage des périodes de pousse induit par le changement climatique et de mobiliser la ressource en céréales les années difficiles.
Concrètement, il s’agira de valoriser la croissance de l’herbe supplémentaire de fin d’automne, d’hiver et de début de printemps, notamment par le pâturage. La disponibilité de ce surplus de production pourrait toutefois être limitée par des précipitations devenues plus importantes, entraînant de mauvaises conditions de portance des prairies. L’aménagement et l’entretien des accès aux parcelles devront donc être bien assurés (chemins de bonne qualité, parcellaire organisé, etc.). La gestion de l’alimentation au cours des périodes estivales sèches, devenant plus fréquentes, plus longues, voire plus prononcées, devra être adaptée, en particulier par le recours à des stocks plus importants constitués pendant les périodes de forte production d’herbe.
Les besoins en fourrages pourraient également être complétés par un ensilage de céréales immatures, récoltées au stade laiteux-pâteux, convenant bien aux animaux en croissance ou aux vaches laitières lorsqu’il est associé à de l’ensilage d’herbe. Il s’agit ainsi de miser sur la complémentarité avec les céréales à paille récoltées en grains dans des conditions favorables et ensilées en cas de printemps « séchant ».
Finalement, sans modification de la structure, l’exploitation devra optimiser la gestion de ressources déjà exploitées, dont les quantités restent relativement stables, pour satisfaire les besoins fourragers de son cheptel laitier.
Option 2 : Développer les cultures fourragères résistantes à la sécheresse, comme les prairies multi-spécifiques
Dans un contexte où le manque d’eau prononcé entraînerait une diminution drastique, voire l’abandon de la production de maïs ainsi qu’une forte diminution de la production d’herbe des types de prairies actuellement implantées (Rga notamment), l’exploitation pourra avoir recours à des cultures plus résistantes à la sécheresse et diversifier ses assolements pour continuer à satisfaire les besoins en fourrages nécessaires à sa production laitière.
Le ray-grass d’Italie (ou hybride), plante quasi-annuelle, pourrait se substituer au maïs fourrage. Associé à des légumineuses, il pourrait tout à fait profiter de conditions plus douces et humides de l’automne, d’hiver et de début de printemps, permettant une production importante avant le déficit hydrique estival. La luzerne, dont la production croît actuellement, notamment en Bretagne, pourrait également être mobilisée. Il en va de même des prairies multi-espèces, composées de graminées et légumineuses donnant des productions inter-annuelles assez régulières. Bien que présentant de plus faibles valeurs fourragères, la fétuque ou le dactyle, plus résistants à la sécheresse, pourront être utilisés dans la composition des prairies multi-spécifiques. Enfin, selon les avancées de la sélection variétale, l’implantation de sorgho, dont les rendements projetés apparaissent à la hausse (Brisson et Levrault, 2010) pourrait être envisagée.
Finalement, la forte diversification pourrait augmenter la résilience du système de cultures et donc la régularité de la production fourragère. Il y a cependant peu de visibilité sur les niveaux de production atteignables, si bien que l’exploitant pourrait être contraint d’adapter à la baisse la taille de son cheptel.
Option 3 : Diminuer la spécialisation laitière par le développement des cultures de vente céréalières
Les incertitudes pesant sur les capacités d’approvisionnement en fourrage pourraient amener l’agriculteur à revoir l’orientation de son exploitation en diminuant drastiquement, voire en abandonnant, la production laitière. La part des cultures de vente dans l’assolement serait donc étendue, en substitution partielle ou totale des surfaces précédemment destinées au maïs fourrage. La production céréalière pourrait être destinée à la production d’alimentation animale pour les élevages de monogastriques de la région, dont les effluents pourraient être répandus sur les surfaces en culture de l’exploitation. Cette « céréalisation » de l’exploitation pourrait être toutefois limitée face à la difficulté de mettre en culture certaines parcelles aujourd’hui implantées en prairies. L’exploitant serait donc contraint de maintenir un petit atelier d’élevage bovins-lait, voire bovins-viande pour continuer à valoriser ces surfaces.
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