De 46 vaches et un quota de 400.000 litres l’an dernier, l’Earl Gabelle-Geneau envisage de passer à 80 vaches et 700.000 litres dans trois ans. Rencontre avec Philippe et Jean-Pierre sur leur exploitation.
« Ca y est, c’est signé ! Nous avons trois ans pour augmenter la production de 300.000 litres », s’engage Philippe Geneau. A 33 ans, il vient tout juste de s’installer à Sommaing-sur-Ecaillon dans le Nord (59) sur la ferme de Jean-Pierre Gabelle, de 20 ans son aîné.
Simon Gabelle, le fils de Jean-Pierre, avait prévu de reprendre le flambeau avec Philippe. « Mais finalement, au dernier moment, je ne me voyais pas faire ce métier toute ma vie », réalise Simon qui a repris ses études. Sans ce projet d’installation, il y a bien longtemps que Jean-Pierre Gabelle aurait arrêté le lait, comme l’ont fait ses voisins. Lorsqu’il s’est installé il y a 28 ans, il y avait encore une dizaine de producteurs de lait dans le village, aujourd’hui, il est le dernier.
Trois fois plus de lait que prévu
En 1999, Jean-Pierre a vu large. Il a construit un bâtiment de 100 logettes pour ses 45 vaches laitières, les taries et quelques bœufs. Un investissement que les associés ne regrettent pas aujourd’hui. Le troupeau est passé de 46 à 60 vaches l’an dernier afin de produire les 80.000 litres accordés au titre de l’attribution Jeune agriculteur.
« Durant le projet d’installation, nous pensions récupérer 100.000 litres au maximum. Et puis Sodiaal Union Nord a proposé jusqu’à 300.000 litres de plus aux jeunes installés qui souhaitent produire davantage après avril 2015, explique Philippe Geneau. C’est ce que nous avons fait, et au final on devrait se retrouver avec près de 700.000 litres à produire. Plus vite on honorera notre contrat, mieux ce sera, mais nous ajusterons la vitesse en fonction du prix du lait : à 400 €/1.000 litres, on se dépêchera d’acheter des vaches ! »
Trouver des vaches
En effet, les associés n’ont pas eu le temps d’anticiper le renouvellement du troupeau. Ils ont commencé à poser quelques doses sexées, et ont acheté cinq fraîches vêlées l’an dernier mais la qualité des animaux fût décevante. La moyenne d’étable oscille autour de 9.000 litres par vache.
En agrandissant le troupeau, les éleveurs pensent pouvoir faire des économies d’échelle. Avec des logettes sur matelas, le temps d’entretien ne sera pas beaucoup plus long. Idem pour les vêlages, ils ne s’en s’occupent quasiment pas, notamment grâce à l’utilisation de taureaux "vêlages faciles". Par contre, avec 80 vaches, la traite va commencer à être longue dans la fosse de 2*6 postes. Il faudra sans doute construire une salle de traite à côté du bâtiment, voire un robot, rien n’est exclu. D’autres projets sont déjà en cours : les associés viennent de déposer un permis de construire pour une nurserie afin de démanger les génisses, actuellement logées dans l’ancien corps de ferme au centre du village.
Notre objectif est d’arriver à conserver un week-end de libre sur deux
Du volume pour gagner en qualité de vie
Si Jean-Pierre et Philippe souhaitent augmenter les volumes de lait, c’est paradoxalement pour gagner en qualité de vie. « Notre objectif est d’arriver à conserver un week-end de libre sur deux, espère le jeune père de famille. Le lait supplémentaire devrait nous permettre de payer un salarié, au moins à mi-temps. Mais s’il pouvait travailler le samedi et le dimanche ça serait encore mieux ! »
« Je serai de moins en moins dans les champs et de plus en plus avec les vaches, concède Philippe. Hormis quelques périodes de pointe, je pense que nous devrions réussir à gérer le travail. Le problème, ça reste les week-ends. »
Simplifier l’assolement
Pour réduire la charge de travail, Jean-Pierre a simplifié l’assolement des 130 hectares de cultures en supprimant l’escourgeon et la betterave. Le remembrement de certaines parcelles et l’achat d’un pulvérisateur automoteur ont également permis de gagner du temps au quotidien. L’agrandissement du troupeau n’est pas limité par les surfaces d’épandage et de stockage des déjections.
La complémentarité entre les cultures et l’élevage est l’un des atouts de l’exploitation. Et cette année, heureusement que les vaches laitières étaient là pour équilibrer le maigre chiffre d’affaires généré par les cultures. « La demande mondiale en lait reste forte, mais nos voisins européens sont sans doute davantage prêts à produire plus que les éleveurs français, estime Jean-Pierre Gabelle. A notre échelle, on ne peut pas savoir ce que l’après quotas nous réserve. Mais en agriculture comme ailleurs, il faut progresser. Si on n’avance pas, on recule. »
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