Le super panaris, lésion décrite pour la première fois dans les années 1990, doit être traité particulièrement rapidement. La réactivité de l’éleveur peut faire la différence.
L’éleveur m’appelle pour une vache qui boite. Elle présente une enflure symétrique et douloureuse du pied au niveau de l’espace interdigital, de la couronne et du pâturon. Ce matin, une fissure nécrotique de la peau interdigitale est apparue. L’évolution a été très rapide. La plaie a une odeur nauséabonde et nécrotique. Ce n’est pas bon signe. Je prescris des antibiotiques, mais deux jours plus tard, l’éleveur me rappelle. Il n’y a aucune amélioration malgré le traitement, ce qui ne devrait pas être le cas pour un panaris classique. L’évolution est ici très rapide avec clairement une atteinte des tissus profonds. Je soupçonne « un super panaris », soit un panaris qui ne guérit pas, avec souvent la réforme de l’animal à la clef. J’ai un cas environ tous les deux ans dans ma clientèle. Il en existe trois formes : suraiguë sévère, incurable médicalement et une forme épidémique.
Dans la forme suraiguë sévère, l’évolution est parfois foudroyante. La vache est dans un piteux état, avec une atteinte sévère de l’état général 48 heures après l’apparition des premiers signes.
Traiter rapidement
Je me souviens d’un cas où la vache est morte avec des lésions approchant ceux d’une mammite suraiguë – sans mammite associée ! –, avec les reins couverts de pétéchies et le foie mou d’une couleur « feuille morte » (foie toxinique), comme lors d’une bactériémie. Quant à la forme épidémique qui touche plusieurs animaux dans le troupeau, il me semble que sa fréquence d’apparition augmente, avec un cas tous les deux ans. Une collègue m’a signalé celui d’un troupeau où 27 vaches étaient touchées sur 135 en deux mois avec des pertes d’onglon chez cinq d’entre elles.
Fréquence des apparitions en hausse
Le super panaris serait dû à plusieurs facteurs, notamment bactériens et environnementaux, mais ce ne sont que des hypothèses pour le moment. Quoi qu’il en soit, je trouve qu’il est de plus en plus fréquent dans ma clientèle. Plusieurs hypothèses pourraient expliquer cela : une mutation des bactéries responsables de la maladie devenant alors très virulentes ; une résistance acquise de leur part aux antibiotiques ; ou encore des éleveurs qui ne traitent pas assez vite et un possible mauvais dosage des antibiotiques à administrer par l’éleveur.
Parmi les bactéries isolées de lésions de panaris, il y a Fusobacterium necrophorum ssp necrophorum, sans doute le pathogène principal avec de nombreux facteurs de virulence. Cependant, une lésion ou du moins une fragilisation de la barrière de la peau doit exister aussi pour que la bactérie s’installe (humidité, traumatismes, manque d’hygiène…), ou d’autres bactéries doivent être présentes.
L’alimentation pourrait jouer un rôle, notamment dans les cas d’acidose ruminale, de même que des pédiluves mal entretenus, la qualité des chemins, etc. Il pourrait y avoir aussi des panaris détectés très tardivement qui évoluent mal. Pour cet élevage, seule une vache a été atteinte. Le traitement aux antibiotiques n’a pas suffi. Cinq jours après ma visite, le pied est dans un état de dégradation avancé. Les deux onglons se déchaussent et la circulation sanguine est interrompue par l’inflammation. La vache sera euthanasiée. Un Observatoire national des super panaris (Onasup) (1) a été créé à ce sujet pour que les éleveurs puissent faire remonter leur(s) cas afin de mieux comprendre cette pathologie.
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