Les méteils ont un intérêt dans des rations vaches laitières, tout particulièrement dans les secteurs où le maïs est soumis à un risque sécheresse. Ils assurent le stock fourrager. Mais sont-ils une bonne solution technico-économique ? Calculs et éléments de réponse du BTPL.
Avec les coups de chaleur répétés en été, la place du maïs est remise en question. Certains se demandent même s'il ne faut pas l’abandonner complètement comme base de l’alimentation des vaches laitières. Pour assurer la sécurité fourragère, il faut alors imaginer une ou plusieurs alternatives. Les méteils sont une des options possibles. Mais avant de semer, il faut définir l’objectif : est-ce que je cherche uniquement du volume, ou plutôt une bonne valeur protéique ? Tous les mélanges sont possibles, reste à connaître les coûts.
De 70 à 100 €/t MS pour les méteils
Approche d'un coût moyen de production des méteils (moyen car panel très large des pratiques et coûts induits) - données du BTPL :
Rendement (t MS/ha) | Coût (€/ha) | Coût (€/t MS) | Pertes | Coût avec les pertes (€/t MS) |
6 | 699 | 116 | 10 % | 128 |
8 | 699 | 87 | 10 % | 96 |
10 | 699 | 70 | 10 % | 77 |
12 | 699 | 58 | 10 % | 64 |
Pour approcher ce coût, la méthode retenue s’appuie sur la prise en compte de trois grandes charges : charges opérationnelles annuelles + implantation + récolte. Pour les deux dernières, ces charges sont appréciées à partir du dernier barème d’entraide connu pour les matériels utilisés. Les coûts peuvent être affinés individuellement selon le coût réel du matériel utilisé. La main d’œuvre n’est pas comptée (sauf la main d’œuvre des travaux par tiers - entreprise avec chauffeur).
- Charges opérationnelles | 240 € |
Semences | 150 € |
Engrais et traitements | 90 € |
- Loyer / fermage | 120 € |
- Implantation (hors irrigation) | 83 € |
- Récolte | 256 € |
Total des charges | 699 € |
Dans le calcul, un loyer est compté pour les terres y compris celles en propriété. Un pourcentage de perte est affecté selon le type de récolte (ensilage, enrubannage…). En revanche, les charges inhérentes au stockage (silo, hangar…) ne sont pas prises en compte. Un silo neuf a surtout un impact sur la trésorerie. En prenant une durée de vie de 20 ans, il représente + 2 à 3 €/1 000 l. Les frais de distribution à l’auge ne sont pas comptés ici mais pourraient être pris en compte. Le besoin d’équipement est lié au système, simplifié en système extensif ou plus conséquent en système intensif.
Les charges opérationnelles annuelles sont les plus simples à calculer. En reprenant les factures d’intrants ou le dernier bilan comptable : factures de semences + produits traitements / désherbage + achats d’engrais minéral.
Les charges d’implantation sont moins faciles à appréhender. Elles recouvrent toutes les interventions de préparation des sols et de semis : épandage du fumier, frais de mécanisation pour la préparation du sol, de semis et de fertilisation. Et pour les zones concernées, les frais d’irrigation sont ajoutés.
Enfin les charges de récolte, elles recoupent les factures d’ensilage ou fauche (si enrubannage), le transport et les frais de tassage. Les achats de conservateurs, ainsi que les bâches et ficelles y sont ajoutés. Les conservateurs acides sont indispensables pour une bonne conservation (tiges creuses des céréales et peu de sucres solubles).
Volume ou valeurs alimentaires : que cherche-t-on ?
En fonction de la zone géographique, le potentiel de rendement dilue plus ou moins le coût à l’hectare. Les céréales font une grande part du rendement. Plus la proportion de céréales est importante dans le mélange semé, plus le volume pourra être élevé, mais au détriment de la valeur du fourrage.
Il ne faut pas oublier non plus que la valeur alimentaire des méteils est très variable. Il est important de savoir ce que l’on veut récolter : est-ce que l’on cherche du volume ou surtout de la valeur ? Les méteils, avec beaucoup de céréales, sont plutôt destinés à des génisses ou des vaches en début de tarissement, plutôt qu’à des vaches laitières. Si le mélange est orienté « valeurs », le rendement sera moins élevé et le coût plus cher à la tonne de MS. Le coût des semences est aussi plus élevé avec des mélanges très riches en protéagineux.
Entre 70 et 100 €/t MS pour les méteils, 70-110 €/t MS pour l'ensilage de maïs et 80-140 €/t MS pour l'ensilage d'herbe.Les méteils se situent entre 70 et 100 €/t MS. En comparaison, l'ensilage de maïs oscille entre 70 et 110 €/t MS (avec toujours l’effet rendement en facteur de dilution). Les ensilages d’herbe dérobés varient entre 80 et 140 €/t MS.
Des méteils axés « valeurs » coûtent 40 €/t MS de plus qu’un méteil où l’on cherche du volume. Pour des rations avec 7 kg de MS de méteil, et 25 l de lait par vache, c’est +11 €/100 l de coût fourrager en plus, mais compensé largement par l’économie de correcteur. Les productions sont plus difficiles à maintenir avec des méteils céréaliers.
Dans tous les cas, il faut retenir que les valeurs alimentaires sont très hétérogènes d’une parcelle à l’autre et d’une année à l’autre. Les valeurs alimentaires sont moyennes, sauf avec des mélanges très riches en protéagineux. La moyenne de 0,8 UFL et 14 % de MAT cache des écarts de 0,73 à 0,89 UFL, et 9 à 21 % de MAT, selon le guide technique AFPF 2018. Remplacer la majorité du maïs par des méteils nécessite de revoir le système fourrager et les rations pour des vaches laitières.
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Quelle évolution du prix des terres en Bretagne en 2024 ?
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026