Dans un troupeau fortement contaminé, l’application répétée de pansements à l’acide salicylique a permis un taux de guérison des lésions très élevé. Mais, en l’absence de mesures préventives, les infections reprennent dès l’hiver suivant.
Le cas d’un éleveur sollicitant la clinique en raison d’un problème de boiterie associé à la présence de la dermatite digitale (DD), ou maladie de Mortellaro, a été l’occasion, avec Florent Perrot, confrère à la clinique de la Haute Auvergne de Saint-Flour (Cantal), de tester l’efficacité des pansements à l’acide salicylique. En effet, une première étude suisse de cette solution sous forme d’une pâte concentrée à 70 % (Novaderme) fait état de taux de guérison des lésions proches de 100 %, mais sur un effectif réduit de 21 vaches. De plus, quel que soit le topique utilisé, il est prouvé que l’application d’un bandage améliore significativement les chances de guérison et diminue les risques de passage à la chronicité.
Il s’agit ici d’un troupeau de 55 vaches holsteins, en AOP saint-nectaire. L’éleveur utilise occasionnellement un pédiluve, trop court pour être efficace. À partir du 26 décembre 2022, nous sommes donc intervenus une fois par semaine, pendant cinq semaines. Lors de la première visite, la notation des scores de mobilité et le passage de tous les animaux dans la cage de parage ont permis de dresser un état des lieux : 51 % de vaches boiteuses et 28 avec au moins une lésion de DD. Au total, 49 lésions ont été répertoriées, 17 vaches ayant entre deux et trois pieds atteints. L’objectif de la prise en charge curative collective consistait à traiter toutes les lésions, afin de briser la dynamique d’infection.
94 % de guérison des lésions actives
À chaque passage, tous les pieds de tous les animaux en lactation ont été inspectés en cage de parage. Chaque pied était lavé à l’aide d’un jet d’eau froide et toutes les lésions observées ont été traitées par l’application d’acide salicylique 70 % sous un pansement laissé en place pendant sept jours. Dans un premier temps, les bandages biodégradables utilisés ne tenaient pas suffisamment, nous sommes donc passés au bandage « à la cantalienne ». Un temps de contact de cinq à sept jours est déterminant. Le pansement ne doit pas être trop serré pour ne pas comprimer le pied mais suffisamment pour rester en place une semaine. La difficulté est qu’il soit hermétique.
Sur ce principe, sans autre mesure, le délai moyen de guérison (retour au stade dit M0) était de trois pansements successifs, que la lésion soit active ou inactive. Dans le détail, l’application d’un à plusieurs pansements permettait la guérison complète de 94 % des lésions actives et 91 % des lésions non actives. Ainsi, lors de la cinquième et dernière visite, seules deux vaches avaient encore une lésion active (M4.1) et quatre des lésions non actives. Conformément aux attentes, le taux de guérison permis par le pansement à l’acide salicylique est donc très important. Il aurait même pu intervenir après un ou deux pansements si les premiers bandages réalisés avaient tenu.
Une reprise des infections en l’absence de prévention
Dans ce troupeau très affecté, le coût induit par la maladie peut être évalué à environ 10 000 €/an. Le coût facturé à l’éleveur pour l’ensemble de ces interventions est de 2 000 €, pour trois à quatre heures de travail par session. À titre de comparaison, le coût d’installation d’un pédiluve serait assez proche (de 1 500 à 2 000 €/an hors temps de travail de l’éleveur), mais avec des résultats escomptés bien inférieurs.
Comme attendu, le taux de guérison très élevé confirme que l’acide salicylique a une efficacité supérieure aux autres solutions, antibiotiques ou non. Il permet de diminuer la pression infectieuse à un instant T, afin de revenir à une situation plus maîtrisable. Cela a été le cas dans cet élevage, grâce à la guérison complète de plus de 90 % des lésions et à l’amélioration de la locomotion du troupeau pour atteindre moins de 10 % de boiteuses. Cependant, un an plus tard, en décembre 2023, en l’absence d’un suivi régulier et de mesures préventives efficaces, un passage de l’ensemble du troupeau dans une cage de parage a mis en évidence 34 lésions de DD, soit sensiblement moins que l’année précédente. Ce traitement collectif doit donc être accompagné d’autres mesures de gestion du risque de DD : hygiène, propreté des pieds, parage, pédiluve… Ou être répété régulièrement de façon ciblée en début de lactation et au moment du tarissement.
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