Les boiteries dégradent autant le bien-être animal que les performances de l’élevage. Troisième maladie en élevage laitier, elles sont en effet à l’origine de pertes économiques et de réformes prématurées des bovins. Leurs causes sont multifactorielles : traumatique, infectieuse et/ou métabolique. « Nous connaissons en outre, depuis plus de 10 ans, un déterminisme génétique sur ces problèmes », a exposé Gilles Thomas (Idele), lors d’un webinaire donné par l’Idele le 4 avril dernier.
Pour lui, deux leviers peuvent être actionnés, afin d’améliorer la situation. A court terme, un travail de conseil auprès des éleveurs vise à travailler sur l’environnement, le sanitaire, les conditions de vie des animaux. A long terme, la sélection peut être employée, puisqu’il y a un déterminisme génétique. Il est ainsi possible d’avoir des animaux plus résistants.
Dans les deux cas, il faut disposer de références techniques et de données objectives. Et pour les constituer, il faut recenser les lésions. C’est ce qui permet de s’appuyer sur des références. Dans cet objectif, des grilles ont été mises au point à destination des pareurs, pour enregistrer rationnellement les lésions podales.
Un réseau de professionnels sur le terrain
L’idée de construire des outils d’observation des lésions podales n’est pas neuve. « En 1990, un premier comité technique sur les lésions podales est créé, ainsi qu’une grille d’identification et de qualification des lésions », raconte Marie-Sophie Prétot, de l’association nationale des pareurs bovins (ANPB).
En 2019, un comité technique national sur les boiteries est constitué. Il rassemble des structures travaillant sur cette problématique, depuis la génétique jusqu’au conseil, en passant par l’enseignement : pareurs, contrôles laitiers, centres de formation, etc. Son but est d’harmoniser la liste des lésions et leurs définitions, afin de disposer d’une grille de référence commune précise et détaillée. Ce comité technique a en outre l’avantage de favoriser des échanges à tous les niveaux sur les lésions podales et leurs caractérisations.
En 2021, c’est Icar, Comité international pour l’enregistrement des animaux, qui initie un atlas des lésions podales.
Grâce aux grilles de recensement et de notation élaborées par les comités techniques, les professionnels peuvent recueillir les mêmes informations (quel élevage, quel animal, quelle lésion, etc), en réalisant des enregistrements identiques. Ainsi, grâce à ces données collectées de manière harmonisée et à grande échelle, il est possible de tirer des conclusions.
5 millions de pieds parés
Pour réaliser des évaluations susceptibles de produire des références, les données de 60 000 à 80 000 parages ont été recueillies chaque année depuis 2016, après une phase d’initiation du travail entre 2011 et 2014. Les références sont ainsi construites sur environ cinq millions de pieds parés. « Un chiffre qui ne concerne pas des bovins uniques : en fonction des élevages, le nombre de passages annuels varie, de plus de dix par an à un seul, selon que le parage est systématique ou ponctuel », souligne Hélène Leclerc (Eliance).
Cette collecte massive d’informations sur les lésions podales a abouti à des évaluations génétiques nationales en races Prim’holstein et Normande, ainsi qu’à une évaluation privée réalisée par Umotest pour la Montbéliarde. Elle montre des différences entre les trois races. La Montbéliarde, par exemple, est moins concernée par les problèmes de dermatite mais plus par l’ouverture de la ligne blanche, par exemple. La Normande, quant à elle, est plus sujette à la dermatite. Un des objectifs du travail génétique est d’induire une réduction des lésions par la sélection d’animaux résistants.
La collecte d’un grand nombre de données permet aussi d’établir des liens entre les lésions et d’autres facteurs : l’alimentation, le stade de lactation, le bâtiment, des lésions d’un autre type… Il ressort, par exemple, que la conduite en logettes avec peu ou pas de pâturage est, sans surprise, favorable aux boiteries. Aucun lien n’a en revanche été établi entre un état d’acidose et les lésions podales. « Avec ces résultats, nous pouvons porter des messages techniques et mettre en avant le travail des pédicures, se réjouit Yannick Saillard, vétérinaire conseil Innoval. Ils sont aussi valorisés par les organismes de conseil et au cours des formations destinées aux éleveurs et au sein des groupes.
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