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En Blanc BleuAvec 100 césariennes par an, pas le droit à l'erreur pour Sébastien Desert

En Blanc Bleu comme ailleurs, les signes avant-coureurs du vêlages sont les mêmes. (©Terre-net Media)
En Blanc Bleu comme ailleurs, les signes avant-coureurs du vêlages sont les mêmes. (©Terre-net Media)

Courbes de températures, état de la mamelle ou encore des ligaments... Les éleveurs de Blanc Bleu sont aux aguets pour détecter les vaches qui se préparent à vêler. Et si la césarienne demeure contraignante, elle permet aux éleveurs de s'organiser pour ne pas faire vêler la nuit, et limiter la mortalité au vêlage.

Avec une centaine de vêlages en Blanc Bleu, Sébastien Desert est obligé de suivre une organisation rigoureuse. Pas question pour la célèbre race du Nord de la France de mettre bas sans césarienne : le diamètre pelvien réduit, associé à des poids de veaux élevés rend très délicat le vêlage par voie naturelle. L'éleveur nous explique donc comment il procède pour ne pas manquer les signes avant-coureurs de la mise bas. Et comme ces derniers sont communs à tous les bovins, pourquoi ne pas s'en inspirer pour la surveillance des vêlages au sein des autres races ?

Trois semaines avant la date du terme, l'éleveur rapatrie les vaches gestantes dans une case à proximité du box à césarienne. L’occasion de leur administrer une ration spécifique. Riche en minéraux et vitamines, elle contient également du sélénium et chlorure de magnésium afin de bénéficier d'un colostrum de qualité. « C'est important pour avoir des vaches en forme, et des veaux qui démarrent bien » précise l'éleveur. 

Repérer les signes annonciateurs du vêlage

L’enjeu est alors de repérer les vaches prêtes à vêler. Pour ce faire, l’éleveur prend la température de chaque vache chaque soir à 17 h à partir de 270 jours de gestation, soit une bonne dizaine de jours avant la date de vêlage. L’objectif ? Avoir un référentiel de température pour chaque animal.

  • Baisse de température 24h avant le vêlage

En temps normal, la température d’une vache est de 38,7°C. Une semaine avant le vêlage, elle augmente de 0,5°C pour avoisiner les 39,2-39,4°C. Dans les 12 à 36 h précédant le vêlage, une baisse brutale de la température corporelle est observée. « Généralement, j'observe une baisse de 0,5°C. Et cette variation de température n’est pas propre à la race Blanc Bleu. Tous les éleveurs peuvent utiliser cette technique pour guetter les vêlages », précise le président de l’OS Blanc Bleu France.

  • Gonflement de la mamelle

L’état de la mamelle est également un indicateur. Si le développement est plus précoce chez les primipares, elle apparaît congestionnée dans la semaine précédant le vêlage chez les multipares. Un affaissement de la mamelle, 24 h avant le vêlage se laisse également observer.

  • Détente des ligaments

L’agriculteur tâte les ligaments sacro-sciatiques, à la base de la queue : « s’ils sont détendus, je m’alarme », précise Sébastien Desert.

  • Ouverture du col

Si un ou plusieurs signaux annoncent le vêlage, l’éleveur vérifie alors l’état du col avec un gant enduit de bétadine. « S’il est dur, la césarienne peut attendre le lendemain. S’il est mou, soit je le sors tout de suite, soit je repasse vérifier vers 20 h/21h ».

Préparer la césarienne

Les césariennes sont contraignantes pour l’éleveur : aucun vêlage ne peut avoir lieu sans l’intervention du vétérinaire, mais c’est aussi l’occasion de s’organiser. Chez Sébastien Desert, 60 % des césariennes sont réalisées entre 17 et 21 h. « Je ne me relève pas la nuit, apprécie l’agriculteur. Selon l’état du col, je sais si la vache attendra le lendemain matin ou pas, et si elle est prête à vêler, je déclenche la césarienne ». Au Gaec du Moulin Rouge, moins de 1 % des césariennes sont réalisées en pleine nuit.

Les vaches prêtes à vêler passent des cases d’observation au box de vêlage. Il s’agit d’une case spécifique avec un cornadis et une barrière à césarienne. Le box est bétonné, pour assurer de bonnes conditions d’hygiène. L’éleveur peut ainsi nettoyer le sol au nettoyeur haute pression entre deux interventions.

Il effectue ensuite un lavage du flanc gauche, avec un savonnage abondant puis rase la zone avant l’intervention du vétérinaire.

La plupart du temps, la vache ne demande pas de suivi particulier après la césarienne. Les vieilles vaches nécessitent parfois un traitement antibiotique complémentaire. « Lorsqu’il y a eu plusieurs césariennes, elles ont des adhérences du fait des interventions, au niveau du rumen ou des parois. Et ces adhérences peuvent être sources d’infection ».

Les vaches peuvent supporter jusqu’à quatre ou cinq césariennes. Au-delà, difficile de trouver la place pour effectuer l’incision. « De toute manière, ça serait un non-sens de faire davantage de veaux. Les Blanc Bleu sont précoces. On vend des vaches de 5 ans qui ont déjà fait 3 veaux, et c’est à cet âge là que les performances d’engraissement sont les meilleures ».

Un surcoût au vêlage, mais une plus-value à la vente  

Dans le Nord, une césarienne coûte entre 130 et 150 €, un prix que l’éleveur estime répercuter sur le prix de vente. « Les vaches ont des poids carcasses de 570 à 580 kg en moyenne et sont bien valorisées, autour des 6,5 ou 7 €/kg. » La race présente également des rendements carcasses qui dépassent facilement les 70 %. Une manière pour Sébastien Desert d'amortir le surcoût lié au vêlage par césarienne. « En plus, les Blanc Bleus sont assez recherchés dans le Nord de la France, avec une viande tendre et peu grasse ».

Cette organisation autour de la césarienne oblige l'éleveur à être vigilant. Une attention qui se traduit dans les performances de la race « En Blanc Bleu, nous avons moins de mortalité au vêlage car on ne tire pas les veaux, et on est très vigilant. On sait que si on rate un vêlage, le veau n’en réchappera pas », précise Sébastien Desert.

Les césariennes entrainent parfois des saisies à l’abattoir, mais elles excèdent rarement les 4 à 5 kg de viande. « A l’échelle d’une bête, ça ne représente pas grand-chose ».

Mais Sébastien Desert l’admet « difficile dans certaines régions de trouver des vétérinaires pour pratiquer des césariennes ». Dans ce contexte, les prix peuvent parfois dépasser les 300 €.

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