[Mise à jour dimanche 4 novembre à 11h50] Le préfet de l'Indre a ordonné samedi la suspension provisoire et immédiate de l'activité d'un abattoir du département, à la demande du ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, qui a dénoncé dans un communiqué les « pratiques inacceptables » de l'établissement.
Des animaux suspendus par une patte, découpés alors qu'ils sont encore conscients : ces images filmées en secret entre fin août et début septembre par l'association de défense des animaux, ont conduit la préfecture à suspendre immédiatement, et de manière provisoire, les activités de l'abattoir du Boischaut, un établissement public de Lacs (Indre), géré par la communauté de communes du Pays de La Châtre-Sainte-Sévère. Quelque 17 000 animaux sont équarris chaque année dans cet abattoir certifié bio, qui compte 17 salariés.
Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, qui a dénoncé dans un communiqué des « pratiques inacceptables », indique avoir également mandaté la Brigade nationale d'enquête vétérinaire pour diligenter une enquête administrative. « Sur la base des conclusions, des décisions appropriées seront ensuite prises », précise le communiqué du ministre. Pourtant « des points de non-conformité majeurs » avaient déjà été relevé en 2016, souligne L214 sur son site, en dénonçant « les carences des services vétérinaires qui permettent la persistance de ces actes ».
Sollicité par l'AFP, le parquet de Châteauroux a indiqué que deux plaintes avaient été déposées vendredi. L'une par l'abattoir pour deux infractions : intrusion et captation d'image d'un lieu privé. L'autre par l'association L214 pour « maltraitance animale ». L'association a fourni « 45 pages d'éléments qui tiennent à prouver des mauvais traitement sur les animaux. Deux enquêtes préliminaires ont été ouvertes », a précisé à l'AFP le parquet.
Carrefour et Système U suspendent leur approvisionnement
L'AFP a tenté à plusieurs reprises de contacter les responsables de l'abattoir, qui sont demeurés injoignables. Par ailleurs, l'association L214 avait appelé les groupes de distribution Système U et Carrefour, qui commercialisent de la viande issue de cet abattoir, à « cesser immédiatement de s'approvisionner auprès de celui-ci ». Les deux distributeurs ont décidé de ne plus travailler dans l'immédiat avec l'abattoir incriminé, ont-ils déclaré à l'AFP. « Nous attendons les suites de l'enquête et nous verrons ce qu'il adviendra de nos relations avec celui-ci », a ajouté une porte-parole du groupe Carrefour. Pour sa part, François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, a condamné « fermement les pratiques cruelles, inadmissibles en France en 2018 ». « Les inspections et audits ne suffisent plus, il faut maintenant contrôler les abattoirs en continu pour mise aux normes et éradication de ces pratiques », a ajouté le ministre écologiste.
Mais « plus de deux ans après un audit accablant montrant que 80 % des chaînes d'abattage présentaient des non-conformités, la situation dans les abattoirs est identique », a riposté samedi soir L214, après les réactions d'indignation des ministres. Appelant le gouvernement à prendre « des mesures concrètes pour tous les abattoirs », l'association a réitéré sa demande d'intégrer le Comité national d'éthique des abattoirs (Cneab), un groupe de concertation chargé de débattre de l'évolution de la législation relative à la protection animale en abattoir.
L'association L214 avait dénoncé en mars 2016 des souffrances animales au sein de l'abattoir de Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) en utilisant le même mode d'action, des vidéos prises en secret. Deux ans et demi après la diffusion de ces images éprouvantes, l'ex-directeur de l'établissement a été condamné lundi par le tribunal correctionnel de Pau à six mois de prison avec sursis et les employés à des amendes.
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