
En moins d'un an, cet éleveur aveyronnais passionné de génétique holstein a créé un mouvement qui bouscule les lignes syndicales.
Lunettes rondes, queue-de-cheval : vous l'avez tous vu à la télévision, dans les journaux. Pascal Massol, président de l'Apli, le mouvement qui a conduit à la grève du lait. Il y a un an, cet éleveur aveyronnais était un inconnu. Il est quasiment incontournable aujourd'hui dans la politique laitière française, au moins pour les médias. Un José Bové du lait ? Non ! Le parcours et l'ambition des deux personnages n'ont rien à voir.
L'INSOUMIS.
D'abord dans la génétique, sa passion. Après le BTS, « que je n'ai pas eu à cause d'un 0 en chimie. J'avais fait la fête la veille », il travaille comme inséminateur, le temps d'une solide formation sur la transplantation embryonnaire et quelques frictions avec la hiérarchie pour ses initiatives. Son coeur bat pour la génétique holstein canadienne qu'il a découverte sur place en 1988. Il crée alors une société d'import-export (embryons, animaux) et se heurte évidemment aux filières officielles. « On court-circuitait les intermédiaires, ça fonctionnait bien. Mais pour ce commerce, il faut savoir être méchant, ce n'est pas mon tempérament. »
Évidemment, Pascal Massol n'est pas dans la ligne des concours de l'Upra et participe activement à tous les Open Show. Il y gagne souvent. Car entre-temps, il a créé l'un des meilleurs troupeaux holsteins français sur l'exploitation familiale, où il rejoint son frère et un autre associé en 1997. Système fourrager économe fondé sur l'herbe, bâtiment neuf en 2007, projet de conversion en bio, c'est cadré. Les rumeurs malveillantes qui insinuent une mauvaise gestion le font sourire. « Tant qu'ils n'ont que cela à dire, on est tranquille. » Mais les charges financières sont là et la baisse du prix du lait en 2008 est un choc. « J'attendais de la FNSEA qu'elle nous défende, qu'elle impose une régulation. Ça n'a pas été le cas. Alors, je me suis dit : “C'est à nous de la faire”. » Il active son réseau de passionnés de génétique, souvent des rebelles eux aussi. Ils formeront le noyau de départ.
MÉDIATISER.
« En 2008, je participais au blocage des camions de laiterie par la FDSEA en me demandant à quoi cela servait. J'ai donné mon téléphone à une amie qui connaissait des journalistes. Le soir, je passais sur FR3. » Pascal Massol n'a pourtant rien d'un tribun, mais l'usage des médias signe la réussite de son mouvement. L'acte fondateur de l'Apli est une première grève du lait dans le Sud-Ouest en novembre 2008. Les télévisions sont là et Pascal raconte tout sur son blog. Cela deviendra un site internet qui reçoit aujourd'hui plus de 5 000 visites par jour. La mèche était allumée. Fin juin, des réunions dans l'Ouest réunissent 1 500 éleveurs. « J'ai senti qu'il se passait quelque chose. J'ai pris conscience de ma responsabilité, car une foule manipulée peut être dangereuse. » Cela ne l'empêche pas d'user de mots parfois violents dans ses discours. Statutairement, Pascal est encore pour un an à la tête de l'Apli. Son souhait : « Qu'elle ne devienne jamais un syndicat. »
DOMINIQUE GRÉMY
« J’ai opté pour un système très simple car c’est rentable »
Réformer ou garder ? 26 éleveurs dévoilent leur stratégie de renouvellement
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
« J’ai gagné presque un mois d’IVV grâce aux colliers de détection de chaleur »
Le biogaz liquéfié, une solution pour les unités de cogénération dans l’impasse
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?