
La race normande a tourné définitivement la page de la sélection 100 % sur descendances. Quarante huit nouveaux taureaux sont entièrement à index génomiques sur les soixante-cinq en catalogue.
COMMENT PROPOSER DES TAUREAUX COMBINANT PROGRÈS GÉNÉTIQUE ÉLEVÉ ET VARIABILITÉ DANS LES ORIGINES ? C'est le casse-tête auquel sont confrontées les entreprises de sélection. Les éleveurs souhaitent accéder aux index qui explosent depuis deux ans, sous l'impulsion de la génomique. Inhabituels il y a encore quelques années, des taureaux à plus de 160 points d'Isu sont désormais monnaie courante. L'indexation 2012/2 enregistre quatorze taureaux à partir de 160 d'Isu et trente et un à partir de 155 points. Plus des deux tiers sont à index génomiques. La sélection génomique raccourcissant le temps entre la mise en service du père et celle des fils, il est inévitable qu'ils se retrouvent au coude à coude très rapidement, alors même que peu de filles du premier sont entrées en production.
TROIS GRANDES FAMILLES TRUSTENT LA GÉNÉRATION 2012
La sortie 2012/2 en est presque la caricature. Parmi les trente et un premiers, douze sont des fils d'Upérise (voir p. 73), lui-même leader 2010 et en dixième position aujourd'hui. Même scénario pour Uvray. Classé septième, il compte sept fils dans ce peloton de tête. À l'intérieur, la logique du progrès génétique poussée à son extrême a donné naissance à deux fils d'Upérise… sur Uvray. De quoi inquiéter les éleveurs soucieux de maintenir la variabilité génétique au sein de la race normande. Une exigence indispensable à sa pérennité. La présentation des taureaux aujourd'hui par profil (lait, fonctionnels, morphologie, etc.) et leur turn-over dorénavant rapide dans les cuves des inséminateurs peuvent faire perdre de vue cet objectif ou mettre le pedigree au second plan au moment du choix de l'accouplement. Or, dans une race à effectif relativement réduit telle que la normande, au fil des générations, les différentes lignées qui la composent se trouvent inéluctablement en contact. L'apparentement des nouveaux taureaux avec la population femelle s'accroît. C'est ce qui se produit cette année. Sur les soixante-cinq sortis depuis moins d'un an et recensés dans les catalogues de septembre, seuls sept sont considérés avec un pedigree original (voir tableau ci-contre). Par les voies maternelle ou paternelle, les principales souches trustent la génération 2012 sous sélection génomique ou sur confirmation de descendance. La principale en ligne de mire est bien évidemment la famille Diamètre.
Les pères à taureaux Uvray et Unog fournissent dix nouveaux avec un coefficient de parenté entre 5,5 % et 6 % (voir p. 77). Par le côté maternel, Diamètre occupe les familles Holgura- Redondo (p. 70) et Vodena-Girophare (p. 77), participant là aussi à l'avancée de la parenté. Sans oublier les différentes branches de Valabri via les fils de Rubafix, Sortain, et Raisinnoir. Dans ce contexte, l'arrivée massive des fils d'Upérise et d'Ulozon (p. 73) est une bonne nouvelle.
LES LIGNÉES DRIVER ET ÉLIXIR RÉSISTENT
Ces deux pères à taureaux sont issus de la souche Driver qui pèse moins dans la population que les précédentes citées. De même, bien qu'Élixir soit largement utilisé, sa descendance via Ucany, Virbac, Unbroken, UTC n'est pas trop mal placée (voir p. 82).
Conscientes de l'enjeu, les entreprises de sélection (ES) font l'effort de puiser parmi les reproducteurs aux index moins attrayants. C'est le sens de la démarche de Créavia pour Unbroken, qui ne contient pas Diamètre, et pour UTC peu utilisé. De même, elle est allée chercher Darkvador à 121 d‘Isu dont le père Paquebot est sans ascendance Diamètre. Cela permet à l'Isu parenté de Darkavador (parenté intégrée dans le calcul) de remonter à 136 points. Créavia devrait mettre en service le produit Guatemala à partir de novembre. Son Isu à 142 points passe à 149 points grâce à son pedigree. Précisons que les nouveaux taureaux génomiques Créavia sont 100 % Créavenir, le schéma de sélection que l'ES a créé il y a plus d'un an, après avoir quitté le schéma collectif GNA. Les autres proviennent encore d'accouplements GNA.
Quelques autres perles émergent également. Parmi les Valabri, citons l'exception Faster qu'Urcecof diffuse. Intersélection exploite la lignée originale Palmer-Burro via Fief (135 d'Isu), un fils de Trémoussin, peu valorisé (465 filles). Son grand-père maternel Redondo lui fournit le lait dont manque son père (770 kg). Autres atouts : l'excellente mamelle (1,7) et la traite rapide (1,5). Mais attention, il dégrade la dimension reproduction (-1,1). Déconseillé sur génisses. Amélis, elle, fait la différence au sein de la lignée Driver avec Gold Isy et Grazer Isy.
CRÉER DES TAUREAUX VARIABLES « VENDABLES »
« D'une façon générale, il est logique que les jeunes reproducteurs soient apparentés à la population femelle puisque leurs pedigrees sont contemporains, nuance-t-on chez Amélis. Il faudrait des outils plus fins pour mieux piloter cet aspect. Par exemple, les entreprises de sélection disposent des coefficients de parenté une fois l'an. L'Institut de l'élevage s'organise actuellement pour les fournir en routine. De même il serait intéressant de connaître la part de femelles avec un faible coefficient. Si nous voulons progresser dans ce domaine, à nous d'investir pour créer des taureaux vendables. C'est ce que nous avons fait par exemple avec Bolduc, de la souche Vapeurde la souche . » (voir p. 78) La prochaine union Amélis-Créavia consolidera cet objectif.
L'un des leviers actionnés par les entreprises de sélection pour éviter le risque d'entonnoir est de varier le nombre de reproducteurs dans leur catalogue en limitant le temps de diffusion et le nombre de doses diffusées par taureau. L'arrivée des taureaux confirmés B étant moins séduisante que les A, les ES prévoient une augmentation des ventes de doses génomiques en 2012-2013. De 25 % à 35 % des IA en 2011-2012, elles passeraient à 40 % ou 50 % selon les estimations.
DOSSIER RÉALISÉ PAR CLAIRE HUE
- AU-DELÀ DE L'ISU, DÉCHIFFRER LE PEDIGREE
- GOLDWYN DE SOLIDES ATOUTS À FAIRE VALOIR
- MASCOL MASSEY, LE FILS ATTENDU
- BW MARSHALL UNE LIGNÉE PEU PRODUCTIVE
- MONTBÉLIARDE : L'ANNÉE DES OUTSIDERS
- LÉCUYER TROIS FILS DE TRIOMPHE CASSE-TÊTE À PLACER
- NORMANDE : LES GÉNOMIQUES EXPLOSENT
- GIROPHARE DES JEUNES AU COMPTE-GOUTTES
- PIE ROUGE : UNE GAMME ÉLARGIE GRÂCE À LA GÉNOMIQUE
- BRUNE : L'OFFRE FRANÇAISE RENOUVELÉE
- SIMMENTAL : LES GENOMIQUES ENTRENT EN PISTE
- ABONDANCE : ARDECHOIS AU SOMMET
- TARINE : UN ZESTE D'ORIGINALITE PAR LA VOIE FEMELLE
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