MONTBÉLIARDE : L'ANNÉE DES OUTSIDERS

ON PRÉVOYAIT UNE FLOPÉE DE GÉNOMIQUES aux index plus hauts les uns que les autres. Ils sont au rendez-vous. Côté série de testage classique, on avait vu venir Bourgueil en début d'année. Le surprenant fils d'Oyama pointe aujourd'hui à 158 d'Isu dans le tiercé de tête du top Isu des taureaux confirmés. Il est aussi n° 1 racial en morphologie à 129, génomiques compris. Mais qui aurait parié sur Brink, un Papayou lui aussi issu du testage sur descendance à 153 d'Isu et 119 en morphologie. Ou encore sur Branly, un Plumitif à 148 d'Isu, assez complet en morphologie (110). C'est en résumé un petit baroud d'honneur que nous offre l'avant-dernière série de testage classique sur descendance à Umotest. Mais la vraie surprise de l'année est ailleurs. En épinglant Alicant MS à 136 d'Isu, le schéma Montbéliarde Sélection offre à la race un taureau d'un niveau utilisable en élevage pour agir rapidement sur une variabilité qui s'est dégradée ces dernières années. Ce fils de Milan MS/Laser MS, fruit de deux lignées distinctes du schéma MS, est apparenté de très loin avec celles travaillées par les deux autres entreprises de sélection. Milan MS est issu de la souche Valmy qui a donné Lusignan à Umotest, puis Tilleul JB à Jura-Bétail. Laser MS est un produit de la lignée Corail, tête de souche de la famille Tibet-Gardian.

Cela vaut à Alicant MS un taux de parenté avec la population de femelles montbéliardes à inséminer de seulement 1,6 %. Le second du millésime est à 4,5 %, au niveau de consanguinité moyen racial.

Entre un taureau peu original à plus de 150 d'Isu, dont on se triturera les méninges pour accoupler sa fille, et Alicant MS, ce dernier mérite certainement une utilisation dans tous les supports pour, d'autant qu'il dope les taux (TP/TB : 1,7/2,5), améliore nettement la santé mamelle (1,4) et la longévité (1,1). De surcroît, sa morphologie est régulière (110), plutôt bien orientée sur tous les postes de synthèse. Juste une attention à porter sur les mamelles (106), à l'attache avant (92), la largeur d'attache arrière (94) et l'écart avant (89). Nul doute qu'Umotest et Jura-Bétail vont très vite s'y intéresser.

PEU DE PEDIGREES ORIGINAUX HORMIS ALICANT MS

Les autres nouveaux porteurs d'une vraie variabilité faciles à utiliser ne sont pas légion. À moins de 5 % de parenté avec les femelles à accoupler, on en trouve seulement dix sur quarante- sept (voir ci-contre). On y trouve deux Pif JB, un Oran JB, un Prélude JB et un Redon. Et parmi les génomiques un Piombo, deux Valfin, un Danton JB et un Saturne. On regrettera notamment que Bourgueil et Branly, respectivement à 6,3 et 6,4 % de parenté, ne soient pas plus faciles à placer dans les plannings d'accouplement. Dommage aussi que ces génomiques, comme Faucigny, Ficastone, Dombinator, Fiori JB, Gargoto JB, Fracas JB ou Flipex JB, qui crèvent le plafond à plus de 154 d'Isu, n'aient pas été conçus avec des pedigrees plus originaux.

Concernant les génomiques, gare aux interprétations hâtives sur le nombre et le niveau des taureaux mis en marché par les uns et les autres. Les stratégies radicalement différentes choisis par Umotest d'un côté, et Jura-Bétail de l'autre biaisent les choses sur le terrain médiatique. Le premier a en effet préféré la prudence sur la mise en marché rapide des plus jeunes pedigrees. Umotest privilégie leur diffusion dans sa gamme « Génumo Profil » forte de 80 nouveaux par an (issus cette année de 40 pères et 33 grands-pères maternels différents). On y trouvera au cours de la saison 50 % de fils de jeunes pères à taureaux, dont six Cortil.

De son côté, Jura-Bétail a opté pour une diffusion plus rapide de sa plus jeune génétique, d'où son offre importante de « JB junior », génomiques diffusés avec index officiels… le pendant de la gamme « Génumo Privilège » à Umotest. Cette dernière s'est enrichie cette année des « Génumo Sélect », des ex-« Génumo Profil » lancés pour une seconde vie.

DES NOUVEAUX À 144 D'ISU EN MOYENNE ET 113 EN MORPHOLOGIE

Ce millésime riche d'une cinquantaine de nouvelles têtes, pour les seuls taureaux diffusés avec index, s'annonce d'un haut niveau génétique : 144 d'Isu, 660 kg de lait et 0,5 de TP en moyenne. Il y a là matière pour continuer d'avancer en potentiel lait sans nuire au TP. Sur vingt-cinq géniteurs à plus de 700 kg, neuf l'améliorent (supérieur à 0,7), et douze sont neutres (entre - 0,6 et 0,6). La morphologie (113) n'est pas en reste pour travailler à une laitière équilibrée. Trente-cinq géniteurs pointent à plus de 112 en synthèse (un seul à moins de 100). Ils sont presque autant à plus de 112 en mamelle.

On en trouve une quinzaine pour ramener de la largeur de poitrine, mais seulement huit pour corriger l'aptitude viande (à 97 de moyenne). Du côté des fonctionnels, l'incidence est positive : 0,4 en santé mamelle, 0,2 en reproduction et 0,7 en longévité… De quoi garder la holstein à distance. Intéressant enfin la bonne vingtaine utilisable sur génisses.