LES ENTREPRISES DE SÉLECTION DE PLAIN-PIED DANS LA GÉNOMIQUE

Floness n° 1 de la race - Grâce à ses 160 points d'Isu, Floness décroche la première place des taureaux génomiques et sur descendances. Son niveau laitier dépasse celui de son père Uvray : 1 396 kg avec un TP positif.
Floness n° 1 de la race - Grâce à ses 160 points d'Isu, Floness décroche la première place des taureaux génomiques et sur descendances. Son niveau laitier dépasse celui de son père Uvray : 1 396 kg avec un TP positif. (©)

L'offre de taureaux génomiques dans les catalogues s'accroît. Créavia, la seule entreprise de sélection à ne pas en proposer en 2010 en race normande, se lance cette année.

LA RACE NORMANDE ABORDAIT ENCORE AVEC PRUDENCE l'ère génomique il y a un an. Ce cap est franchi. Certes, des interrogations subsistent mais les quatre entreprises de sélection y sont désormais de plain-pied. Créavia, qui n'a pas présenté de taureaux génomiques normands en 2009 et 2010 dans son catalogue, a levé ses dernières réticences. Cinq y figurent pour le démarrage de la campagne 2011-2012. Deux sont « anciens » : Chouchen (un Rubafix) et Canonnier (Royal Holl) ; trois déclarés cette année : Eracles (Topique), Enor (Télérama) et Elieu (Tonifiant), en partenariat avec Urcecof.

30 À 45 % DES INSÉMINATIONS ARTIFICIELLES SELON LES ENTREPRISES

« En 2010-2011, nous avons réalisé 17 % de nos IA avec des jeunes taureaux “avenir” pour confirmer leurs descendances, précise Thomas de Bretagne, responsable des programmes laitiers Créavia. À raison d'unmaximum de 2 % des inséminations artificielles totales pour chacun de ces cinq jeunes mâles, nous espérons atteindre 30 % de nos IAT à partir de génomiques. » Même objectif affiché par Urcecof : 20 à 25 % des IA pour la confirmation sur descendances et 5 à 10 % à partir de reproducteurs mis en avant par l'entreprise (un maximum de 2 à 3 % par taureau). Intersélection et Amélis poussent un peu plus loin la démarche. « 30 % de nos IA sont constituées de taureaux génomiques en 2010-2011, dont la moitié en provenance de notre catalogue, indique Matthieu Chambrial, responsable création génétique d'Intersélection. La sortie des confirmés 2011, un cran en dessous de celle des 2010, boostera sans doute leur recours. Néanmoins, nous ne dépasserons pas les 50 % d'IA. » Le catalogue 2011-2012 de l'entreprise s'enrichit de huit nouveaux jeunes.

Amélis, elle, appuie sur l'accélérateur. Elle accroît leur nombre d'une quinzaine. « En diffusant un grand nombre de taureaux récents, nous actionnons deux leviers en parallèle : la poursuite du progrès génétique et la gestion de la variabilité. Le temps du star-system est révolu », affirme Jean-Christophe Boittin, le Monsieur Normand d'Amélis. En 2011-2012, l'ES prévoit 15 % de ses IA pour la confirmation des index et 30 % avec ce qu'elle nomme ses profils ADN premium (catalogue). Si la focalisation sur quelques « cracks » relève du passé, difficile pourtant de résister à des têtes d'affiche. Comment lutter par exemple face à Floness, le plus haut Isu des polygéniques confirmés + génomiques (160 points). Il flirte avec les 1 400 kg de lait et ses taux sont positifs.

COMPENSER LES CARENCES EN FONCTIONNELS DES TAUREAUX CONFIRMÉS EN 2011

Floness pourra apporter du lait et de la puissance aux souches qui en manquent. Attention tout de même à sa parenté. Il rivalise avec son père, Uvray, pour la première marche du podium. Ce dernier, mis en service seulement depuis deux ans, est imprégné de Diamètre et Valabri. « Les filles de Manizalès, Parapet, Pompon ou Moqueur conviendront », estime Matthieu Chambrial.

La nouvelle sortie génomique comble les carences en index fonctionnels des confirmés 2011. Sous le poids des petits-fils d'Entoi et Foix (voir p. 70 et 80), la majorité dégrade la fertilité de leurs filles. Des génomiques tels que Flocolin (Uvray/Redondo), Canonnier (Royal Holl/Idris), Emiralaze (Tonactil/Rubafix), Epance (Tarpaulin/Plafond), Eraye (Suppléant/Redondo), Enor (Télérama/Rouky), Exelium (Trifolium/Madison), Esca (Tranquital/Nivéa), Elieu (Tonifiant/Nelpon), voire Enistof (Topique/Madison) enrichissent le millésime 2011. Les quatre derniers sont d'autant plus intéressants qu'ils entretiennent la variabilité génétique. Leur coefficient de parenté femelles est inférieur à 5 %, ce qui les classe dans la catégorie « pedigree original facile à utiliser » (voir p. 69). Les pères Tranquital, Topique, Trifolium, voire Tonifiant s'il est bien accouplé, apportent de la diversité. « Ces jeunes trouveront une meilleure valorisation après la réforme de l'Isu, dit Thomas de Bretagne. Le poids plus important accordé aux index fonctionnels les confortera. »

CONSERVER UNE GESTION COLLECTIVE DE LA RACE

Les entreprises de sélection sont conscientes que la génomie peut accélérer la concentration des origines. Les quatre veillent donc à ne choisir qu'un fils pour chaque père et à limiter sa diffusion. De même, elles s'aident de l'Isu de parenté (ISSp), c'est-à-dire l'Isu de l'animal pondéré de son apparentement à la population, pour retenir les plus pertinents. Ainsi, un Dairy Expo (Trocadéro sur Nuancier) se trouve-t-il renforcer. De 140 points d'Isu, son ISSp passe à 144. « C'est un exercice difficile, reconnaît Thomas de Bretagne. Les plus attractifs en terme de performances voientsouvent leur ISSp baisser. Ainsi, Caramba, le n° 3 à 148 d'Isu, chute-t-il à 134 d'ISSp. Son père est Redondo. »

Le maintien de la variabilité génétique normande ou, du moins, le ralentissement du processus de consanguinité ne pourra pas faire l'impasse d'une coordination entre les quatre ES. L'implosion du schéma de sélection collectif GNA l'en prive actuellement. Certes, elles poursuivent le système de connexion avec échanges de doses pour confirmer, ailleurs que sur leur zone de rayonnement, les taureaux qu'elles jugent intéressants (450 IAP/animal pour obtenir un CD de 80). Néanmoins en amont, chacune constitue aujourd'hui sa propre liste de pères à taureaux, confirmés ou génomiques. Seules Créavia et Urcecof se concertent dans le cadre d'un accord de partenariat, échangent ou achètent des embryons ou projettent de diffuser ensemble des semences sexées. « Il subsiste une certaine homogénéité, nuance Jérôme Bocquet d'Urcecof. Les quatre ES travaillent encore avec des jeunes mâles issus du travail de GNA. De plus, elles peuvent utiliser comme pères à taureaux des doses échangées dans le cadre de la connexion-confirmation. »

Les discussions qu'ont engagées Amélis et Créavia pour bâtir un pôle grand Ouest toutes races redistribueront les cartes au sein de la sélection normande. Si le projet aboutit, le rapprochement devrait donner une nouvelle cohérence à la normande.

Emiralaze, bien placé en fertilité - Ce fils de Tonactil compense les carences en fertilité de la sortie sur descendances. Son index à 0,8 le positionne leader sur ce poste parmi les génomiques présentés sur catalogue. Il est conforté par son index longévité à 1,7 et son index lait à 1 217 kg.

Le profil complémentaire d'Eraclès - Comme Floness et Emiralaze, Eraclès affiche un index lait haut de gamme (1 027 kg). Dans la lignée de son grand-père Nivea, il pénalise la fertilité. En revanche, le n° 2 des génomiques apporte un net plus sur les cellules (1,4) et la longévité (1).

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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Herbe

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