NORMANDE : GARDER LE CAP DES ORIGINES VARIÉES

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Le souci de la variabilité génétique est plus que jamais d'actualité. Le panachage taureaux sur descendances-taureaux génomiques contribuera cette année à son maintien dans les élevages

LES DEUX DERNIÈRES CAMPAGNES ONT HABITUÉ les éleveurs à des reproducteurs bien placés en lait. L'indexation 2011/2 évaluée sur descendances est un ton en dessous. En 2010, le top 15 Isu comptait huit reproducteurs au-dessus des 1 000 kg. Ils ne sont plus que cinq aujourd'hui, dont deux nouveaux : Arnica, un fils de Néphélion (souche Foix) et Ael Mat, un fils de Nivea (Entoi), sorti en février. Ce dernier n'est pas nouveau sur le marché. Il a fait son apparition en juillet 2010 comme génomique. Les deux jeunes reproducteurs sont les seuls de la génération 2011 à dépasser cette barre symbolique parmi les quatorze nouveaux confirmés (indexation génomique confirmée par leur soixantaine de filles). À 917 kg, un troisième échoue de peu : Atome, un fils d'Oberkampf (Entoi). Dans le deuxième peloton, sous le maillot des « 750 kg », courent quatre de leurs congénères. Les autres nouveautés s'effilochent entre 591 kg et 126 kg.

À la lumière de ses ascendances paternelles, le millésime 2011 pouvait difficilement accéder au haut de gamme de la sélection laitière. L'index lait des Entoi (Nivea, Oberkampf), des Foix (Néphélion, Noyalo) et des Girophare (Orienteur, Ouzous) oscille entre la neutralité et un progrès laitier limité (un maximum de 400 kg).

LES TAUX DONNENT DES INEL ATTRAYANTS

Heureusement, les deux premières familles ont su transmettre à sept de leurs neuf fils leur profil améliorateur en taux et en matière utile. Leur TP ne descend pas sous 0,8 et leur TB sous 1,5.

Cette forte empreinte permet à Ael Mat et Arnica de résister au phénomène de dilution du lait. Pour le premier, les taux sont légèrement positifs. Pour le second, le TP flirte avec le gramme de protéine (TB négatif). Au bout du compte, la nouvelle génération n'a pas à rougir de ses performances laitières. Pour preuve : Arnica, Ael Mat et Vademecum (Noyalo) figurent dans le top 10 Inel sur descendances de la race (voir p. 70). Plus globalement, ce sont neuf nouveaux taureaux présentant un Inel d'au moins 30 points.

Côté origines, là aussi la génération 2011 est un ton en dessous. Certes, Génétique normande avenir (GNA) qui a opéré les accouplements a renouvelé l'exploit de l'an passé. Deux des quatorze nouveaux ne comportent ni Diamètre ni Valabri dans leur pedigree. Il s'agit d'Arantilly et Alma. Fils de Néphélion (Foix), le premier tire particulièrement bien son épingle du jeu malgré ses ascendances Élixir et surtout Paramètre, un grand classique de la race. Son coefficient de parenté femelles le classe dans les pedigrees très originaux (voir tableau).

Avec 5,5 % de coefficient de parenté, la chance sourit moins à Alma, un fils d'Occident (Girophare). Il subit la double influence Paramètre via Hollydays et Girophare.

« Plus globalement, cette série n'est pas des plus originales », analyse Jérôme Bocquet d'Urcecof. Il a réalisé un travail approfondi l'an passé sur les grandes ascendances de la race. « Avec près de 10 000 filles, Nivea, qui a donné cinq des quatorze nouvelles têtes, est un taureau très utilisé (NDLR : dans le top 20 des filles de service). De même, l'arrivée sur le marché des petits-fils de Girophare ne participe pas à la variabilité génétique. Ainsi, Ambrières, Aerdou et Alcalin portent-ils la triple empreinte Paramètre via les voies paternelles et maternelles (Girophare, Bunuelo et Diamètre). »

Même si le rétrécissement des origines se déroule à un rythme plus lent qu'en holstein, la race normande est, elle aussi, confrontée à ce problème. L'Institut de l'élevage évalue l'augmentation de sa consanguinité à 0,18 % par an entre 1997 et 2007. À ce rythme, les vaches normandes seront en moyenne issues d'accouplements entre cousins germains en 2024. Le coefficient de parenté de ces derniers sera alors de 6,25 % (voir tableau ci-dessus pour comparaison).

GÉNOMIQUES : LEUR DIFFUSION SE BANALISE

Peut-être la mise en service foisonnante cette année de taureaux génomiques pourra-t-elle diversifier ce catalogue. Les fils de Trifolium (Exelium), Topique (Enistof), Tranquital (Esca) ou encore Tonifiant (Elieu) proposent les coefficients de parenté les plus faibles des génomiques diffusés par catalogue (voir p. 80). Utilisés avec parcimonie, ils contribueront aussi à contrecarrer la fertilité déviante de Nivea et de ses fils. Deux ans après la sortie des tout premiers jeunes reproducteurs, les quatre entreprises de sélection sont désormais entrées de plain-pied dans l'ère génomique. La plus prudente jusque-là, Créavia, lève ses dernières réticences : son nouveau catalogue 2011-2012 en propose cinq. Plus largement, les ES, interrogées cet été par L'Éleveur laitier, totalisent 59 mâles diffusés à partir de septembre sur catalogue. C'est trois fois plus que l'an passé à la même époque (voir p. 80).

LA GÉNÉRATION 2010 EN PERTE DE VITESSE

Les jeunes mâles 2010 évalués sur descendances ont résisté avec difficulté à l'année écoulée. Sept des dix leaders ont chuté de 10 à 15 points d'Isu. Le plus décevant est évidemment le numéro un 2010, Vivrelec. De la quatrième place Isu, il est relégué à la vingt et unième à 142 d'Isu. La sortie de son index fertilité, qui s'est avéré négatif (- 1,3), et la baisse de 0,5 point de l'index longévité ont contribué à le déclasser. « Le choix de la longévité directe plutôt que celle combinée à d'autres critères dans le calcul de l'Isu a sans doute sa part de responsabilité dans l'érosion de leur indexation », analyse Matthieu Chambrial, d'Intersélection. Hormis Visuel, tous voient leur index longévité se détériorer. L'un des plus touchés, Vitriol (- 1,2), a su faire face en proposant une fertilité neutre, contre négative il y a un an, et des taux à la hausse. Sans doute est-ce dû au phénomène de concentration du lait puisque l'index, lui, a chuté de moitié en un an (382 kg aujourd'hui). Même réaction chez Voupigny. Il a mieux géré la situation que son congénère grâce à la stabilité de son lait et une mamelle légèrement en progression.

À noter enfin la bonne tenue de Saintyorre (141 points d'Isu), très utilisé ces deux dernières années. Il dépasse les 1 000 kg grâce à ses 191 kg supplémentaires. Et la progression de sa note mamelle (nouvelle note à 1,3).

DOSSIER RÉALISÉ PAR CLAIRE HUE

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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Herbe

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