
Le Gaec Chevallier-Jacoillot a opté pour du « high-tech », un choix cohérent pour un élevage qui mise beaucoup sur la génétique.
C'EST DANS DU HAUT DE GAMME que le Gaec Chevallier-Jacoillot, élevage de brunes réputé, a investi. D'une capacité de 100 veaux en box collectifs, avec murs de ventilation naturelle Isocell, leur nurserie est opérationnelle depuis mai 2010. La stabulation paillée se compose de deux grandes salles séparées par une cloison : la première réservée aux petits veaux, la seconde au postsevrage. Le bâtiment spacieux (672 m2) et lumineux donne entière satisfaction. « L'ambiance est sèche et les petits veaux sont à la lumière, contrairement à l'ancienne nurserie, se félicitent les associés. Aménagée dans une étable des années cinquante, elle n'était plus adaptée au troupeau passé de 460 000 l en 1996 à 774 000 l produits. Dans ce local humide et trop exigu, on “empilait” les veaux et les maladies respiratoires. »
Le projet a été longuement réfléchi. « Les nurseries visitées il y a sept ou huit ans ne nous avaient pas convaincus. Des bâtiments trop hauts avec trop de volume. Par contre, le concept de mur Isocell importé du Canada nous a séduits. » D'autant plus que le constructeur s'est adapté à leurs demandes : paillage mécanique avec balles carrées de plus de 800 kg et plafond pas trop élevé. La hauteur de 3 m laisse une marge à la pailleuse (2,70 m de haut).
Première nurserie de ce type en France, le bâtiment est très bien isolé grâce à des panneaux sandwich de 40 mm en toiture, pignons et longs-pans avec, en plus, une isolation intérieure par vide d'air au-dessus des petits veaux. Au-dessus de l'aire paillée, des plafonniers blancs alimentent la salle en air tempéré. Celui-ci est réchauffé après avoir circulé dans le faux plafond isolé.
« LES ENTRÉES D'AIR SONT GÉRÉES AUTOMATIQUEMENT »
Installés sur les deux longspans, les murs de ventilation sont constitués de quatre parties qui fonctionnent indépendamment les unes des autres « Les rideaux composés de boudins en plastique se gonflent ou s'ouvrent ou se ferment automatiquement selon les besoins. En cas de panne électrique, des cordelettes évitent que les rideaux ne s'abaissent.C'est une sécurité l'hiver. »
Les entrées d'air sont gérées grâce aux données transmises par la station météo sur le toit (pluie, vitesse et direction du vent) et les sondes de température placées dans le bâtiment. Ces paramètres permettent de gérer les extracteurs d'air en pignon, qui aspirent les odeurs d'ammoniac et les poussières (deux en salle des petits veaux, trois en post-sevrage), ainsi que les plafonniers. « L'hiver, avec - 17°C, la température intérieure n'est pas descendue en dessous de 5°C. L'été, en pleine canicule sans vent, alors que tous les rideaux étaient ouverts, la température intérieure s'est maintenue à 27-28°C (35°C à l'extérieur). »
Le paillage est effectué deux fois par semaine. Pour réduire la poussière et les projections de petits cailloux sur les murs Isocell, les éleveurs baissent un peu, voire entièrement les murs avec leur télécommande.
Ce n'est pas possible l'hiver « Les quelques trous formés par des projections se bouchent avec la poussière. On peut aussi utiliser des petits collants. » L'aménagement de l'aire paillée sur une plate-forme bétonnée constitue un atout pour le curage, effectué une fois par mois environ avec le tracteur et le godet « pélican ». « C'est plus rapide et on ne creuse pas. »
Avoir tous les veaux de moins de 10 mois sous le même toit, alors qu'avant ils étaient dispersés dans trois bâtiments, a simplifié le travail. Un point important ici où chaque associé dispose de trois week-ends sur quatre depuis longtemps. Celui qui est de garde doit traire seul, assurer les soins aux veaux et le paillage des laitières si nécessaire. Le samedi après-midi, une double ration est distribuée pour le week-end. La nouvelle nurserie représente un investissement conséquent. Les éleveurs tablent certes sur une économie de frais vétérinaires. Mais ils s'attendent aussi à une hausse des dépenses en électricité liées surtout au fonctionnement des cinq extracteurs. Dans un élevage qui valorise sa génétique, la nurserie high-tech constitue un pari cohérent. « Nous souhaitions valoriser l'argent investi dans l'achat de doses et la transplantation embryonnaire, explique Christian Chevallier. Acheter cher des doses pour laisser crever les veaux n'était pas satisfaisant. Et puis nous voulions faire un bâtiment qui soit encore là dans trente ans. Nous sommes quatre associés encore jeunes et la relève se prépare. »
ANNE BRÉHIER
Les murs de ventilation sont constitués de boudins en plastique qui se gonflent ou se dégonflent, selon les besoins. Dessous, le mur en béton est isolé de l'extérieur par des panneaux sandwich.
Dans la nurserie, la lumière est réfléchie par les plafonds blancs. Les associés ont voulu un bâtiment clair sans ouverture en faîtage pour éviter les risques d'échauffement sur le dos des veaux, générés habituellement par les rayons du soleil sur les translucides.
Pour les petits veaux et ceux en post-sevrage, la séparation des deux lots se fait seulement avec un double filin. Pas de barrières métalliques.
Au-dessus du Dal, grâce à un détecteur, une veilleuse se met en marche la nuit quand les veaux viennent boire. C'est un vrai plus pour les veaux de 3 ou 4 jours. Dans l'ancien bâtiment, ils attendaient qu'on les y accompagne pendant 8 à 15 jours.
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