LE PARI À TENIR DE LA VARIABILITÉ

Arantilly fournit l'Isu et un zeste de variabilité. Ce père à taureaux est un « ni Diamètre-ni Valabri », contrairement à ses trois fils Hancara, Hibistus et Homère. Heureusement, les deux encombrants ancêtres sont assez éloignés. Les trois jeunes sont plus originaux que la moyenne (p. 64) et ne rougissent pas de leur niveau Isu : entre 144 et 159 points. © GIORGIO SOLDI
Arantilly fournit l'Isu et un zeste de variabilité. Ce père à taureaux est un « ni Diamètre-ni Valabri », contrairement à ses trois fils Hancara, Hibistus et Homère. Heureusement, les deux encombrants ancêtres sont assez éloignés. Les trois jeunes sont plus originaux que la moyenne (p. 64) et ne rougissent pas de leur niveau Isu : entre 144 et 159 points. © GIORGIO SOLDI (©)

La construction des jeunes mâles est un compromis permanent entre le progrès et la variabilité génétiques. La génération 2014 respecte moins ce contrat que l'an passé.

LES INDEXATIONS 2014/1 ET 2014/2 MONTENT TOUJOURS PLUS HAUT LE PROGRÈS GÉNÉTIQUE NORMAND. La première réalise un nouveau record en flirtant avec 180 points d'Isu. Deux familles ont uni leurs efforts pour atteindre ce niveau, celle de Finnois-Uvray (origine Diamètre) et celle d'Upérise (origine Driver). Elles ont donné naissance à Horléans, qui affichait 181 points en 2014/1 et, depuis la mi-août, 178 points. Il est révélateur du dilemme auquel est confrontée la race normande. Il lui est difficile d'ignorer les taureaux les plus vecteurs de progrès... qui sont aussi, la plupart du temps, les plus apparentés à la population femelle. Cette situation est inhérente au travail de sélection. Les familles les plus brillantes sont logiquement les plus exploitées par les schémas de sélection et les plus utilisées par les éleveurs. Les pedigrees mâles et femelles se sont retrouvés ainsi progressivement « contaminés » par ces grandes familles que sont Diamètre, Valabri ou Girophare. Moins utilisée, la souche Driver (voir p. 74) a apporté une bouffée d'oxygène ces dernières années au travers des hauts de gamme Upérise et Ulozon. Ils sont aujourd'hui victimes de leur succès. Cinq ans après leur lancement, ils apparaissent en tant que grand-père maternel du millésime 2014. Outre Horléans, vingt jeunes sont dans cette situation sur les 80 aujourd'hui diffusés sur catalogue ou sur packs « profil », soit un quart. Ceci d'autant plus que les 45 fils d'Ulozon et Upérise, qui sont ou ont été sur le marché à un moment ou un autre, sont tous sous index génomiques. C'est dire que l'intervalle entre génération est court. « À force d'entremêler les différents courants de sang, construire des accouplements peut devenir compliqué », constate Jérôme Bocquet, passionné de généalogie normande et qui, à ce titre, délivre des conseils d'accouplements dans les colonnes de L'Éleveur laitier. Sans doute les origines Entoi (p. 70) et Diamètre (p. 76), qui arrivent en force, mettent-elles en exergue cette année la difficulté à contenir l'apparentement.

« Dans une race nationale qui ne se renouvelle pas par des apports extérieurs, l'augmentation de la parenté est inéluctable, estime Mickaël Brochard, de l'Institut de l'élevage. L'objectif est de ralentir le rythme de sa progression. » Les coefficients de parenté à la population femelle des nouveaux taureaux, que l'Institut de l'élevage met en ligne sur son site internet depuis près d'un an, sont donc un outil précieux (p. 64). C'est d'autant plus vrai qu'ils sont plus précis grâce à un toilettage de leur calcul en octobre 2013. Les femelles dont la généalogie de deux parents n'est connue que sur trois générations et moins sont désormais extraites du calcul.

UN APPARENTEMENT QUI PROGRESSE

Cela a pour conséquence d'augmenter le taux moyen de 0,5 % entre 2013 et 2014 pour atteindre 5,9 %. On se rapproche des 6,25 %, niveau à partir duquel, en moyenne, les parents du veau à naître sont cousins germains. Conscientes de cette évolution, les entreprises de sélection (ES) développent des logiciels d'accouplements intégrant ce paramètre. Origenplus poursuit le programme Activ'ia initié il y a plusieurs années par l'ex-Coopérative d'insémination artificielle de L'Aigle (Orne) et l'Inra. « Dans les élevages, il propose les accouplements les plus variables tout en apportant du progrès génétique. Au niveau du schéma, il gère la variabilité génétique des mères à taureaux », explique Origenplus. De son côté, Evolution vient de lancer son outil d'accompagnement XP Lait, qui fixe un taux de parenté sous les 6,25 % pour chaque accouplement et un pourcentage d'utilisation maximal de 10% à l'échelle de la race.

LES CINQ PREMIERS TAUREAUX LES PLUS UTILISÉS RÉDUITS À 16 % DES IAP

« L'objectif est de stabiliser le taux de parenté des individus autour de 5,5 à 6 % », indique Evolution. La seconde règle n'est pas nouvelle. Les ES l'ont instaurée dès le lancement de la sélection génomique en 2009 et 2010. L'année 2013 traduit véritablement cette politique. Les cinq taureaux les plus utilisés (Atome, Alma, Arnica, Arantilly et Banania) tombent à 16,6 % des IA premières, contre 22 à 26 % les dix précédentes années. Les deux ES estiment que leur offre large de taureaux, permise par la génomie, contribue à introduire de la diversité dans les élevages. Effectivement, les éleveurs pourront puiser dans la palette de géniteurs à leur disposition pour les inséminations de l'automne et l'hiver. On y retrouve les origines Entoi, Foix, Diamètre et Driver décrites dans les pages suivantes. Moins prolifiques, quatre autres familles défendent aussi leurs couleurs. Girophare poursuit sa lancée 2013 via cinq fils d'Alma,et surtout deux de Banania très bien positionnés. Holen Noz est le n° 2 et Ivanhoe le n° 6.

Elixir sort du bois avec deux petits-fils de Manizales (Hegrenne et Heiffel, peu variables) et un petit-fils d'Ucany (Italic, 142 d'Isu).

En 2014/2, le très laitier Saintyorre (Justin-Armenia) confirme Eolonne (ci-après et p. 70), en plus des deux petits-fils Hossegor et Hezus (fils d'Evian et Eranie, ci-contre à 5,7 % de parenté).

SEULS DEUX TAUREAUX SONT CONFIRMÉS SUR DESCENDANCES

Enfin, les branches Cerrejon et Burro, issues de Palmer, mettent sur le marché Helico Isy (Dairy Expo, ci-contre à 5,7 %), Illico (Elément) et Halcol Isy (Esteban, 6,2 %).

« D'un côté, nous avons une abondance de mâles. De l'autre, procréer des taureaux très variables et performants coûte cher, résume Evolution. Faut-il plus l'un que l'autre pour créer le maximum de variabilité ? Nous ne savons pas où placer le curseur pour être à l'optimum. » La volonté politique récemment affichée par Origenplus et Evolution d'amorcer un échange sur leurs schémas de sélection permettra sans doute de répondre plus facilement à cette question. Le projet de l'Institut de l'élevage et de l'Inra de « fournir aux races qui le souhaitent des ingrédients intégrés aux logiciels d'accouplements pour le calcul de la consanguinité du produit à naître » aussi.

Les 80 nouveaux reproducteurs diffusés sur catalogue ou planche sont presque dans leur totalité sous index génomiques. Seuls, Delitannie (152 d'Isu)et Eolonne (155) font exception.

UN MILLÉSIME 2014 AUX QUALITÉS FONCTIONNELLES AFFIRMÉES

Eolonne, un Saintyorre sur Lobby, choisi à l'origine pour son profil aplombs-mamelle-résistance aux cellules et mammites, vient de faire un bond de 414 kg de lait grâce à l'arrivée de 20 filles (p. 70).

Delitannie (Sortain sur Niratum), lui, recule de 9 points. On retient surtout sa note « repro. » à 0,6. Une qualité que l'on trouve peu dans la génération 2014, et encore moins à ce niveau (beaucoup attendent aussi cet index). Un élément que la normande doit travailler dans les prochaines années (page précédente).

Les combinaisons fonctionnelles gagnantes ne sont pas l'apanage de ces deux confirmés. Elles sont la marque de fabrique de la génération 2014. Il faut en remercier Atome, Aubray et Ventfrais chez les Entoi (p. 70), Arnica et Arantilly chez les Foix (p. 72), Finnois chez les Diamètre (p. 76), Upérise et Ulozon chez les Driver (p. 74) et Alma chez les Girophare.

DOSSIER RÉALISÉ PAR CLAIRE HUE

JÉRÔME BOCQUET apporte ses conseils d'accouplements dans les colonnes normandes de ce dossier. Passionné de généalogie, c'est à ce titre qu'il y intervient. Il est aussi référent création génétique à Origenplus.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

Tapez un ou plusieurs mots-clés...