MONTBÉLIARDE : DE QUOI DOPER VIANDE ET TP

PAS DE CRACK POUR DÉTRÔNER URBANISTE accroché à ses 176 d'Isu. Pour autant, le millésime 2010 mérite à nouveau le qualificatif « d'historique » par le nombre et la qualité. Balayée la référence du feu d'artifice de 2004 des Faucon et Gardian. Vingt-deux nouveaux, et non seize, atteignent ou dépassent 140 d'Isu. La race compte aujourd'hui cinquante et un taureaux supérieurs ou égaux à ces 140 d'Isu, contre trente-trois en 2004 et seize en 2001, année d'introduction des index fonctionnels dans l'Isu. 2010, c'est aussi un record pour le nombre de nouveaux au top-niveau. Ils sont sept à plus de 150 d'Isu à entrer dans les catalogues. Historique là aussi.

Dans ce festival, le schéma Jura-Bétail, plus discret depuis deux ans, retrouve des couleurs. Il épingle huit nouveaux à plus de 140 d'Isu, exceptionnel pour un schéma qui ne teste que trente-cinq taureaux par an. Et surtout deux « Jurassiens » font une entrée remarquée dans le top 10 : Valfin JB, un Natif, à la seconde place (162 d'Isu), et Virtuel JB, un Nikos, au neuvième rang (154 d'Isu). De son côté, Umotest en accroche trois dans le top 10 : Vase, un Nikos (162 d'Isu), Unchoix, un Micmac (155 d'Isu) et Véritable, un Masolino (153 d'Isu). Cette nouvelle génération fera du bien pour ramener du TP, de l'aptitude viande et de la largeur de poitrine là où ils commencent à manquer.

À noter parmi les dopeurs de TP : Vasco JB (2,9) et Valfin JB, deux Natif ; Véliko (2,4) et Vimont (0,8), deux Mohair ; Uclair (1,9), Vebresse (1,7) et Véritable (0,8), trois Masolino ; Vase (2,5), un Nikos, et Unchoix (2,2), un Micmac.

BOOSTER LA CONDITION CORPORELLE AVEC LES MOHAIR

Pour booster la condition corporelle et la puissance dans l'avant-main qui font beaucoup de l'originalité de la montbéliarde face à la holstein, Véliko (122/121) et Vercel (112), les deux Mohair attendus, sont bien au rendez-vous, Vase (112/109) et Vantey (111/112), les deux Nikos aussi. Vérité JB s'en tire aussi très bien pour un Nenni (111/99). On trouve même un Masolino, Uclair (110/101), qui laisse un type de montbéliarde bien équilibrée.

Et deux Micmac atypiques du même acabit : Unchoix (99/105) et Valéra (106/97). Tous, bien sûr, n'ont pas un potentiel laitier énorme, à l'instar de Vase (89 kg), Vasco JB (160 kg), Uclair (145 kg). Mais plusieurs affichent un niveau loin d'être ridicule à l'instar de Veliko (525 kg), Vimont (642 kg), Valfin JB (686 kg) et Véritable (796 kg). À noter deux très laitiers neutres sur le TP : Vibrato JB (964 kg/- 0,2), un Oran JB, et Victor (860 kg/- 0,1) un Nenni JB.

Reste à pouvoir les placer dans les plannings d'accouplement. C'est là le bémol de ce millésime d'un niveau génétique jamais atteint, mais où les taureaux variables ne sont pas légion. Et surtout où le risque est grand de se retrouver d'ici quelque temps dans la même nasse que la holstein. Témoin de ce manque de variabilité, la flopée de très bons Micmac (Verglas) et Masolino (Ezozo). Il y a aussi l'omniprésence de Gardian dans les supports maternels. À tel point que six des dix Masolino à plus de 130 d'Isu iront à l'export ou aux oubliettes avec, parmi eux, deux à plus de 140 d'Isu.

Les premiers Natif JB à l'arrivée sont certes issus d'un Faucon, original par sa mère, une Écossais. Mais Faucon, largement utilisé, a aussi eu de nombreux fils en service. On retrouve en outre Ezozo comme support maternel dans trois des quatre Natif. Aussi intéressants soient-ils sur le plan technique, les premiers Nikos arrivés sont d'abord des Verglas et donc issus du sang Martien très largement diffusé. Seuls taureaux apportant une vraie variabilité, les trois Mohair (Electro), et surtout Vercel, né sur une Etrepy et à 125 d'Isu. De la même façon dans les origines plus répandues, il y a une certaine originalité dans Valberg à 124 d'Isu, un Nikos/Limonier. Un peu moins pour Ulebon, un Nucléon (Ezozo)/Embrun, à 137 d'Isu, ou Voiseul, un Merci (Emagny)/Faucon à 129 d'Isu.

NE PAS CÉDER À LA FACILITÉ DE L'ACCOUPLEMENT PASSE-PARTOUT

Encore faudra-t-il oser aller chercher un peu « plus bas » en Isu ces taureaux variables de la nouvelle génération.

Cela vaut pour les anciens (Sir, Socrate JB, Santon JB, Sillon, Saturne, Réconfort, Triscastin, Tourtan JB, Uwara JB, Tilleul JB…), car les alternatives sont là, pour autant que l'on mette un peu de côté le cumul Isu. Pour éviter un taux de consanguinité trop élevé, mieux vaut donc ne pas céder à la facilité de l'accouplement passe-partout. Et préférer les Mohair à Vase pour ramener viande et TP aux Masolino.

Ce travail sur la variabilité, Umotest entend concrètement l'accélérer en infléchissant, dès cette année, la politique de diffusion de ses taureaux génomiques en confirmation (gamme Genumo Profil). Ces derniers réalisent 15 % des IAP de l'union (objectif : 20 %). « Sur les 88 taureaux prévus, 62 % sont issus de pères variables. L'an dernier, ils n'étaient que 25 % », précise Guillaume Fayol, responsable du schéma

Ces taureaux plus variables, panachés dans les huit profils proposés, sont des fils de Piombo, Santon, Saturne, Scoured, Sillon, Sir, Skippy JB, Socrate JB, Soja JB, Tilleul JB, Touladi et Tourtan JB.

De son côté, Jura-Bétail entend mener ce combat sur un autre terrain : faire ressortir des origines mises de côté car pas assez laitières en prenant le risque de tester des fils de taureaux anciens, négatifs en lait. La race a aujourd'hui les supports assez laitiers pour le faire. En la matière, le Jura ne part pas de rien. L'an dernier, il avait sorti Ubab, un Baobab/Ezozo à 4,1 de coefficient de parenté. Mis en testage avec un père à - 200 kg de lait et 82 points d'Isu, Ubab est aujourd'hui à 825 kg et 111 points d'Isu.

De quoi fonder des espoirs sur ses fils en cours de typage génomique. D'autres Ubab sont aussi annoncés dans les trois ans à venir.