
Sans exploser les compteurs laitiers, la génération 2010 est de bonne facture et propose des profils variés. Les efforts de renouvellement des pedigrees entrepris depuis plusieurs années portent leurs fruits. L'empreinte Diamètre s'estompe.
L'AN PASSE, DIX TAUREAUX POLYGENIQUES enregistraient un Isu d'au moins 140 points. Cette année, vingt-neuf sont au rendez- vous dont sept nouveaux reproducteurs sur un total de quatorze polygéniques. Sept géniteurs du millésime 2009 se maintiennent ou se sont hissés à ce niveau. « La sélection normande met l'accélérateur sur le lait depuis plusieurs années. Cela se vérifie dans la sortie 2010/2 », se réjouit Matthieu Chambrial, du schéma de sélection Génétique normande avenir (GNA). Dans le top 15 Isu, huit dépassent la barre des 1 000 kg de lait dont la moitié de la génération 2009 avec, en tête, Upérise (Miglou, 161 d'Isu), le leader, qui explose à 1 475 kg de lait pour un TP de 0,1 g/kg. Même si la génération 2010 n'offre pas un tel palmarès, elle n'a pas à rougir de ses résultats. Vivrelec, le numéro un des nouveaux taureaux avec 153 d'Isu, rivalise à 1 067 kg.
Et surtout ce fils de Niratum affiche un TP de 1,7 g/kg.
Quatre autres se situent entre 600 et 900 kg et, là encore, tous positifs en TP. « Les efforts accomplis pour des animaux plus fonctionnels sont également récompensés », complète Matthieu Chambrial. L'influence de Manizalès et Noyalo, qui ont fourni la moitié des 2010, a été déterminante. Leur haut niveau de mamelle, aplombs, cellules, longévité et fertilité (avec quelques corrections de la voie maternelle pour Noyalo) a laissé son empreinte sur leurs descendants. Pas étonnant donc de retrouver Vomicol (148 d'Isu, fils de Manizalès), numéro un en mamelle (2), et Vitriol (151 d'Isu, fils de Noyalo) sur le podium des cellules (2,4). « La génération 2010 offre une palette de profils aux éleveurs, ajoute Matthieu Chambrial. Ceux recherchant les performances laitières sans renoncer aux capacités bouchères de la normande pourront s'appuyer par exemple sur Vivrelec, à condition de réaliser des accouplements ciblés car il est négatif en mamelle et aplombs. » Les objectifs prioritaires de mamelles solides et de lait pourront être satisfaits par Vitriol (609 kg de lait, 1,1 en mamelle), Voupigny, un deuxième Noyalo (544 kg de lait, 0,9 en mamelle pour 148 d'Isu) ou Vomicol (632 kg de lait) mais dans une moindre mesure, car son stock de doses est actuellement limité. « Les producteurs privilégiant la morphologie trouveront en particulier Virbak Nep, l'unique fils de Néphélion diffusé », poursuit l'animateur de la sélection au GNA. Les notes de format et musculature à 1,2, celle de mamelle à 1 lui permettent d'accéder à 134 d'Isu alors que l'index lait plafonne à 328 kg.
DIX NOUVEAUX EXEMPTS DE L'ORIGINE DIAMÈTRE
L'indexation 2010/2 traduit également la volonté de la race normande d'écarter Diamètre des pedigrees, une entreprise qui a démarré il y a plusieurs années. Le célèbre reproducteur compte 51 180 filles à son actif et c'est le grand-père maternel doté du plus grand nombre de petits-fils testés depuis ces neuf dernières années (252 petits-fils). Parmi les quatorze mis en service, seuls quatre portent sa marque mais au niveau de l'arrière-grand-père maternel. Il s'agit de Virbac (141 d'Isu, fils de Manizalès), Vomicol, Vaetvient (135 d'Isu, fils de Nelpon) et Vivrelec. Si les deux premiers enregistrent les coefficients de parenté femelles les plus élevés parmi les quatorze nouveaux taureaux (voir tableau ci-dessus), Vaetvient s'en sort bien grâce à ses pères et grand-père maternels pas trop utilisés (entre 4 300 et 6 800 filles). « Cela ne signifie pas pour autant que les “non-Diamètre” ont échappé aux autres influences majeures de la race normande », précise Matthieu Chambrial. Certains portent la marque Valabri. Le plus marquant est Virbak Nep qui décroche le coefficient de parenté femelles le plus faible des nouvelles recrues (voir cidessus). Arrière-petit-fils de Valabri, il ne contient ni Diamètre ni surtout Paramètre dans son ascendance. D'autres cumulent Valabri et Élixir qui comptent aujourd'hui 25 360 filles de service (voir p. 64-65). Sont concernés en premier lieu les fils de Madison, Ustensil (142 d'Isu) et Vampineau (134 d'Isu), en second lieu le Manizalès sur Idris Visuel (150 d'Isu) ou de façon plus lointaine le Notebook, Vojico (137 d'Isu). Certains « sans Diamètre » sont d'ailleurs essentiellement impactés par leur grand-père maternel Hollydays (17 400 filles de service) : Valide (133 d'Isu) et Vidocq (121).
« Deux petits-fils d'Hollydays et un de Grivois ont même réussi l'exploit de ne contenir aucune trace de Diamètre et Valabri », complète Jérôme Bocquet, de l'Urcecof. À savoir les Noyalo Voupigny (148 d'Isu) et Vojico (137 d'Isu) pour les premiers, Vitriol (151 d'Isu) pour le dernier. « Ces différentes empreintes sont indéniables mais elles sont diluées dans des pedigrees éclatés qui facilitent les accouplements. Ils traduisent les efforts entrepris depuis plusieurs années par GNA pour les renouveler, en n'hésitant pas à retenir des origines moins performantes et en limitant les fils de testage par père à taureaux », analyse Jean-Christophe Boittin, d'Amélis. De quoi satisfaire les nombreuses filles de Redondo, Rubafix, Royal Holl ou Primate imprégnées de Diamètre.
Il ne faut pas pour autant baisser la garde. Une étude de l'Institut de l'élevage et de l'Inra indique qu'entre 1998 et 2007, l'accroissement de la consanguinité normande par génération est de 1,09 % contre 0,74 % en moyenne pour les races laitières. « Avec seulement 463 000 VL, limiter la consanguinité est un exercice difficile », répond Matthieu Chambrial.
PRIMATE POURSUIT SA DESCENTE
Dans ce but, depuis juin dernier, GNA participe au programme VarGen Amont de l'Inra. « Ce programme permet d'identifier les femelles et les mâles intéressants à long terme pour la race. » L'arrivée des taureaux génomiques accentue cette nécessité.
L'indexation 2010/2 salue par ailleurs la remontée de plusieurs géniteurs : Rotin (123 d'Isu), Ricardo (130), Rubafix (149 d'Isu) ou Royal Holl (144 d'Isu). En revanche, Primate, taureau le plus utilisé ces trois dernières campagnes, poursuit la chute déjà entamée l'an passé et tombe à 121 points d'Isu.
PAGES REALISÉES PAR CLAIRE HUE
- FOIX : LA DESCENDANCE ASSURÉ
- NEGUNDO : LÉGÈRE DÉCEPTION
- FREELANCE : PETIT RENDEMENT
- AUTRES ORIGINES : AFRAN GER EN TÊTE
- MONTBÉLIARDE : DE QUOI DOPER VIANDE ET TP
- VERGLAS : ENCORE UNE FLOPÉE DE MICMAC
- EZOZO : DES MASOLINO/GARDIAN EN VEUX-TU, EN VOILÀ
- ELECTRO : TROIS MOHAIR POUR RAMENER DE LA VIANDE
- NORMANDE : DIAMÈTRE PERD DE SON INFLUENCE
- ÉLIXIR : DES MADISON ET MANIZALÈS CONTRASTÉS
- GÉNOMIQUES : PAS ENCORE EN ROUTINE
- BRUNE : UN PRONTO NUMÉRO UN QUI ALLIE POTENTIEL ET TAUX
- TARINE : UN FEU D'ARTIFICE
- ABONDANCE : LE CULOT GRATIFIÉ
- PIE ROUGE DES PLAINES : VOLESTAR CONFIRME SES ATOUTS
- SIMMENTAL : DU SANG NEUF DANS LES PLANNINGS
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
FCO : le Grand Ouest en première ligne
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou