LES TAUREAUX GÉNOMIQUES S'INSTALLENT DOUCEMENT DANS LE PAYSAGE de la génétique normande, que ce soit au niveau de la sélection que de la diffusion. La prudence reste néanmoins de mise. Le mot d'ordre est de plafonner à 1 ou 2 % l'utilisation de chaque taureau pour, d'une part, contenir le risque d'une accélération de la consanguinité et, d'autre part, limiter le risque de chute d'index d'un individu. « Les pères à taureaux génomiques représentent 30 % des accouplements à destination du schéma de sélection, détaille Matthieu Chambrial, responsable technique à Génétique normande avenir. Ces proportions, recommandées par l'Institut de l'élevage et l'Inra, nous ont conduits à utiliser vingt-six jeunes mâles depuis le lancement de ces accouplements. »
ENTRE SATISFACTION ET DÉCEPTION
Les Normands se félicitent de leur attitude prudente. À la suite de modifications dans le calcul des index et l'intégration de tous les postes de la production, de la conformation et de la fonctionnalité, ils ont assisté à l'effondrement de reproducteurs pour lesquels ils s'étaient enthousiasmés l'an passé. Des huit jeunes à 150 ISS et plus lancés en septembre 2009, six sont passés sous la barre des 135 d'Isu. L'un, Vigilant (Nivéa sur Livarot), a même chuté à 120 d'ISS. Il a perdu 587 kg de lait. Certains ont malgré tout été maintenus dans le catalogue 2010-2011 des entreprises de sélection. Ainsi, Intersélection et Urcecof ont conservé Casto (132 d'ISS), un Redondo sur Néphélion, aux performances laitières (840 kg de lait et des taux positifs) et à la fonctionnalité (aplombs, mamelle, index fonctionnels) toujours intéressants (voir p. 65). De même, le potentiel laitier de Casanova (131 d'ISS) a joué en sa faveur : 767 kg de lait, 0,8 g/kg de TP et - 0,1 g/kg de TB. Et surtout, Urcecof a la satisfaction de constater que Ael Mat, un Nivéa sur Léogran, a progressé en lait pour flirter avec les 1 200 kg (contre 851 kg en 2009/2) et des taux positifs. Satisfaction d'autant plus grande qu'Ael Mat a gagné en fiabilité (CD de 70 %). Il rivalisera prochainement dans l'indexation polygénique avec son demi-frère Vivrelec, numéro un de la génération 2010 (voir p. 60-61). D'ores et déjà, la sélection normande le traite avec moins de prudence en l'utilisant comme père à taureaux à hauteur de 5 % dans ses plans d'accouplements.
DES ENTREPRISES DE SÉLECTION AUX POSITIONS DIFFÉRENTES
Banzaï a également résisté aux bouleversements d'indexations. Le lait est resté stable à 938 kg, tout comme la mamelle (0,8) et les aplombs (1,2). Le Puit sur Néphélion a en fait gagné en taux. Dommage que son format se soit dégradé (0,2). Signe de l'évolution de la sélection, l'un de ses fils vient d'entrer à la station de veaux de Domfront (Orne). Il est le premier veau issu de la sélection génomique accueilli. « Ses qualités nous incitent à le reconduire dans notre catalogue à raison de 3 000 doses sexées », explique Amélis. Les quatre entreprises de sélection adoptent des positions différentes. Plus offensive, Amélis a intégré treize génomiques sur les vingt-deux officiellement mis en service. À l'opposé, Créavia n'en propose pas. L'ES, pour qui la fiabilité des index est son credo, estime qu'ils ne le sont pas encore.
Les nouveaux génomiques sont imprégnés de Redondo, Rubafix et Raisinnoir qui occupent aussi la voie femelle. L'accélération de la sélection rend ce télescopage inévitable.
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