ALINE CABAUSSEL ASSOCIÉE EN GAEC, ELLE PARTAGE SA PASSION AVEC LES JA

« L'élevage a un côté répétitif, mais quand on travaille avec du vivant, chaque jour est différent », souligne Aline, ici avec la vétérinaire. Aller aux cultures me fait aussi du bien, ça me change des vaches ! » ©  A.B.
« L'élevage a un côté répétitif, mais quand on travaille avec du vivant, chaque jour est différent », souligne Aline, ici avec la vétérinaire. Aller aux cultures me fait aussi du bien, ça me change des vaches ! » © A.B. (©)

Associée dans le Gaec familial, Aline Cabaussel s'est installée en 2011 après avoir travaillé à l'extérieur. Elle partage sa passion de l'élevage et de l'agriculture avec les JA.

CHEZ CETTE JEUNE FEMME VOLONTAIRE, l'idée de s'installer n'est pas venue tout de suite. « Fille d'agriculteurs, j'ai toujours été dans le bain, explique la jeune femme de 25 ans. J'aimais accompagner ma famille sur les concours. J'avais le goût des animaux, mais contrairement à mon frère Patrice qui a toujours voulu être éleveur, je ne savais pas vers quelle branche d'activité m'orienter. » Après un Bac S, puis un BTS productions animales au lycée de Resseins (Loire), Aline était plutôt partie pour être technicienne en agriculture. Ne trouvant pas un travail tout de suite, elle a accepté des missions d'intérim, dont l'une au laboratoire de l'institut Mérieux, avant de prendre un poste d'ouvrier agricole dans une exploitation laitière de l'Ain (300 chèvres avec transformation, 50 vaches à l'attache). « Cette expérience a été décisive. Aux côtés d'un couple d'agriculteurs qui m'a fait confiance, j'ai acquis de l'assurance et pris goût au métier d'éleveur. » En mars 2009, quand Guy Cabaussel, son père, a pris la présidence de la coopérative d'insémination Eliacoop et de l'Ucéar(1), Aline l'a remplacé sur l'exploitation familiale. Un an plus tard, elle décidait de s'installer avec ses parents et son frère, associés depuis dix ans.

« JE VOULAIS PRENDRE DES RESPONSABILITÉS, NE PAS RESTER SALARIÉE »

Une démarche que ses parents ont soutenue. « Nous sentions que ce choix correspondait bien à ce qu'Aline voulait faire, explique Guy Cabaussel. C'était sa volonté d'y aller, consciente que s'installer représentait un engagement pour quinze ans. »

L'installation d'Aline a constitué un facteur déterminant pour la reprise d'une exploitation voisine, à Montrottier. Basée alors à Courzieu, à une heure de Lyon, la ferme familiale disposait à l'époque d'une référence de 230 000 l sur 80 ha accidentés et peu intensifiables, à l'exception de 5 ha irrigables dédiés au maïs. Pour compenser le petit quota, 4 ha de cerises étaient cultivés. Malgré la mise de fonds importante, la reprise du site de Montrottier représentait une vraie opportunité. Celui-ci disposait en effet de 450 000 l de quota sur 52 ha, dont 50 ha en location d'un seul tenant. Une retenue collinaire de 40 000 m3 permettait d'irriguer la moitié de la surface. 100 vaches pouvaient être hébergées dans le bâtiment existant : 60 en logettes, 40 en aire paillée. Il y avait sept box pour les taries et les génisses.

Sur l'exploitation agrandie, Aline n'a pas eu à se battre pour trouver sa place. « Je ne suis pas arrivée en plus sur une exploitation déjà construite. » « Venant habiter sur le nouveau site, elle était bien placée pour surveiller et s'occuper du troupeau », note son père.

Dans la salle de traite en épi 2 x 10, c'est elle qui officie le matin avec son frère Patrice, le soir avec sa mère Odile. « En dehors des week-ends de repos (un sur deux) et des huit jours de vacances, je ne loupe aucune traite, souligne la jeune éleveuse. C'est là que je vois les animaux, que je détecte les problèmes éventuels et décide les interventions à faire. Si c'est une simple piqûre, je m'en occupe. Je suis assez autonome. À part pour certaines activités plus physiques telles que le parage, je peux me débrouiller seule. »

« MAÎTRISER LE MATÉRIEL EST ESSENTIEL POUR ÊTRE AUTONOME »

Aline est également très à l'aise pour piloter le télescopique. « J'ai toujours su utiliser un tracteur, mais j'ai appris à manipuler les remorques ces dernières années. La maîtrise du matériel, que l'on n'acquiert pas à l'école, est indispensable pour être autonome. À cet égard, l'année passée dans l'exploitation de l'Ain m'a été précieuse. L'agriculteur a pris le temps de m'apprendre à bien piloter les machines. Je ne faisais que de la pratique, pas de paperasse, ce qui m'arrangeait bien ! »

Alors que ses parents projettent de partir à la retraite l'an prochain, Aline gère le troupeau avec son frère. La première année passée dans l'élevage comme salariée a constitué une période d'adaptation et d'apprentissage du travail en commun avec Patrice. « Nous avons pu vérifier que nous étions en phase sur les objectifs de sélection. Compte tenu de notre production et de la capacité de notre bâtiment, nous avons intérêt à miser sur la meilleure génétique, en nous concentrant sur du potentiel laitier, des vaches faciles à vivre, fonctionnelles (fertilité, longévité, résistance aux mammites) avec de bons aplombs. Nous sommes également convaincus de l'intérêt d'utiliser au maximum les semences sexées et les avancées de la génomique. » Le troupeau, à l'origine 100 % montbéliard, a récupéré des prim'holsteins avec la reprise de la seconde exploitation. « En montbéliardes, nous travaillons en race pure avec des semences sexées à 100 %. Sur les prim'holsteins, nous expérimentons le croisement Procross, le programme associant trois races complémentaires : holstein, pie rouge danoise et montbéliarde. »

Comme l'exploitation a changé de dimension, les priorités ont évolué. « Nous sommes moins sensibles à la morphologie, note Aline. Notre priorité est de faire du lait car l'enjeu économique est plus important, les charges ont augmenté. » Sur les 1 800 € bruts qu'Aline reçoit chaque mois, 800 € servent à rembourser les emprunts liés à l'installation. Avec le reste, il faut payer un loyer, la voiture et financer ses sorties. « C'est le prix à payer sur douze ans », note, philosophe, notre interlocutrice.

« AVEC LE FOOTBALL, JE ME DÉFOULE ET JE ME SORS LES VACHES DE LA TÊTE ! »

Sitôt installée, Aline s'est impliquée chez les JA du Rhône. « Pour partager sa passion avec les personnes de sa génération, souligne l'administratrice du syndicat des Jeunes agriculteurs du Rhône. L'ambiance est conviviale et les échanges enrichissants. Discuter avec des collègues aide à surmonter les difficultés du quotidien. » En tant que représentante des JA, elle est membre de la chambre d'agriculture départementale depuis six mois. « Avec des personnes et des syndicats aux visions différentes telles que la Confédération paysanne et la Coordination rurale, on apprend à argumenter, convaincre et négocier. Discuter avec des gens d'âges différents, qui ont beaucoup à m'apprendre, est également intéressant. » Aline s'implique dans les commissions installation-transmission et élevage. « Ce sont des sujets importants. Dans le Rhône où nous sommes conscients que le nombre d'exploitations va encore diminuer, l'objectif est de deux installations pour trois départs. Gérer la transmission plus en amont est essentiel. Des contrats de générations ont été mis en place. Nous avons de nombreux porteurs de projets très diversifiés.Après avoir mis l'accent sur les circuits courts, nous souhaitons remettre un peu l'élevage au centre des priorités de la chambre. Si on ne produit plus, il n'y aura plus rien à vendre. »

Le football qu'elle pratique depuis quelques années en club lui offre l'occasion de se défouler et de parler d'autre chose que d'agriculture. Mais s'il fallait choisir un week-end entre le football et un concours, pas d'hésitation : les vaches auraient la priorité !

Fin 2014, avec le départ des parents à la retraite, se profile un nouveau défi pour Aline et son frère Patrice. Un projet d'association avec un voisin n'a pas abouti. « Nous avons constaté que nous n'avions pas les mêmes objectifs à long terme. »

« CONCILIER TRAVAIL ET VIE PERSONNELLE »

Après avoir fonctionné en société civile laitière pendant un an, chacun a retrouvé ses marques. Cet échec est vécu aujourd'hui par Aline et son frère comme une expérience positive. Elle leur a permis de conforter leurs objectifs et de mieux connaître le profil de l'associé qu'ils recherchent. « Il sera plus cultures et matériel. »

Pour Aline, le Gaec constitue une structure avantageuse pour se libérer pour les activités extérieures et la vie de famille. C'est un point important pour la jeune femme qui entend bien un jour avoir des enfants. « Concilier travail et vie personnelle est une question d'organisation. » Alors qu'initialement les week-ends ne débutaient que le dimanche matin, ils commencent désormais le samedi à midi. C'est important pour Patrice qui a deux enfants.

À terme, les week-ends commenceront peut-être le vendredi soir...

ANNE BRÉHIER

(1) Ucéar : Union des coopératives agricoles d'élevage Rhône-Alpes

Fille de sa génération, Aline Cabaussel apparaît sur Facebook en photo avec le président de la FNSEA. Son profil nous informe qu'outre l'élevage, elle aime le football et les bringues !

© A.B.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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