AMBIANCE TOUT UN PAYS : DERRIÈRE LA FILIÈRE LAITIÈRE

Les troupeaux laitiers au pâturage font partie du paysage néo-zélandais. On les retrouve même sur les cartes postales.
Les troupeaux laitiers au pâturage font partie du paysage néo-zélandais. On les retrouve même sur les cartes postales. (©)

Les conditions naturelles extrêmement favorables ont fait du lait la première ressource économique de la Nouvelle-Zélande. Mais aujourd'hui, le tourisme monte en puissance.

DE LA MANGROVE DU NORD JUSQU'AUX FJORDS dignes de la Scandinavie, 1 500 km plus au sud, la Nouvelle-Zélande offre une diversité de paysages et de climats exceptionnelle. L'île du Nord est volcanique quand celle du Sud est traversée par une chaîne de montagnes, dont certains sommets dépassent 3 000 m. Une autre caractéristique de ce pays est sa faible densité de population. La ville d'Auckland accueille 1,3 million de personnes. Les trois autres millions se répartissent sur un territoire grand comme un bon tiers de la France, souvent en se regroupant dans de petites villes. La nature dispose donc ici de vastes territoires au relief souvent tourmenté. Un terrain formidable pour le tourisme, mais aussi pour le cinéma(1), en quête d'espaces pouvant sembler vierges.

La multiplicité de ces paysages a aussi permis le développement de l'agriculture dans les zones les plus favorables. D'autant plus que le climat, d'influence océanique, est souvent propice. Subtropical au nord, il subit l'influence de l'Antarctique au sud. Mais entre les deux, la Nouvelle- Zélande offre des températures relativement douces tout au long de l'année, avec une pluviométrie assez abondante et bien répartie dans le temps.

UN BESOIN VITAL D'EXPORTER

La Nouvelle-Zélande est un pays neuf, découvert par des explorateurs il y a seulement cent cinquante ans. L'esprit pionnier est encore bien présent dans les mentalités. Les éleveurs qui ont réussi dans l'île du Nord partent facilement tenter l'aventure dans l'île du Sud, peu peuplée, qui apparaît comme un espace à conquérir. Bien avant les Européens, les Maoris, venus de Polynésie, avaient commencé à s'installer, valorisant la forêt et tirant profit de la chasse et de la pêche. Souvent d'origine britannique, les colons ont trouvé là des conditions leur rappelant leurs pays. Défrichant la forêt primaire, ils ont misé sur l'élevage bovin ou ovin pour se développer. Ici comme chez eux, l'herbe est une richesse alors que seulement une faible part de la surface est suffisamment plane pour permettre les cultures. Même si certaines zones sont riches en minerais, ce n'est pas suffisant pour développer l'industrie.

Isolée au bout du monde, la Nouvelle-Zélande est dépendante des importations pour une bonne partie de ses produits manufacturés. Elle a donc un besoin vital d'exporter. Or, la nature a fait du pays une terre d'élevage et de forêts. La SAU représente 58 % de la surface totale, soit 15,4 millions d'hectares, dont 12 millions pour les pâtures et les cultures. C'est donc du bois, de la viande et du lait que la Nouvelle-Zélande tire l'essentiel de ses ressources. Les céréales sont presque inexistantes. Les moutons et les vaches sont indissociables de l'image du pays, au même titre que le kiwi. La viticulture est aujourd'hui un secteur en plein essor. Le poids économique de cette production vient de dépasser celui de la laine, ce que personne n'aurait pu imaginer il y a une dizaine d'années.

Fonterra, une coopérative laitière qui collecte 92 % du lait néo-zélandais, est la première entreprise du pays. Les produits laitiers représentent le quart du total des exportations. On est frappé de voir à quel point les Néo-Zélandais sont conscients de l'importance de l'élevage laitier pour l'économie de leur pays. Début novembre, les commerçants des boutiques pour touristes de Christchurch n'ignoraient rien de la hausse du prix du lait dans leur pays. Il est vrai qu'en feuilletant les quotidiens nationaux, il est bien rare de ne pas tomber sur un sujet agricole : le lait, Fonterra, ou encore… la qualité de l'eau. Au printemps, alors que la production bat son plein, la presse ne manque pas de signaler le peak day, le jour où la production laitière du pays atteint son maximum. Un événement largement commenté. Ce poids du lait dans l'économie du pays a un impact d'une ampleur difficile à imaginer pour les éleveurs français. Soulignons tout d'abord l'image très positive du métier aux yeux de la population. Les éleveurs bénéficient d'une excellente considération dans la société. Ils représentent 5 % de la population active.

Ensuite, l'État se doit de prendre en considération l'importance stratégique de ce secteur. Certes, il lui a supprimé toutes subventions en 1984. Mais il est là pour jouer de ses relations diplomatiques et faciliter l'accès à des marchés sans droits de douanes. Il a également répondu présent quand il a fallu créer les infrastructures nécessaires au développement de l'export (équipements portuaires, voies ferrées…). La Nouvelle-Zélande a signé un accord de libre-échange avec la Chine et elle est en passe de faire de même avec l'Inde. Les exportateurs savent en profiter. Un tel climat favorise certainement la confiance du secteur laitier dans ses atouts. Fort de ce large soutien, il envisage l'avenir sous des auspices d'autant plus favorables que l'Asie, à sa porte, est un marché en pleine croissance. Cet état d'esprit positif, et presque conquérant, est tangible quand on rencontre des acteurs de la filière laitière. Et le contraste avec l'ambiance française est assez saisissant.

LE TOURISME VIENT CONCURRENCER L'ÉLEVAGE

Malgré tout, l'élevage n'est plus seul pour assurer les entrées de devises. Dans ce pays de carte postale, le tourisme monte en puissance, en s'appuyant sur l'image verte de ses deux îles. La diversité des paysages permet de séduire tous les férus de nature, qu'ils soient attirés par la pêche, le ski, le rafting… Le poids de ce secteur dans l'économie a dépassé celui du lait. Il représente désormais 10 % du PIB (7 % pour l'agriculture, la sylviculture et la pêche) et emploie 10,3 % de la population active. Les revenus du tourisme se sont montés à 27 Md€ en 2007.

Les paysages commencent donc à prendre une autre valeur. Et la presse de s'émouvoir devant les lacs pollués par les effluents d'élevage ou les nuisances olfactives dues aux troupeaux dans certaines zones touristiques. Les algues brunes, révélatrices de la pollution de l'eau, font leur apparition localement dans l'île du Nord, là où la densité des bovins est la plus forte. Le slogan dont abusent les laitiers comme les promoteurs du tourisme pour qualifier un pays clean and green (propre et vert) pourrait voir sa légitimité entachée. Une première entaille dans ce beau contrat moral qui lie la société et ses éleveurs. Il reste encore difficile d'en mesurer la portée.

(1) « Le Seigneur des anneaux » ou encore « Le Monde de Narnia » ont été tournés en Nouvelle-Zélande.

Les montagnes, la mer, les lacs ou les rivières attirent les amoureux de la nature. Des touristes qui commencent à regretter les nuisances dues aux élevages dans certaines régions.

Un peuple voyageur. La ville d'Auckland rassemble 1,3 million d'habitants. Reste un espace grand comme plus d'un tiers de la France pour les trois autres millions de Néo- Zélandais. Mais 85 % de la population sont urbains et 73 % vivent dans l'île du Nord. Les « Kiwis » ont tendance à migrer du Sud vers la ville principale. Il est courant que les jeunes quittent le pays durant au moins un an après leurs études secondaires. Tous ne rentrent pas. L'Australie voisine offre des attraits liés à sa taille et à ses grandes villes. La Nouvelle-Zélande, trop petite pour rivaliser, a et aura des difficultés pour retenir sa main-d'oeuvre qualifiée.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
journée technique sur la tuberculose bovine

La tuberculose bovine fait frémir les éleveurs bas-normands

Maladies
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe

Tapez un ou plusieurs mots-clés...