La fiabilité des index des jeunes taureaux génomiques, inférieure à celle des taureaux confirmés, appelle à diversifier l'origine des doses utilisées en élevage.
COMPTE TENU D'UNE POPULATION DE TAUREAUX DE RÉFÉRENCE INSUFFISANTE pour mettre en place une évaluation génomique propre, la valeur des jeunes taureaux pie rouge est calculée sur une base holstein, à laquelle est appliquée une formule de conversion pour chaque caractère. « C'est possible grâce aux liens génétiques étroits entre les deux races, conséquence d'une forte infusion de sang red holstein, explique Sophie Mattalia, responsable du département génétique de l'Institut de l'élevage. Cela suppose que les QTL* détectés sur le génome holstein soient les mêmes en race pie rouge. À l'heure actuelle, cette formule validée par Interbull représente la meilleure estimation possible. Mais c'est un outil loin d'être parfait qui induit le risque d'une moindre fiabilité par rapport aux taureaux évalués à partir de leur propre population de référence. C'est pourquoi il faut diversifier autant que possible les origines, au risque de dégrader la valeur génétique du troupeau. »
UNE LONGUEUR D'AVANCE SUR LE GÈNE SANS CORNES
À l'avenir, la détection des QTL propre à la race, à travers un programme de sélection assistée par marqueurs (SAM), sera peut-être de nature à affiner les index de ces animaux, par exemple les index de fertilité presque tous négatifs. En l'état actuel des connaissances, sur ce caractère peu héritable, les jeunes reproducteurs très « holsteinisés » dégradent la valeur génétique moyenne de la race. Pour Olivier Catros, conseiller Évolution-France pie rouge, après confirmation, l'Isu de ces taureaux reste dans un intervalle de confiance de 20 points. « 90 % des taureaux restent dans cet intervalle et 10 % vont en sortir en plus ou en moins. Il faut donc éviter de surutiliser un taureau, même s'il répond aux attentes. »
Parmi ces taureaux, on retiendra Hélios P, le seul positif en fertilité, numéro un en Isu, sans cornes et améliorateur sur le TP (2,3), Gairo, le spécialiste du TP, ou encore Geboy pour les taux (TP/TB : 2,6/4,1). Concernant les taureaux confirmés, Cormick se distingue par ses performances laitières (1 026 l) tout en conservant un intérêt sur le TP (1,5). La qualité des taux incite de plus en plus d'éleveurs de holsteins à recourir aux doses pie rouge, d'autant plus que le veau né de cet accouplement est codé holstein (66) par défaut. « En 2012, un tiers des doses a été utilisé sur holsteins, majoritairement sur des retours pour favoriser la fécondité. Les éleveurs de holsteins les utilisent aussi sur leurs vaches les plus extrêmes en lait, pour ramener du TB et du TP. Près de trois quarts des doses d'un taureau confirmé comme Volestar, numéro un en Isu (151) avec 3,2 de TP et 6,4 de TB, ont ainsi été utilisés en croisement. »
Le schéma de sélection met aussi l'accent sur le gène sans cornes, dont un tiers de la gamme est porteur. Les risques de consanguinité appellent à manier ce caractère avec prudence car la souche Lawn Boy P a été très largement diffusée. « Nous recommandons donc d'utiliser ces taureaux sur les femelles cornues pour obtenir 50 % de veaux sans cornes hétérozygotes (P/p). Parallèlement, nous travaillons sur d'autres lignées : Korall P, Lypoll P, Mind P et Remake P. Un taureau comme Gwen P, par exemple, n'a pas de sang Lawn Boy. »
JÉRÔME PEZON
*Locus de caractères quantitatifs : région du génome associée à un caractère quantitatif.
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