UN PASSAGE OBLIGÉ : LIMITER LES FACTEURS DE RISQUE

TOUT ÉLEVEUR QUI SE RESPECTE connaît sur le bout des doigts Le Petit Guide du parfait trayeur. Les recommandations en matière d'hygiène et de technique de traite n'ont pas non plus de secrets pour lui. Pas plus que les normes de ventilation des bâtiments ou de paillage par vache, les dimensions ou la conception des logettes… autant de sujets largement balisés dont la presse professionnelle se fait souvent l'écho. Alors quand une flambée de mammites cliniques ou des dégradations persistantes de numérations cellulaires s'installent, l'éleveur pioche ici ou là une mesure, une astuce, ou remet en place une pratique abandonnée.

Le résultat est rarement au rendez-vous. Mieux vaut réaliser une approche globale des facteurs qui en sont la cause. Cette analyse épidémiologique, réalisée avec une personne extérieure, par exemple son vétérinaire, désigne dans de nombreux cas la bactérie dominante, sa localisation et les modalités de sa transmission.

Ces trois points permettent ensuite de cibler et de hiérarchiser trois ou quatre mesures de préventions efficaces et validées par l'éleveur. Traduisez : que ce dernier mettra en oeuvre. Le succès est à ce prix.

GERMES MAMMAIRES : LA TECHNIQUE ET L'HYGIENE DE TRAITE SUR LA SELLETTE

Face à des germes d'origine mammaire, tout ce qui tourne autour de la traite est prioritaire et doit faire l'objet de toutes les attentions. Il est bon de rappeler qu'il n'y a pas une hygiène de traite passe-partout, mais des pratiques à adapter en fonction des espèces bactériennes cibles présentes sur la peau des trayons (voir encadré). Tout ne se résout pas forcément face à un problème mammaire en changeant sa façon de pré ou post-tremper ou le produit utilisé. Ainsi, une machine à traire même neuve, mais mal réglée peut-être à l'origine du transfert lors de la traite d'un germe mammaire ou environnemental, type colibacille. Cela à cause d'une perturbation du vide au niveau du trayon (phénomène d'impact). Dans ce cas de figure, une visite de type Certitraite pour vérifier le bon fonctionnement de l'installation est précieuse. L'hygiène des mains du trayeur, qui peuvent véhiculer des germes, est aussi fondamentale. D'où l'intérêt des gants de traite.

GERMES ENVIRONNEMENTAUX : TROUVER LA FAILLE DANS SON BATIMENT

Si l'analyse épidémiologique met plutôt le doigt sur des germes d'origine environnemental, le problème à résoudre se trouve dans le bâtiment. Et la réponse dans sa conception, son entretien ou son utilisation. Un bâtiment peut être bien conçu mais mal entretenu : absence ou insuffisance de raclage, balles rondes stockées le long des bardages ajourés limitant la ventilation sont autant de sources de problèmes. Il peut aussi être mal utilisé. Ainsi, l'addition d'abreuvoirs ou de râteliers à foin sur une aire paillée peut réduire considérablement le couchage favorisant les infections mammaires. Le calcul de la surface de couchage réellement disponible révèle parfois de gros écarts par rapport à celle prévue sur plan. Le stockage de la paille et sa qualité sont également fondamentaux dans la maîtrise de l'hygiène. La grille de notation prenant en considération la propreté des cuisses et des pis est une bonne façon d'objectiver ce point.