LES GÉNOMIQUES : CINQ REDON DÉJÀ DANS LE CIRCUIT

LE CHOIX ET LA DIFFUSION HOMOGÈNE d'un grand nombre de taureaux génomiques répondent à un triple objectif : diminuer les risques de déception sur le niveau génétique moyen de la descendance, augmenter la probabilité d'obtenir un animal d'exception et lutter contre l'augmentation de la consanguinité due au raccourcissement de l'intervalle de génération. C'est pleinement dans cet esprit que les deux unités de sélection montbéliarde, sous la houlette de l'OS, diffuseront leurs jeunes taureaux « samés », nouvelle source du progrès génétique.

GENUMO PROFIL ET JB TESTAGE

Le gros des troupes génomiques (80 taureaux à Umotest, 15 à Jura-Bétail) continuera de suivre un cursus assez proche des ex-taureaux de testage… à la différence essentielle qu'ils disposeront d'une évaluation Sam (connue de leur seule entreprise de sélection) et pas seulement d'un index sur ascendance. Ces taureaux seront diffusés de façon limitée et logiquement aléatoire dans l'objectif de les évaluer sur descendance. Ce n'est qu'ensuite, dotés d'index plus précis et stables, que les plus intéressants seront diffusés de façon large et inscrits dans les catalogues avec tous leurs index.

Chez Umotest, la diffusion de ces jeunes taureaux (réglementairement limitée à 3 000 doses) aura comme objectif premier de réaliser au moins 1 500 IA/taureau pour procréer 200 filles. Et ainsi d'atteindre un CD d'au moins 90 sur un taureau qui n'aura que cinq ans. Dans le processus actuel, seuls les taureaux de neuf à dix ans atteignent ce degré de fiabilité. Umotest proposera ses géniteurs « samés » candidats à l'évaluation, sous la bannière Genumo Profil. Les éleveurs n'y choisiront pas un taureau mais l'un des sept profils proposés (lait, TP, cellules, fertilité, corps, mamelle, aplombs) en fonction de leur objectif d'accouplement. C'est l'inséminateur qui choisira le taureau parmi la trentaine qui tournera par an dans chaque profil. Si besoin, il pourra proposer d'affiner l'accouplement sur deux autres points forts du géniteur. Les taureaux se retrouvent en effet dans plusieurs profils de manière à diversifier les supports d'utilisation et éviter les biais d'évaluation.

Détail d'importance : l'éleveur ne sera pas obligé d'acheter un pack de plusieurs doses, mais paiera celles utilisées. À noter aussi que pour chacun des profils, Umotest s'engage sur des niveaux moyen et minimum (exemple du profil lait à + 956 kg avec un minimum de + 700 kg), les 80 taureaux Genumo Profil affichant une moyenne supérieure à 140 d'Isu, + 700 kg en lait et 30 d'Inel avec, individuellement, au moins 120 d'Isu, + 300 kg en lait et 100 en mamelle. « Ces quatre-vingts taureaux sont issus de dix-sept pères différents, parmi lesquels 20 à 30 % de taureaux originaux », note Guillaume Fayolle, responsable du schéma Umotest. Parmi eux, des Piombo, Riparien, Soja JB, Socrate, Sillon… « Grâce à la nouvelle offre Genumo Profil, notre ambition est de doubler l'utilisation de semences de jeunes taureaux et ainsi d'augmenter le progrès génétique racial », ajoute David Dupassieux, directeur adjoint d'Umotest.

Stratégie très différente dans le Jura pour la quinzaine de jeunes « samés » dans le même processus de confirmation. Ils continueront d'être diffusés comme les actuels taureaux de testage. C'est-à-dire avec mille doses maximum par géniteur et un minimum de 400 IA pour avoir soixante-dix à quatre-vingt filles contrôlées et atteindre, comme aujourd'hui, un premier CD d'au moins 70. Ce choix du Jura tient à sa volonté de continuer à mettre dans le circuit autant de géniteurs que la trentaine qu'il testait jusqu'alors… Un plus pour la taille de la population de référence, point clé de la réussite de la Sam. Cela sera effectivement le cas en comptant la quinzaine de taureaux « samés » que le Jura entend inscrire à terme dans son catalogue.

QUINZE TAUREAUX EN DIFFUSION LIBRE AUJOURD'HUI

Cette deuxième catégorie de taureaux génomiques dits en « diffusion libre » ne compte aujourd'hui que dix individus à Jura-Bétail. S'y ajoutent les cinq d'Umotest. L'excellence des résultats du millésime 2009 des taureaux évalués sur descendance explique cette offre, pour le moment limitée, de l'Union montbéliarde de testage. Il est vrai aussi qu'Umotest mise beaucoup plus sur l'utilisation de ses Genumo Profil.

Ces géniteurs, dont la diffusion sera volontairement limitée à dix mille doses, disposent de dix-neuf critères indexés par Sam et connus de tous (diffusion dans les catalogues et les sites internet comme celui de l'OS). À l'automne prochain, s'y ajouteront une dizaine de nouveaux postes : la facilité de naissance et de vêlage, la vitalité des veaux, la longévité, la taille, les trayons, le support et la hauteur d'attache arrière. Mais aussi, point déterminant pour que la montbéliarde conserve sa condition corporelle, l'aptitude bouchère. Ces jeunes taureaux en diffusion libre sont choisis dans l'élite et parmi les pedigrees les plus récents ou originaux. Umotest les a baptisés Genumo Privilège et Jura-Bétail JB Junior.

On y trouve notamment les cinq premiers Redon construits sur des Micmac (Coconuts, Dax JB), Lécuyer (Crocket), lait Masolino (Crumble JB) ou, plus original, Larseau (Chevern JB). Parmi eux, Coconuts (170 d'Isu), Crocket (154 d'Isu) et Dax JB (148 d'Isu) s'y distinguent par un potentiel lait affirmé (+ 959 kg/+ 747 kg/ + 701 kg) qui manquait un peu à leur père (+ 367 kg). C'est aussi l'une des raisons d'être de Bogoro JB, à 154 d'Isu et + 902 kg. Le niveau laitier n'était pas l'atout principal de son père, Natif JB (+ 337 kg). Autre intérêt de ce Natif, le retour de la lignée Faucon dans les possibilités d'accouplement. À noter aussi les trois Skippy JB, un Goncourt qui avait eu peu d'impact compte tenu de son stock de semences. Autre originalité : Dali JB, un Polichinel (Genova/Faucon).