Les ministres et les députés européens, qui ont entériné le paquet lait et, avec lui, la fin de toute intervention dans la régulation de la production, ont une lourde responsabilité. Elle annonce une concentration du lait standard, là où les coûts de production, de collecte et de transformation sont les plus faibles. On commence à le toucher du doigt avec ces laits flottants qui fleurissent ici et là, alors qu'ailleurs, en bons chefs d'entreprises, certains ne pensent qu'à se développer pour faire face à la concurrence.
Une étude de l'Agrosup Dijon-Inra (lire p. 15), commandée par Bruno Le Maire mais ignorée à sa sortie il y a un an, prédisait tout cela. « Outre l'accélération de la concentration de la production et de spécialisation des régions, la fin des quotas va, en libérant les forces d'une concurrence frontale entre les Etats membres, ouvrir une phase de “guerre des régions” avec des conséquences politiques sur la cohésion de l'UE. » On y apprend que les études qui ont servi de base à cette décision reposent sur la théorie d'un univers de concurrence parfaite, qui n'existe pas dans la vraie vie. Plus invraisemblable encore, elles n'intègrent pas les coûts environnementaux et sociaux de l'extrême volatilité des cours…
Je croyais que l'UE avait été créée pour bannir ces « à Berlin » écrits à la craie sur les wagons qui emmenaient les Poilus au front. C'est à une guerre d'un nouveau type, économique, que les ultralibéraux qui sévissent à Bruxelles vous invitent. Mais rassurez-vous, comme ces vieilles badernes de généraux qui, à Verdun, envoyaient des milliers de jeunes recrues à la mort, ils vivront la bataille derrière leur bureau. Une société où se creuse le fossé entre les élites et le peuple fait le lit des extrêmes. On y est.
Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef
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