Trente-quatre jours d'occupation de la maison du lait et une grève de la faim de trois agriculteurs : la Confédération paysanne a frappé fort pour faire entendre son souhait de siéger à l'interprofession laitière. Un combat qui dure depuis plusieurs années pour ce syndicat dit « minoritaire ».
Médiatiquement, ce fut un succès. Peu de voix se sont élevées pour dénoncer cette action et l'argument d'un défaut de démocratie dans la filière a porté. Même la justice est apparue clémente, retardant plusieurs fois l'ordre d'expulsion. Le résultat final est plus maigre. En guise de sortie de crise, le ministre a convoqué tous les syndicats représentatifs pour leur proposer des « rencontres sur les questions majeures ayant trait à l'économie du lait ». Certains à la Confédération paysanne reconnaissent que cette implication du ministre dans le dialogue entre syndicats est positive, d'autres ne cachent pas leur déception. « Notre entrée dans l'interprofession n'est pas à l'ordre du jour. »
Partager les informations économiques sur la filière
Mais cette participation des minoritaires au Cniel est-elle objectivement envisageable ? De l'avis d'observateurs extérieurs, cela paraît inévitable, d'autant qu'il n'y a plus vraiment d'office du lait où se définit une politique laitière. Et rien ne s'oppose juridiquement à l'entrée des « minoritaires » dans le collège producteurs. La règle de l'unanimité, fondement du fonctionnement interprofessionnel, serait respectée. Il suffirait que la Confédération paysanne et l'OPL se plient au principe de la majorité au niveau de leur collège. À les entendre, cela pourrait être le cas. Mais une fois dans la place, le risque n'est pas nul que l'interprofession devienne alors une tribune où s'expriment les différences politiques, bloquant ainsi son fonctionnement. Évidemment, FNSEA/FNPL pointent cela dans leur refus d'ouvrir les portes. « L'outil interprofessionnel est un lieu de construction où se mènent des actions économiques, pas un lieu d'empoignades entre syndicats », exprime Henri Brichart qui, par ailleurs, propose depuis plusieurs mois un dialogue en amont de l'interprofession aux autres syndicats.
Une manière subtile d'afficher une ouverture sans fâcher la maison mère, où Jean-Michel Lemétayer a toujours refusé l'entrée des minoritaires.
Cette fermeté qui se traduit, dans les faits, par un refus de partager des informations sur la filière, n'a-t-elle pas eu pour conséquence l'apparition de l'Apli ? La question mérite d'être posée. Plusieurs observateurs remarquent que les tensions et les divisions qui existent aujourd'hui entre les producteurs sont le résultat d'une méconnaissance de l'économie laitière et d'un défaut de pédagogie de la part de ceux qui détiennent les informations. D'ailleurs, les syndicats minoritaires surévaluent le rôle du Cniel dans la formation du prix du lait, imaginant même tous les complots et toutes les connivences possibles. L'interprofession nationale, c'est d'abord la gestion collective de la qualité et de la promotion des produits laitiers mais aussi le lieu où s'établissent les indicateurs économiques.
Dans un souci de transparence, pourquoi alors ne pas y associer tous les représentants des producteurs ?
DOMINIQUE GRÉMY
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