Les coopératives sont arrivées au dernier conseil lait de France Agri Mer mi-octobre avec la volonté de défendre deux évolutions dans la gestion des volumes sur la campagne. Tout d'abord, relever le taux d'allocations provisoires maximal jusqu'à 10 % (contre 5 % actuellement). Le ministère proposait de monter à 7 %. D'autre part, les coopératives continuent à faire le forcing pour obtenir une certaine mutualisation des sous-réalisations. « On a proposé que les laiteries qui le souhaitent puissent proposer des allocations provisoires à 5 % pour tous leurs livreurs, quelle que soit la situation de leur propre collecte par rapport aux quotas. En cas de dépassements individuels en fin de campagne, ces excédents ne seraient pas pénalisés, dans la mesure où la France ne réaliserait pas son quota », précise Gilbert Keromnès, vice-président de la FNCL. Ces deux propositions ont été refusées par le conseil. La balle est aujourd'hui dans le camp du ministre puisqu'au final, la décision lui appartient. Aucune date n'est avancée.
La FNCL justifie ses demandes en argumentant sur le fait que ces volumes supplémentaires (payés très probablement au prix du beurre-poudre) aideraient les éleveurs à améliorer leur revenu, alors que les cours des produits industriels restent fermes. À ses yeux, « on ne saurait craindre une explosion de la production en fin de campagne, comme en 2008. La collecte française n'a pas un tel retard cette année. Permettre aux laiteries et aux éleveurs d'augmenter leur production dans la limite du quota national ne présente pas le risque de déséquilibrer les marchés ».
Prudence de la FNPL
Ces arguments n'ont visiblement pas convaincu la FNPL qui n'a pas suivi. Certes, la conjoncture est favorable sur le front des produits industriels, mais la fédération se veut prudente. D'une part parce que l'on a vu, il n'y a pas si longtemps, qu'un retournement de tendance est toujours possible. D'autant que l'on assiste ces derniers mois à une forte remontée de la collecte. « Qu'en sera-t-il si elle reste à + 10 % pendant plusieurs mois ? », interroge Henri Brichart, son président. D'où, d'ailleurs, la prudence des industriels privés sur ce sujet. Difficile en outre pour la FNPL d'ignorer ces producteurs dont la pérennité de la collecte est menacée. Après ceux de l'URCVL en Rhône-Alpes, du GIE Sud lait dans le sud-ouest, d'autres entrent en zone de fortes turbulences. Ceux du Tarn et de l'Aveyron lâchés par Leche Pascual. Mais aussi ces livreurs normands de la Société nouvelle Di Benedetto, reprise en main il y a quelques années par deux GIE de collecte, dont le dépôt de bilan vient d'être confirmé (p. 14). Autre élément d'explication d'Henri Brichart. « La FNPL ne peut pas se satisfaire du schéma “des volumes plutôt que des prix” dans lequel certains veulent mettre le doigt (NDLR : le futur groupe Glac-Eurial). C'est une stratégie risquée, notamment dans les zones de polyculture-élevage qui, si le prix baisse trop, va accélérer leur restructuration. ». Pour autant, le président de la FNPL reste ouvert pour débattre, mais seulement en décembre, d'une éventuelle mutualisation par remboursement de pénalités en fin de campagne. Une autre façon de permettre à certains de produire plus que leur 5 %.
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