Un vrai clivage entre les privés et les coopératives

Les coops de l'ouest font pression pour que les sous-réalisations de certaines régions soient produites par d'autres.© THIERRY PASQUET
Les coops de l'ouest font pression pour que les sous-réalisations de certaines régions soient produites par d'autres.© THIERRY PASQUET (©)

Plus souples sur les volumes, les coopératives tendent vers les prix différenciés. Le taux d'allocations provisoires mais aussi l'idée d'une mutualisation des sous-réalisations restent en débat.

L'arrêté de campagne signé en juillet a fixé le taux d'allocations provisoires entre 0 et 5 %, sachant que cette décision n'est pas définitive. Deux mois plus tard, on commence à connaître les décisions des entreprises et on distingue des différences stratégiques entre les coopératives et les privés.

Pour les premières, les taux retenus se situent plutôt dans la fourchette haute (3 à 4 % chez Laïta, 5 % chez Eurial et Glac). On attend encore la position de Sodiaal, qui concernera aussi Entremont-Alliance. Les privés restent prudents et annoncent des taux plutôt bas : 1,5 % pour Lactalis, 2 % pour CLE-Bongrain. Avec un prix du lait au beau fixe jusqu'à la fin de l'année, ils ont aussi conscience qu'un certain nombre de producteurs sont prêts à appuyer sur l'accélérateur. Et visiblement, ils ne souhaitent pas ramasser plus de lait après avoir intégré dans leurs calculs la hausse européenne de quota de 2 %.

Lactalis a enregistré une hausse de collecte de 4,5 % en août, Bongrain est à 12 % en septembre sur l'Ouest (comparaison ne tenant pas compte des semaines de grève).

Mais en contrepartie de cette ouverture sur les volumes, les coopératives avancent l'idée de payer les litrages supplémentaires au prix beurre-poudre. Laïta a déjà pris la décision de l'appliquer, Eurial tranchera à la mi-octobre. « Nous voulons donner à nos adhérents les moyens de produire plus s'ils le souhaitent. Mais ce lait sera destiné au marché des produits industriels et devrait donc être payé en fonction de la valorisation obtenue », précise Gilbert Kéromnès, vice-président de la FNCL. Les coopératives affirment que contrairement aux industriels privés, elles s'approvisionnent exclusivement chez leurs adhérents et ne profitent donc pas des éventuels prix bas sur le marché Spot ou chez nos voisins. Les modalités de calcul du prix seront finalisées en fin de campagne. Lactalis s'oppose au principe de prix différenciés, tandis que Danone l'a repris dans ses contrats signés pour la campagne avec ses groupements de producteurs. Bongrain est ouvert à la discussion sur ce sujet au sein du Cniel. Mais dans l'ensemble, les privés craignent que les volumes payés au prix beurre-poudre contaminent à la baisse les marchés des PGC.

Des décisions sont attendues en octobre

Le débat sur la gestion des volumes pour cette campagne ne s'arrête pas là. Car, malgré la reprise de la collecte, la France s'achemine vers une sous-réalisation. Dans les zones les plus concernées (Poitou-Charentes, Est), les coopératives demandent que le taux d'allocations provisoires soit porté à 10 %. Celles de l'Ouest poussent plutôt vers une mutualisation des sous- réalisations entre régions. La FNPL n'est pas opposée à la discussion tandis que les syndicats minoritaires freinent. Les privés restent favorables au maintien d'un taux d'allocations provisoire plafonné à 5 %.

FranceAgriMer a abordé ces questions le 28 septembre. Le débat pourrait être tranché mi-octobre. En effet, les partenaires se retrouvent sur la nécessité de donner rapidement des signes clairs aux producteurs.

CLAIRE HUE ET PASCALE LE CANN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,23 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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